The Reaper ~ Tome 1

Chapitre 38 - Ma meilleure amie

Angelo

Le lendemain

J'ai l'impression d'avoir une pierre dans l'estomac. Une drôle de sensation depuis hier soir. Je n'ai pas réussi à dormir, le sommeil agité, je n'ai pas cessé de me tourner dans tous les sens, pour finir par m'immobiliser. Je connaissais déjà ma chambre, mais cette nuit, j'ai vu qu'il y avait quelques fissures sur mon plafond et des tâches. En regardant de plus près, j'ai constaté que ce sont des insectes écrasés. Mes pensées partaient dans tous les sens, je paniquais sans savoir pourquoi et encore maintenant. J'ai très peu dormi et je suis resté dans mon lit jusqu'à onze heures. Je dois rejoindre Ariana chez elle pour lui rendre ses clés. Je vais l'emmener manger pour lui changer les idées et il serait temps qu'on se retrouve elle et moi. On a jamais été séparé aussi longtemps. Avant qu'elle ne rencontre ce connard, on se voyait minimum trois fois par semaine et aujourd'hui on est éloigné plus que jamais. Je n'aime pas ça. Apprendre qu'elle est la fille d'un chef de gang a été un choc pour moi, mais je comprends pourquoi elle n'a jamais rien dit. Mais ça fait de son père un des pires enfoirés que cette terre ait connu.

Les yeux fixant un point imaginaire de la cuisine américaine de la maison, je me perds dans mes pensées. Ma mère entre dans la pièce comme un rayon de soleil, tout s'illumine autour de moi. Je soupire, sa présence m'apaise.

- Ça va, Angie ?

- Oui et toi maman ?

- Oui, je sens que cette journée sera meilleure que celle d'y hier.

Mon corps se crispe. La maladie de ma mère n'est pas aussi grave que je pourrais le croire, mais son corps lui fait mal, il n'y a pas un jour où la douleur ne l'envahit pas. Ça me fait toujours le même effet, comme si on me donnait un coup-de-poing dans l'estomac.

Ma mère passe à côté de moi et je l'embrasse sur le front.

- Je vais chez Ariana.

- Tout va bien avec elle ? Demande-t-elle en ouvrant le lave-vaisselle. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps.

- Oui, elle a juste rencontré un homme qui n'est pas bon pour elle.

Ma mère se tourne vers moi en me fusillant du regard.

- Angie, ce n'est pas parce que tu ne lui as jamais dit que tu l'aimais que tous les hommes qui lui tournent autour soient forcément mauvais.

- Maman, je la considère comme ma sœur.

Elle me fixe en arquant les sourcils. Elle ne me croit pas. Mais je ne me crois pas moi-même. Oui, j'aime Ariana et pas comme une petite sœur ou une amie. Je suis amoureux d'elle depuis que j'ai 18 ans. Ça fait 5 ans que cette fille me fait complètement tourner la tête. Si je ne lui ai jamais dit, c'est parce que je n'ai jamais voulu gâcher notre amitié, ou parce que je n'ai jamais eu le courage. Mais elle restera quoi qu'il arrive ma meilleure amie.

Je sonne à la porte de ma voisine depuis toujours. Erétria, la mère d'Ariana, ouvre la porte.

- Angie, entre, me dit-elle en ouvrant grand la porte.

- Elle dort encore, la marmotte ?

En fermant la porte, elle garde la main sur la poignée et reste figée. J'ai l'impression que le temps, c'est arrêté et qu'il n'y a que moi qui suis en mouvement.

- Erétria ?

Elle se tourne et la panique est marquée sur son visage.

- Je pensais qu'elle était avec toi. Elle n'est pas rentrée hier soir.

Cette fois-ci, je pense bien que le temps ne s'écoule plus du tout. Erétria me regarde droit dans les yeux tandis que je suis incapable de respirer. Je comprends pourquoi je n'ai pas su dormir et que j'ai paniqué toute la nuit. Je comprends la sensation d'avoir une pierre dans l'estomac. Mon subconscient essayait de me faire passer un message. Je n'ai pas écouté mon corps. Il me prévenait que ma meilleure amie était en danger, que quelque chose n'allait pas.

Je sors mon portable de ma poche et appelle Aria. Je tombe sur son répondeur.

- MERDE

Erétria éclate en sanglots devant moi et je l'attrape avant que ses genoux ne percutent le sol.

- Où est-elle ? Où est... Mon... Mon bébé ?

Je l'aide à se lever et à se diriger vers le canapé du salon. Elle s'installe et je m'agenouille devant elle.

- Écoute, je vais la retrouver. Garde ton téléphone près de toi si tu as des nouvelles, appelle moi.

Elle me prend la main des siennes tremblantes.

- Retrouve là. Ce n'est pas son genre de ne pas rentrer. Elle me prévient toujours quoi qu'il arrive.

Et c'est vrai. Ariana prévient toujours sa mère ou moi. Elle nous dit toujours où elle se trouve. Et son téléphone ne tombe jamais à plat. Elle fait toujours en sorte d'avoir de la batterie. Si Aria n'est pas dans sa chambre et que son téléphone est éteint, c'est que quelque chose est arrivée. Je sers fort la main de ma voisine ne sachant pas quoi dire.

- Je vais prévenir son père, ajoute-t-elle.

Je hoche la tête, mais la réalité me rattrape. Son père ? Elle ne l'a pas vu depuis des années alors pourquoi elle devrait l'appeler ? Je ne m'attarde pas la dessus devant trouver ma meilleure amie et quitte la maison.

J'ai fouillé toute la ville et il est vingt-deux heures. J'ai été à tous les endroits préférés de ma meilleure amie et elle est introuvable. Je n'arrive toujours pas à l'appeler et sa mère n'a pas de nouvelle. Son père est également à sa recherche. Il a essayé de localiser son téléphone sans succès. Il ne me reste plus qu'un seul endroit où aller voir. Le Blind Eyes, même si on y a été qu'une seule fois ensemble.

Je vais avoir plusieurs amendes, j'ai brûlé plusieurs feux de circulation aujourd'hui, dépassé les limitations de vitesse et j'en passe. Mais je dois trouver Ariana. Je m'arrête devant le bar en me mettant en double file. Je n'ai pas le temps de me garer. Je claque la portière et cours à l'intérieur du bar. Je fouille chaque coin, j'entre même dans les toilettes des femmes, mais elle est nulle part. Au moment d'entrée dans les toilettes pour homme, le connard en sort. Gabriel.

- Elle est avec toi ? Demandai-je en bougeant la tête pour voir au-dessus de son épaule.

- Dégage de là Angelo.

Il me contourne en me poussant d'un coup d'épaule. Je mords l'intérieur de ma joue. Je dois rester calme, ce n'est pas le moment de perdre les pédales.

- GABRIEL ! Je crie en restant dos à lui.

Je sais qu'il s'est arrêté. Il ne supporte pas qu'on le prenne de haut. Je me tourne vivement et viens pratiquement coller mon nez au sien.

- Où est Ariana ? Dis-je entre mes dents.

- Demande à son père.

Et il s'éloigne vers la sortie. Je le suis et quand j'arrive dehors, il a allumé une cigarette.

- Elle est introuvable et son téléphone est éteint. Son père est aussi à sa recherche. Ariana a disparu.