Sicario

27. Boite.

Allongé à mes côtés, dans le canapé déplié, Emylio dort paisiblement, son dos se soulève au rythme de ses respirations.

Vous savez ce que j'ai envie de faire actuellement ? Je n'ai qu'une envie, lui planter un couteau dans le dos, mais au vu de mon état physique, je préfère simplement me lever.

Hier soir, alors que cet abruti de première s'occupait de moi, je l'ai informé que le lit se déplier, vous auriez dû voir sa tête à ce moment-là, il était dépité, compréhensible vu que ça fait plusieurs jours qu'il dort sur ce canapé bien moins confortable sous sa forme originale.

Vous savez ce qu'il y a de plus requinquant quand on n'a pas la forme ? Une bonne baignade, je sors alors à l'extérieur du chalet, salue les gardes qui sont restés suite aux événements de la veille, au regard bien trop insistant.

J'enlève mes vêtements de la veille pour me retrouver en sous-vêtement. Ne faisant guère attention à ce qu'il se passe autour de moi, je plonge la tête la première, retrouvant cette étendue d'eau que je ne connais que trop bien. À l'abri de tout regard, je sonde les profondeurs, des souvenirs de moi petit apprenant à nager dans cette même eau reviennent, ma mère était une excellente nageuse, elle adorait d'ailleurs ce chalet ou elle insisté pour qu'on y passe nos étés comme nos hivers, je me rappelle des premières fois où nous avons nagé ensemble, elle me répétait souvent cette même phrase.

" Petite fleur, tu es bien la seule chose de bien qui m'est arrivée "

Elle me répétait cette phrase chaque instant, chaque fois qu'elle pouvait, ma mère était quelqu'un d'aimante et de tendre, mais elle pouvait aussi être froide et cruelle, pas envers moi évidemment, mais envers mon père. Elle est morte bien avant que j'ai l'âge de vraiment interpréter ce qu'il se passait. Est-ce que ces moments vécus à ses côtés sont tels que dans mes souvenirs ? Je suppose que je ne le serai jamais.

Une fois remonté à la surface, j'inspire le plus d'air possible, retrouvant le bonheur de respirer, me retrouver seul au milieu de cette source d'eau me permet de me retrouver seule avec moi-même, faire le tri dans mes pensées.

Les mots d'Emylio me reviennent en tête. Contractant mon cœur et ma foi, je me suis éloignée de mon but, j'étais aveuglée parce que je ressentais, aveuglé par la tristesse causée par la trahison de l'homme que je considérais comme mon père. Je dois bien l'admettre, j'ai failli oublier ma raison de vivre, mais grâce aux mots de cet Italien arrogant, je n'ai plus qu'une idée en tête, tuer Pablo et revenir à ma vie d'avant, sans attache, sans famille, sans personne, seul moi et la mort, moi et le pouvoir, redevenir la Layana que j'étais, la tueuse à cage sans âme et sans merci, celle qui ne faisaient qu'une chose, enlever la vie à ceux qui le méritaient, ceux qu'y avait une énorme somme d'argent plaqué sur le front et je compte bien redevenir celle que j'étais et laisser ces dernières semaines derrière moi, ou du moins les sentiments développés durant celle-ci.

Je suis bien déterminée à redevenir la sans-cœur que j'étais ! Quitte a blessé les gens parce que malgré tout, ce n'est pas ce qu'ils font déjà ?

Je ne suis pas naïve, je sais bien que je me suis attaché à ces personnes, bien plus qui ne le fallait, que je n'arriverai pas à me les sortir de la tête et que je n'arriverai pas à les oublier, je ne compte pas le faire d'ailleurs. C'est bien la première fois après tant d'années, que je me sens à ma place et aimer, mais ce qui est sûr, c'est que je ne laisserai jamais aucun homme me faire tomber, je suis consciente que jamais Emylio aura la place d'un ami ou encore d'un inconnu, mais je ne le laisserai pas prendre la place de celui qui partagera ma vie, car je compte bien laisser cette place vide à jamais.

Après plus d'une heure à nager, je décide de regagner la surface. Remettant seulement mon t-shirt, je rejoins le chalet avant de me doucher. Enfin propre, je sors de la salle de bain et tombe directement sur les personnes avec qui je cohabite depuis ces dernières semaines.