The Reaper ~ Tome 1

Chapitre 23 - Une cible dans le dos

Ariana

J'ai l'impression de me réveiller après avoir fait une chute d'un immeuble. Les yeux clos, j'émerge petit à petit d'un long sommeil dont je n'ai pas voulu. Je vois une lumière blanche à travers mes paupières, mais la douleur qui tape dans mon crâne de plein fouet m'empêche de les ouvrir. Je bouge un bras pour porter ma main à mon front et je grimace de douleur. Qu'a-t-il bien pu m'arriver pour avoir cette impression qu'un camion m'ait roulée dessus.

Lucas ! La réalité me frappe comme un coup de coude dans l'estomac, d'ailleurs ce dernier se retourne face aux images qui se bousculent dans ma tête. Des poings qui s'abattent sur mon corps, ma nudité, du sang, les paroles crues de mon agresseur...

Prise de nausées, j'ouvre brusquement les yeux et me redresse sur mon lit. Ce n'est pas mon lit. En observant la pièce où je me trouve, je prends conscience que je suis dans une chambre d'hôpital.

Une main se pose sur mon avant-bras.

- Ne faites pas de mouvements brusques Mademoiselle Lopaz, me dit une petite voix.

Levant les yeux sur la personne qui se trouve à côté de moi, une infirmière prend mes paramètres.

- Vous êtes tirée d'affaire, me dit la dame. Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé ?

Je hoche la tête, évidemment que je m'en souviens. J'aimerais pouvoir oublier ce passage de ma vie, mais je sais que ce sera impossible. Je vais devoir consulter à nouveau. Pourtant, je ne ressens rien, aucune émotion. Juste une petite douleur. Je pensais que je souffrirais plus que ce soit physiquement ou psychologiquement. Et comme si l'infirmière pouvait lire dans mes pensées :

- Vous êtes sous morphine, j'ai diminué le dosage il y a dix minutes. Les effets vont se dissiper d'ici une petite heure.

Je hoche encore la tête. En réalité, je n'arrive pas à parler, ou plutôt parler après mon viol, ce serait le rendre réel. Je ne veux pas que ce soit le cas. Je veux oublier chaque seconde depuis que j'ai rencontré mon agresseur. Chaque moment passé avec lui.

- Je vais appeler le médecin, me dit-elle en quittant la pièce.

Je m'allonge en passant ma main sur mon front.

Comment suis-je arrivée ici ? Je me souviens que j'étais dans le lit de mon agresseur et Fabio est apparu. Avec...

- Gabriel ? dis-je en voyant le ténébreux entrer dans la pièce.

Il s'avance rapidement vers le lit.

- Faucheuse, tu emménages avec moi.

Je hoquette de surprise, la température de mon corps chute d'une dizaine de degrés. Gabriel vient de me donner une douche froide avec ces simples mots.

- Pardon ? dis-je. Je crois avoir mal entendu.

- Je t'expliquerai quand le médecin en aura fini avec toi.

Mes yeux rivés vers un point imaginaire contre le mur, le médecin s'approche, mais je n'entends pas ce qu'il me dit. Je suis trop surprise pour écouter quoi que ce soit d'autre que les explications de Gabriel. Emménager avec lui ? Mais qu'est-ce qu'il lui prend. Pour quelle raison me dit-il cela ? Est-ce parce que j'ai été agressée ?

J'ignorais que Gabriel serait avec Fabio quand je l'ai appelé. J'étais perdue et la seule personne à qui j'ai pensé est en Italie avec sa famille. Angelo n'aurait rien pu faire.

En ce qui concerne ma mère, je n'allais pas l'inquiéter. J'aurais déclenché ses angoisses alors qu'elle s'est battue toute sa vie pour les faire disparaître.