Les Choristes - Partie 1

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Bonjour à tous.tes ! Nous ne nous étions pas vu depuis longtemps, mais sachez que je suis ravie de vous retrouver. Sans préambule, commençons immédiatement, j'ai beaucoup de chose à vous dire sur cette oeuvre, et je sais que votre temps est précieux.

Si vous n'avez pas vu le film, vous avez sans doutes à minima déjà entendu sa bande son incroyable, dont une reprise de vois sur ton chemin en techno récemment (qui, alors que d'habitude je n'aime pas la tech, s'est rapidement hissée en haut de mon top de musique sur laquelle danser à 3 heures du matin en soirée). Et pour cause : ces musiques crées par Bruno Coulais se voulaient intemporelles, et donc sont très peu genrées musicalement parlant.

Le film en lui même est un succès fabuleux à sa sortie : nommé huit fois aux Césars en 2005, il obtient celui de la meilleure musique et celui du meilleur son. Il est aussi nommé deux fois aux Oscars(meilleure musique originale et meilleur film en langue étrangère).

Pourtant, rien ne prédestinait ce film à ce succès hors norme. Premier long métrage de Christophe Barratier, son équipe technique a été changée par deux fois car trop inexpérimentée. Pour vous montrer le caractère anecdotique du tournage de ce film à l'époque, Kan Merad (Chabert dans le film) s'était permis de quitter le set en plein milieu du tournage pour partir en vacances : lui-même l'avouera en interview plus tard, ce rôle était pour lui plus un service rendu à Barratier qu'un rôle important, d'où son comportement désinvolte.

Et pourtant, malgré un budget plus que restreint, des conditions de tournages infernales où il fallait travailler sous la canicule de 2003 et en plus simuler une ambiance hivernale, le bilan est sans appel : le film est un succès. Les critiques sont - presque - unanimes : l'histoire de ce pensionnat aux allures de prison dont le destin se retrouve transformé par l'arrivée d'un nouveau pion qui initie les enfants à la musique a su toucher le cœur des spectateurs.

J'ai vu ce film quand j'étais très jeune, puisqu'il a été littéralement tourné dans les mois qui ont suivi ma naissance. Je l'avais découvert après que notre professeur de chorale en primaire - ouai le privé catholique c'est un autre monde je sais - nous ait appris Vois sur ton chemin en canon. Et cet air n'a jamais quitté mon esprit. En entendant sa reprise, j'ai été prise de nostalgie ; d'une envie irrépressible de me replonger dans ce film qui avait marqué mon enfance.

Et quelle ne fut pas ma surprise en constatant que je ne lisais plus du tout cette œuvre de la même manière aujourd'hui. Ce n'était pas l'histoire des enfants que je voyais, ce n'était pas l'histoire incroyable d'un jeune garçon turbulent sauvé par la musique. C'était l'histoire d'un homme, ce pion, Clément Mathieu, musicien raté et au chômage, sans succès en amour. D'un homme seul au début, qui vit une expérience fabuleuse dans ce pensionnat, puis qui repart, tout aussi seul et démuni à la fin. Soudain, ce fut une évidence : pour moi ce film, c'était le témoignage qu'on pouvait trouver le bonheur ailleurs que dans le travail et l'amour - ce qui n'est pas si évident à concevoir je vous assure - et ce, dans les endroits les plus impossible qu'il soit.

Parlons d'abord du contexte initial, qui est loin d'appeler à la joie. Le pensionnat du fond de l'Etang est un établissement austère, à l'étalonnage froid, tout en pierre, géré d'une main de fer par le directeur Rachin, soutenus dans ses méthodes par l'ensemble du corps enseignant. Les punitions physiques y sont constantes, de même que les cris et les insultes. Les enfants sont méfiants et indisciplinés ; effrayants même d'après les mots même de Clément Mathieu.

Dès les premières scènes, on est plongé l'ambiance pesante et sombre qui imprègne ce lieu. En effet, on introduit tôt dans le film un personnage qui ne sera jamais montré à l'écran : Mouton. Lorsque Clément Mathieu demande en arrivant à l'ancien pion pourquoi il s'en va, celui-ci lui montre une blessure au poignet que lui a infligé ledit Mouton après qu'il lui ait confisqué ses cigarettes. Notre cher personnage principal demandera ensuite naturellement si cet élève est toujours là. On lit alors un sentiment indescriptible dans les prunelles de l'ancien pion, suivit d'un silence pesant, avant que celui se précipite hors de la pièce. Et pour cause : on apprendra plus tard dans le film qu'après cet incident, le jeune homme s'est suicidé en se jetant du haut du toit.

Très rapidement, on comprend alors que ce ne sont pas les élèves qui sont violents. Ce sont les méthodes d'éducation, ces cris constants, ces réprimandes, ces punitions physiques qui les rendent ainsi. Une chose que le corps enseignant semble totalement ignorer, se concentrant sur la difficulté de leur métier.

Mais remettons les choses dans leur contexte : l'histoire se passe en 1948. Ce contexte post guerre mondiale est présent partout dans le film. Au travers du nombre d'enfant orphelin. Au travers des méthodes d'éducation. Au travers de l'omni-présence de la police dans le peu d'espace public que l'on voit dans le film. Au travers même du comportement des élèves.

Au milieu de ce climat de conflit permanent, Clément Mathieu tente maladroitement de trouver sa place. On le voit dès sa première confrontation aux élèves très mal à l'aise, ne sachant que faire de ses mains, faisant presque tomber le registre que lui tend le directeur... Il n'est pas habitué à cette violence et cela se voit tout du long du film. Lorsqu'il tente d'imiter ses collègues en étant "ferme" avec les élèves, on sent qu'il se force, qu'il surjoue ce rôle de professeur intraitable. Et par ailleurs, il finira à plusieurs reprise par céder, couvrant les élèves pour leur éviter des punitions qui lui même l'effraie, imposant petit à petit et sans jamais réellement l'exprimer - sauf à la fin du film - de nouvelles méthodes d'apprentissage.

A un élève qui avait blessé en début de film le père Maxence, le gardien du pensionnat, il l'assigne à son chevet. Tant et si bien que l'enfant finit par regretter son geste et être profondément touché lorsque le père Maxence doit être transféré à l'hôpital. Au travers de ce choix de punition, Clément Mathieu responsabilise ses élèves : oui leurs actions ont des conséquences, autre que la violence.

Son projet éducatif se retrouve parfaitement dans la chorale qu'il met en place : chacun y a sa place, même ceux qui ne savent pas chanter, personne n'est mis à l'écart et tous sont valorisés pour ce qu'ils sont et leur capacité, leurs particularités.

Par son enthousiasme et les changements visibles chez les enfants, Clément Mathieu, pourtant considéré comme un "raté" socialement, finit même par inspirer ses collègues. On remarque par exemple, que si au début du film il est le seul à utiliser des formules de politesse, ses collègues s'y mettent aussi dès la musique introduite dans leur quotidien. Par son empathie et sa passion pour la musique, le personnage principal adoucit les mœurs de tous, même du dur directeur Rachin. Ce dernier a contrario, est son parfait opposé. Il a une femme et deux petites filles, bien qu'elles ne soient montrées que deux fois dans le film.

Rachin est le seul personnage du film a correspondre parfaitement aux attendus de la Société : il est père de famille, a une forme de prestige social conféré notamment par son post de directeur. Bref aux yeux de tous, c'est un homme accomplis, qui est pourtant éternellement insatisfait, en colère, frustré. Clément Mathieu n'a rien de tout ça : c'est un homme célibataire, sans prestige, et qui ne cherche nullement la reconnaissance. Il trouve son bonheur dans la musique et notamment son partage. Et c'est tout, rien de plus, rien de moins, il est un homme simple.

Mais n'est-il réellement que cela ?

Vous vous doutez bien, chers lecteurs, que non. Mais il vous faudra attendre la deuxième partie pour que nous cassions ensemble cette image si reluisante.

En attendant cher lecteur, je te propose si cet article t'a plu, d'aller lire la suite sur la nouvelle édition trouvable sur mon profil ! J'espère vous retrouver nombreux, merci beaucoup de votre attention et pour votre soutient !


I don't wanna write a fucking fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant