→ ᴘᴀʀᴛ ғᴏᴜʀ ﹕ ɪ·ʟʟ ᴅᴏ ʙᴇᴛᴛᴇʀ.

562 31 2
                                    

𝙸'𝚕𝚕 𝚐𝚒𝚟𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢𝚝𝚑𝚒𝚗𝚐 𝙸 𝚑𝚊𝚟𝚎
𝙸'𝚕𝚕 𝚝𝚎𝚊𝚌𝚑 𝚢𝚘𝚞 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢𝚝𝚑𝚒𝚗𝚐 𝙸 𝚔𝚗𝚘𝚠
𝙸 𝚙𝚛𝚘𝚖𝚒𝚜𝚎 𝙸'𝚕𝚕 𝚍𝚘 𝚋𝚎𝚝𝚝𝚎𝚛
𝙸 𝚠𝚒𝚕𝚕 𝚊𝚕𝚠𝚊𝚢𝚜 𝚑𝚘𝚕𝚍 𝚢𝚘𝚞 𝚌𝚕𝚘𝚜𝚎,
𝙱𝚞𝚝 𝙸 𝚠𝚒𝚕𝚕 𝚕𝚎𝚊𝚛𝚗 𝚝𝚘 𝚕𝚎𝚝 𝚢𝚘𝚞 𝚐𝚘
𝙸 𝚙𝚛𝚘𝚖𝚒𝚜𝚎 𝙸'𝚕𝚕 𝚍𝚘 𝚋𝚎𝚝𝚝𝚎𝚛
𝙸 𝚠𝚒𝚕𝚕 𝚜𝚘𝚏𝚝𝚎𝚗 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢 𝚎𝚍𝚐𝚎,
𝙸'𝚕𝚕 𝚑𝚘𝚕𝚍 𝚝𝚑𝚎 𝚠𝚘𝚛𝚕𝚍 𝚝𝚘 𝚒𝚝𝚜 𝚋𝚎𝚜𝚝,
𝙰𝚗𝚍 𝙸'𝚕𝚕 𝚍𝚘 𝚋𝚎𝚝𝚝𝚎𝚛
𝚆𝚒𝚝𝚑 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢 𝚑𝚎𝚊𝚛𝚝𝚋𝚎𝚊𝚝 𝙸 𝚑𝚊𝚟𝚎 𝚕𝚎𝚏𝚝
𝙸 𝚠𝚒𝚕𝚕 𝚍𝚎𝚏𝚎𝚗𝚍 𝚢𝚘𝚞𝚛 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢 𝚋𝚛𝚎𝚊𝚝𝚑,
𝙰𝚗𝚍 𝙸'𝚕𝚕 𝚍𝚘 𝚋𝚎𝚝𝚝𝚎𝚛


🚒🚒🚒

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

🚒🚒🚒


Buck n'alla pas mieux. La vie n'était pas l'un de ces stupides films qu'Eddie aimait regarder, et les choses se gâtèrent davantage – si c'était seulement possible. Il avait cette constante impression d'avoir la poitrine serrée dans un étau, comme s'il se noyait en continu. Cela résultait du traumatisme du tsunami, il en avait conscience. Il savait également que c'était seulement son imagination lui jouant des mauvais tours. Néanmoins, cela n'en rendait pas moins ses nuits faciles. Chaque cauchemar était plus dur et horrible que le précédent, la vague dévastant tout sur son passage et bientôt, ses rêves ne concernèrent plus uniquement Christopher. Il y eut aussi Eddie, Hen, Chimney, Maddie, Bobby, Athena, Karen... Tous les membres de leur famille, en réalité.


L'homme aux boucles dorées posa sa tête contre les barreaux dans son dos, ceux de la rambarde de la mezzanine. Il ferma les yeux, prenant une inspiration douloureuse. Il était vraisemblablement épuisé. Cependant, il lui était impossible de dormir. Chaque fois que son esprit s'éloignait dans les bras de Morphée, il finissait par être rattrapé par la vague ou le procès. Ainsi, peu importe à quel point son corps réclamait un moment de repos, le blond profita d'une journée de congé pour rester éveillé, se fatiguant davantage. Peut-être qu'à force, il serait tellement dans les vapes que son cerveau ne prendrait plus le temps de lui rappeler combien il avait échoué à travers des cauchemars ? C'était tout du moins ce qu'il espérait. Ainsi, peut-être les choses iraient-elles mieux. Rien ne pouvait être pire que la situation actuelle, de toute façon. Ou si, en fait.


