20.Vivre.

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Layana

Entourée d'une profondeur obscure, je sens mes plaies me démanger, me brûler, habituellement, c'est moi qui le décide, de me baigner juste après m'être blessée. Mais là, il n'y a rien de voulu, ni la vulnérabilité, ni la douleur, le désespoir de remonter à la surface. Alors que mes forces me quittent petit à petit, je me sens agripper, je comprends qu'Emylio a réussi à me rattraper. Il me tire jusqu'à la surface, dès que ma tête atteint la surface, je m'accroche comme je peux à ce corps qui m'obsède, quand je parviens enfin à ouvrir les yeux, je tombe sur ce regard si intense.

J'ai été sa bouée en haut de cette falaise, ou plutôt son parachute, et lui l'est à son tour maintenant. Je suis complètement dépendante de lui, sans lui, je ne peux pas m'en sortir, j'ai été blessé un nombre incalculable de fois, mais jamais à ce point, j'ai essayé de ne pas trop le montrer à mes nouveaux amis, mais une dans l'épaule, trois dans les jambes et deux dans la cuisse droite, autant vous dire qu'il y a peu de chance que je survive.

Alors que mon regard est toujours plongé dans le sien, je me sens partir petit à petit, mes yeux commencent à se fermer, une main se fraye un chemin à travers mon cou jusqu'à remonter à ma joue.

- C'est à toi de ne pas me lâcher maintenant, je vais nous ramener sur la plage, d'accord ? On va y arriver, à présent que tu es entré dans notre vie, tu ne peux pas y partir comme ça. Je te l'ai interdit !

J'arrive difficilement à garder les yeux ouverts.

- Ne...Ne...Ne me donne pas d'ordre.

Je l'entends rire et me serrer encore plus contre lui.

- Je vais te demander un dernier effort, Laya, je vais te faire passer sur mon dos et tu vas serrer le plus possible mon cou avec tes bras, d'accord ?

À bout de souffle, je parviens à murmurer avant de me laisser aller contre lui.

- Tu m'appelles Laya maintenant ?

- Et toi, tu te colles à moi maintenant ?

Je souris à sa remarque, avant de laisser ma tête aller contre son cou, je le sens frissonner contre moi, sûrement dû au fait que nous sommes littéralement dans un lac gelé.

Mes yeux se ferment sans que je puisse y faire quelque chose, je me sens partir.

- Laya...

- Layana...

À l'entente de mon prénom, j'ouvre les yeux, Émylio est au-dessus de moi, complètement trempé, ses beaux cheveux roux, légèrement plus foncés, dû au fait qu'ils sont mouillés, retombent sur son front, lui donnant un air tout bonnement irrespirable.

- He, tu m'entends ?

Je hoche autant que je peux la tête, face à ma réponse, il souffle de soulagement et se laisse retomber à côté de moi.

- Les garçons sont certainement à notre recherche, j'en suis sûr, je ne sais pas où on atterrit, mais on va s'en sortir, tu es blessé ?

- À ton avis ? Je m'accroche à toi par plaisir ?

- Crois-moi que dans d'autres circonstances, ça serait le cas.

- En attendant, ça ne l'est pas donc oui, je suis blessé et pour être honnête, je ne pensais pas être encore en vie.

Il se redresse subitement et détails mon corps autant qu'il peut, sa main attrape le bas de mon haut, avant qu'il ne puisse émettre le moindre mouvement, je maintiens son poignet, à travers son regard, il me fait comprendre, qu'il veut juste étudier mes blessures, que dans aucun cas, il en profitera, même si je ne le connais pas assez pour savoir ses intentions, quand mon regard se lit à lui, je ne peux que le croire.

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