Les soldats de la Milice la poursuivaient. Myosotis courrait dans les rues d'Ascian, cherchant vainement à leur échapper. Ses pas résonnaient sur le pavé de la route. Haletante, elle se cacha dans une ruelle et se dissimula derrière un mur. Elle poussa un soupir de soulagement.
Soudain, une main la saisit par-derrière. Elle tressaillit et poussa un cri. Il s'agissait de Carter. Tout son escadron était réuni devant elle.
‒ Comment as-tu pu me faire ça, Myo ? lui cracha celui qui était anciennement son sergent. Tu vas payer ta trahison de ta vie !
Il pointa son arme sur le torse de la jeune femme.
‒ Non, Carter, je...
Elle entendit soudainement une détonation. Elle posa sa main sur sa poitrine, tachant d'endiguer le flot de sang. Une douleur terrible courrait dans ses veines, lui rongeait tout le corps. Elle peinait à respirer.
‒ Elle est encore en vie, déclara encore le sergent. A mon signalement, tirez !
Venatrix, Kit et Nero levèrent leurs fusils dans sa direction.
‒ Maintenant !
Des balles la transpercèrent de toute part. Elle sentit chacune d'elles s'enfoncer dans sa peau, et hurla.
‒ Myo, Myo, réveille-toi !
La jeune femme ouvrit les yeux et, encore un peu endormie, persuadée quelle était en danger, elle bondit et cloua son assaillant au sol, avant de se rendre compte que c'était Loxias. Il avait tenté de la réveiller de son cauchemar, et elle était à califourchon sur lui, sa main enserrant son cou.
Éclaircissant sa voix, elle sécarta brusquement, rougissante. Un bijou doré jaillit de sa tunique.
Loxias avança sa main et caressa la fine chaîne. Sans crier gare, elle lui arracha le bijou de la main et le cacha sous ses vêtements.
‒ Tout va bien, chuchota-t-il sans se formaliser de sa brusquerie. Tu n'es pas en danger.
Elle sourit et fit courir ses mains le long de sa chemise. Elle s'attarda sur la peau douce à l'endroit où elle l'avait blessé lors du bal, puis remonta plus haut, vers sa gorge. Loxias la regardait avec intensité. Elle caressa doucement une vieille cicatrice le long de sa clavicule.
‒ Tu te souviens de ça ? murmura-t-il.
‒ Bien sûr, comment pourrais-je l'oublier, répondit Myosotis. C'est le jour où nous nous sommes rencontrés.
‒ C'est pas bientôt fini, ce cirque ? grogna Silena en se retournant sur sa couche. Y'en a qui essayent de dormir ! Prenez-vous une chambre !
Myosotis éclata de rire et tira Loxias hors du grenier.
‒ Sortons un peu, je n'arriverais à pas à me rendormir de toute façon, dit-elle.
Ils se couvrirent de capes et se harnachèrent à leurs overboards, avant de se faufiler dans le manteau noir de la nuit déchiré par la lumière de quelques lampadaires. Le voleur tourna la tête vers on amie. Ses cheveux bruns volaient autour de son visage, entourant son visage comme un halo d'obscurité. Il la vit fermer les yeux un instant, savourant ce moment de calme.
Volant entre les bâtiments, ils arrivèrent devant un petit parc sur la plateforme du Niveau 9. A cette heure, il était désert. Ils mirent pied à terre et marchèrent un moment, avant de sasseoir sur un banc.
La Lune se mirait dans une petite mare artificielle. Les étoiles brillaient d'un éclat lointain et insaisissable, comme les diamants de ce monde. Les feuilles de arbres dansaient avec la brise. Devant eux, les immeubles tout illuminés de la capitale les dominaient par leur taille, colosses silencieux.
‒ La Lune est belle ce soir, chuchota Myosotis.
‒ Je pourrais mourir heureux, fit Loxias.
Il cueillit une fleur violette et la glissa dans ses cheveux. Elle lui sourit.
Machinalement, le voleur lui prit la main. Il baissa la tête et contempla leurs doigts entrelacés. La peau de la jeune femme était d'une teinte plus foncée que la sienne.
‒ Tu es belle, souffla-t-il. Je suis comblé d'être avec toi en ce moment-là.
Elle rit doucement.
‒ Tu es mignon quand tu ne veux pas dire les choses à haute voix. Vas-y, dis-moi que tu m'aimes.
‒ Je t'aime.
‒ Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? s'étonna-t-elle.
‒ Je t'aime ! sécria-t-il. Je t'aime tellement que ça me fait mal des fois !
Son sourire s'effaça. On entendait seulement le chant des grillons. Le bruissement des feuilles. Le clapotis de l'étang.
Leurs regards se croisèrent, s'entremêlèrent. Et ce fut comme sils ne sétaient jamais quittés. Loxias sentait une chaleur lui brûler le corps et l'esprit, et il avait la certitude que Myosotis partageait cette sensation.
Il approcha son visage du sien, et posa ses lèvres sur les siennes. Elles étaient douces et chaudes.
Et ce fut comme si le temps s'était arrêté, comme si la Lune avait cessé de courir après le soleil, comme si les vagues s'étaient figées, comme si les aiguilles des montres et des horloges s'étaient brusquement stoppées. C'était l'éternité dans l'espace d'un instant.
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Le brasier des étoiles [EN RÉÉCRITURE]
Science FictionAn 2263. Myosotis est une capitaine de la milice de Neo Paris. Loxias est un voleur d'Ascian, la basse-ville. Dans cette capitale rongée par le crime, l'Arcanum est une substance qui offre des pouvoirs prodigieux moyannant une terrible contrepartie...