Quand une envie pressante se fit ressentir, Buck abandonna le confort de son matelas. Les jambes tremblantes, il marcha jusqu'à la salle de bains pour trouver les toilettes. Le pompier se sentait un peu désorienté et groggy. Tourmenté par la fatigue, sa tête le faisait souffrir chaque fois qu'il effectuait un pas supplémentaire. Le monde tournait autour de lui, mais il y prêtait à peine attention. Pour cause, le bouclé venait de croiser son reflet dans le miroir situé au-dessus du lavabo.


Son reflet lui renvoyait l'image d'un homme brisé par la vie. En fait, il avait l'air complètement foutu. Ses boucles dorées étaient ébouriffées et partaient toutes dans des directions différentes. Sa peau, beaucoup trop pâle pour son propre bien, présentait ici et là des marques rouges, vestiges de larmes passées. Autour de ses yeux, lesdites marques rouges étaient accompagnées de cercles sombres, témoignage physique de la fatigue dont Buck souffrait. Enfin, ses lèvres étaient sèches et gercées. Pendant une seconde, le blond ne se reconnut même pas lui-même. Lors de ses quarts de travail, il avait tellement pris l'habitude de porter un masque, composé d'un air farceur et d'un sourire heureux, qu'une fois de retour à la « maison » – il ne parvenait pas réellement à considérer son appartement triste et dépourvu de bonheur comme un chez-soi –, il lui arrivait d'oublier que tout ça n'était qu'une apparence factice pour tromper les gens qu'il aimait.


― Tu me fais pitié, Evan Buckley, dit-il à l'homme de l'autre côté du miroir.


Oui, il se faisait pitié. C'était comme revoir l'enfant qu'il avait été par le passé, misérable et défectueux, quémandant sans cesse de l'affection qui ne venait jamais. Il faisait partie de ces gens que ses parents qualifiaient de « ratés ». C'était lui. Trop pathétique pour parvenir à garder un œil sur Christopher dans la tempête qu'avait été le tsunami. Trop faible pour l'avoir auprès de lui durant toute la catastrophe. Trop nul pour le récupérer lorsque Chris était tombé à l'eau. Et bon sang, Dieu seul savait ce que le gamin avait pu voir lorsqu'ils s'étaient retrouvés séparés.


Sa vision devint floue, le coin de ses yeux trempé de perles salées. Ses lèvres abîmées, qu'il serrait violemment entre ses dents, se mirent à trembler. Il continua malgré tout de fixer son reflet, pour se rappeler d'à quel point il n'était qu'un gâchis et une déception, laissant tomber ses proches lorsque ceux-ci en avaient vraiment besoin. Après tout, n'avait-il pas également été incapable de protéger sa grande sœur des coups qu'elle recevait de Doug ? Il aurait dû reconnaître les signes de maltraitance. Il aurait dû savoir.


Un sanglot déchira la gorge de Buck et, n'en pouvant plus de l'homme face à lui, il porta un coup puissant au miroir avec toutes les forces à sa disposition. L'objet se brisa en dizaines de petits fragments qui brillèrent avec la lumière. Il ne se soucia même pas de penser que cela lui causerait sept ans de malheur ; il était déjà triste et désolé de toutes façons. En revanche, quelque chose l'interpella. Il baissa les yeux vers ses jointures. Légèrement blessées, ces dernières piquaient et laissaient échapper quelques gouttes de sang. Alors, il se rappela. Il se souvint de toutes ces fois où, plus jeune, il s'enfermait dans la salle de bains pour s'autodétruire. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas goûté à cette sensation et soudain, cela lui sembla être la meilleure solution à ses problèmes.


À tâtons et à travers le rideau de ses larmes, le bouclé trouva un morceau du miroir, suffisamment coupant pour la tâche qui allait suivre. Il dut faire tous les efforts du monde pour lâcher le meuble du lavabo et lorsqu'il y parvint, Buck s'accroupit sur le carrelage. Il ressemblait à nouveau à cet enfant perdu et démuni d'amour qu'il avait été par le passé. Ce constat faisait certainement plus mal encore que tout le reste. Puis, le visage de Christopher lui apparut derrière ses paupières closes et il songea qu'il avait tort, car perdre le petit garçon serait encore plus difficile.


Le morceau entra en contact avec sa peau et il traça deux lignes symétriques avant de se souvenir des anti-coagulants. Le sang coulait beaucoup. En comparaison à son adolescence, c'était affolant. Mais il n'eut pas vraiment le temps de s'en soucier : la fatigue s'abattit sur lui d'un coup.


Demain, il ferait mieux.


🚒🚒🚒

𝟓 𝐅𝐎𝐈𝐒 𝐎𝐔 𝐄𝐃𝐃𝐈𝐄 𝐀 𝐒𝐀𝐔𝐕𝐄 𝐁𝐔𝐂𝐊 ― buddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant