Chapitre 40 - La faucheuse ne peut ramener les morts

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Ariana

J'ai souvent entendu dire que lorsqu'on est proche d'une mort soudaine, on voit notre vie défiler devant nos yeux. Ce sont des scientifiques qui ont eu cette idée. Ils ont découvert que les ondes cérébrales de l'homme suivaient le même schéma qu'un rêve ou un souvenir, avant et dans les 30 secondes suivant la mort. Ils croient donc qu'à la mort, les souvenirs sont réactivés dans le cerveau, un dernier « rappel de vie » qui peut survenir dans les derniers instants d'une personne.

Mais qu'en est-il d'une personne qui voit son amour mourir devant elle ? J'ai vu la balle transpercée le corps de Gabriel, je n'ai rien pu y faire. Quand son crâne a percuté le sol, une vie a défilé devant mes yeux. Laquelle ? Ma vie avec Gabriel. Comme si Fabio venait de me retirer la possibilité d'avoir un avenir avec le ténébreux. Je nous ai vu quitter le hangar main dans la main. Je me voyais emménager chez lui, faire l'amour tous les jours, le prendre dans mes bras à tout moment de la journée. J'ai vu un ventre rond et ensuite un enfant avec les yeux aussi bleu que ceux de Gabriel. J'ai vu une vie entière défiler devant mes yeux, pourtant ce n'est pas sur moi qu'on a tiré.

Accroupis à côté de Gabriel, je pose mes mains de part et d'autre de son visage et ma vue se trouble. Les larmes dévalent mes joues pour atterrir sur celles du ténébreux. Je n'arrive pas à articuler le moindre mot. Gabriel glisse son arme entre mes cuisses, mais je ne la prends pas, je suis focalisée sur lui et uniquement lui. Il ferme lentement les yeux, c'est à ce moment-là que la panique me gagne.

- Gabriel reste avec moi. Reste avec moi. Je t'en supplie ouvre les yeux.

Il ne réagit plus. Son corps se détend comme si la vie l'avait quitté.

- Je t'en supplie Gabriel, ne me laisse pas.

Mon corps est pris de spasmes incontrôlables, j'inonde mon visage de larmes incapable de les retenir. Il n'a pas le droit de me laisser, il n'a pas le droit de mourir. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, il me fait mal. Je n'ai plus d'âme, elle a été emportée avec Gabriel.

- Allons Monkey, ressaisis-toi.

Je tourne la tête tandis que ma tante entre dans la pièce. Tout ça, c'est de sa faute. Elle se tient à côté de Fabio, armés tous les deux d'un sourire sur les lèvres.

- Tu ne le connais que depuis quelques mois et je suis sûre qu'il ne t'a rien apportée de bon.

Je dégage mes mains du visage de Gabriel pour pouvoir me lever. Je sens le fusil entre mes cuisses et cesse de bouger.

- Pourquoi tu fais ça Lola ?

- Plus de tatie Lola ?

Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas laisser ma colère exploser. Elle ne croit certainement pas que je vais l'appeler tatie après ce qu'elle m'a fait. Au final, la personne dont je me méfiais le plus, est la personne en laquelle j'aurais dû avoir le plus confiance. Gabriel. Et il n'est plus là.

- Après m'avoir kidnappée et enfermée ici, tu as perdu le droit de te faire appeler tatie. Pourquoi tu fais ça ?

Elle s'avance vers moi d'un pas décidé et précipité. La colère marque son visage et elle paraît plus vieille.

- À cause de ta mère, me dit-elle en s'arrêtant juste devant moi.

Je dois lever la tête et tordre mon cou pour pouvoir la regarder dans les yeux. Et elle peut lire le choc sur mon visage. Je sers les cuisses pour cacher l'arme.

- Ma mère ? Qu'est-ce qu'elle a avoir la dedans ?

Je regarde Fabio, il ne dit rien et observe la scène tel un spectateur. Ce qu'il a toujours été d'ailleurs. Nos regards se croisent et un côté de sa bouche se retrousse dans un sourire diabolique. Je n'aurais jamais cru Fab capable de faire quoi que ce soit de mal. Il m'a toujours paru être si gentil. Il ne faut jamais se fier aux apparences.

The Reaper ~ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant