Sicario

2.Entrainement.

Layana

1:34

Premier réveille, encore une fois, je me lève avant que mon téléphone sonne. J'ouvre mes yeux et tombe sur de magnifiques étoiles, mon plafond est recouvert de verre, j'aime pouvoir observer le ciel, la lumière des étoiles illumine la pièce.

DRINGGGGG

1:35

Quand j'étais petite avec ma mère, on regardait les étoiles en attendant que papa rentre. Elle me disait "Layana, dans la vie tout sera une question de temps, alors je t'en pris soit patiente", je ne pense pas qu'elle se doutait que j'applique son conseil pour tuer des gens. J'aime regarder les étoiles, j'aime me souvenir de ma mère. J'admire encore les constellations, jusqu'à que mon réveil sonne encore.

DRINGGG

1:45

Je me recouche, à moitié endormi, je commence à entendre la pluie s'abattre sur les carreaux. Ce doux bruit m'aide à m'endormir.

2:34

La pluie tambourine encore, j'ouvre de nouveau les yeux, vous savais ce qui a de réconfortant dans les constellations, elles ne disparaissent jamais. Je sors de mon lit et vais à mon bureau, toujours éclairé par les étoiles, je prends mon carnet et dessine.

DRINGGG

2:35

Les formes se dessinent, comme à mon habitude une horloge apparait. N'est-ce pas paradoxal que pour faire passer le temps, je représente une horloge ?

DRINGGG

2:45

Je répète ce rituel jusqu'à mon dernier réveille, toute les nuits, aucune ne fait exception.

DRINGGG

6:35

J'ouvre pour la dernière fois aujourd'hui les yeux, le jour illumine déjà la chambre, une fois toutes mes affaires prêtes, je vais prendre un bain, j'ai une obsession pour les bains, sentir tous mes muscles se tendre, oui se tendre, je prends des douches froides, glaciale même. Après avoir fini de me laver, je brosse mes cheveux, puis me fait des tresses. Je suis prête pour mon entrainement, je vais à la salle de sport qui est au sous-sol, j'y ai passé, la moitié de mon adolescence, l'autre moitié, j'étais dans des bibliothèques, bar, café, tout endroit qui renferme des êtres humains. Pablo me disait toujours, "si tu veux un jour pouvoir être meilleur que les autres, tu dois d'abord apprendre à les analyser, en savoir plus sur eux qu'eux même savent. Si tu veux vraiment les surpasser, tu dois rentrer dans leur tête.", c'est pour ça que quand je ne m'entrainais pas physiquement, j'entrainais mon cerveau, analyser, retenir, comprendre, tout savoir. Je reste des heures assis à décortiquer les personnes occupées à vivre leurs vies pendant que moi, je sondais la leur. À l'heure d'aujourd'hui, je suis capable de comprendre les humains qui m'entoure mieux qu'eux même, je sais s'ils me mentent, s'ils sont gênés, mal à l'aise, perdu, le comportement humain n'a plus aucun secrets pour moi.

L'odeur froide de la salle envahie de nouveau mes poumons, je me sens bien, chez moi, à ma place. Ma bouteille et mon enceinte au sol, je lance ma playlist. Je m'échauffe, puis commence ma séance, la sensation de bien-être, de légèreté, de contrôle, voilà pourquoi j'aime à ce point le sport. Le mannequin face à moi, j'analyse ses mouvements, ce mannequin est un cadeau de Pablo pour mon 15ᵉ anniversaire, ce mannequin est doté d'un algorithme qui reproduit des simulations de combat, chaque situation est différente, je ne peux jamais prévoir le prochain coup, de plus vu qu'il n'est pas humain, je ne peux pas deviner la tactique qu'il va utiliser. En combat réel, je me base sur des mimiques, mouvement, expression, me donnant une piste sur leurs prochaines actions. Mais là, je ne peux que compter sur mes réflexes.

Au bout de 4:15 d'entrainement, je quitte la salle, et vais prendre une douche, afin d'enlever l'odeur de transpiration. Enfin propre, je rejoins Pablo dans le salon, il a l'air contrarié.

-Bonjours.

-Je commence à regretter, de t'avoir recueilli.

Ça fait toujours plaisir, j'ai fait quoi encore ! J'ai beau réfléchir, je ne vois pas.

-Merde, tu lui as enfoncé ton talon dans la bouche, il s'est passé quoi dans ton crane de conne Layana. C'est passé dans tous les journaux.

Il est juste énervé, il ne le pense pas.

-Des fois, je me demande si tu n'es pas folle, putain, je veux bien que tu sois perturbé, mais là, c'est malsain.

-Je suis désolé Pablo.

-Ce n'est rien, aller vient Layana, après tout, il allait mourir.

Je prends Pablo dans mes bras, comme d'habitude, je comprends se qu'il me reproche, mais je ne vois pas le mal, qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mal, il m'avait manqué de respect, il le méritait non ? Une fois, j'ai essayé d'expliquer pourquoi j'avais frappé la tête d'une femme qui venait de me cracher dessus, elle avait dit que j'étais une pute juste avant. Alors comme avec l'homme, la haine avait pris possession de mon corps et j'ai frappé, encore et encore contre le mur. Quand je l'ai dit à Pablo, il m'a regardé comme si j'étais sorti de l'Asile. Maintenant, je ne lui dis plus, je me contente, je m'excuse et ça passe, la plupart du temps, une fois, il m'a puni, il m'a enfermé pendant toute une semaine dans un placard, depuis je ne supporte plus d'être enfermé dans des petites pièces.

Après avoir mangé, je vais étudier mes prochaines cibles, un homme pleins osasse, une femme qui prostitue des gosses, un homme qui trompe sa femme, bon, j'avoue que l'a la femme m'intéresse plus, je prends donc le dossier et vais voir Pablo. Je m'approche de son bureau et pose le dossier.

-Je veux faire celui-là.

-J'aimerais.

-J'aimerais faire celui-là s'il te plaît.

-Une prochaine fois, le prochain dossier est déjà choisi.

-D'habitude, c'est moi qui choisis.

-Pas cette fois, et pas de discussions.

Agacé, je rejoins ma chambre, et vais me défouler sur le sac de box au fond. Les bruits d'impacts entre mes poings et le sac résonnent dans toute la pièce, certain pourrait dire qu'ils sont désagréables, moi, je les trouve mélodieux, rassurant. Essoufflé, je m'affale sur mon lit et observe les nuages se déplacer dans le ciel, je préfère quand même la nuit, mais le jour est bienveillant. Quand Pablo m'a recueilli, je suis resté trois jours sur mon lit, observant le ciel, me demandant quelles étoiles représentent ma mère et mon père.