17.Contre attaque.

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Layana

Vous savez ce qu'il y a de pire dans l'hyperactivité ?

Ce n'est pas le fait d'être constamment surexcité, ce n'est pas non plus le fait de devoir se contenir, s'empêcher de vivre quand on est entouré de personne, au risque de les déranger, ce n'est même pas ce besoin constant de bouger ou de me divertir. Mais c'est le fait que même si extérieurement, on a l'air de personne totalement normal, finalement même quand l'extérieur est calme, notre cerveau est en constante réflexion, toujours à cent pour cent, à mille à l'heure, toujours ce besoin de réfléchir, d'analyser, de se poser des questions.

J'ai été diagnostic hyperactive à l'âge de 12 ans, ce qui évidemment n'a pas plu à Pablo, il adorait ce côté quand on s'entraînait ou quand il m'apprenait des choses sur la psychologie et l'analyse, car de ce fait, j'apprenais beaucoup plus vite, mais quand il s'agissait de patienter ou de juste faire quelque chose de très délicat pendant un certain moment, non, ça il ne le supportait pas, toujours en train de trifouiller quelque chose ou de grignoter, constamment en train d'observer, de bouger, de taper du pied ou alors de taper les doigts contre une surface plate. Je peux vous dire que ça l'agaçait et malgré des dizaines de rendez-vous avec tout un tas de professionnels, qui lui répétait que c'était inconscient de ma part, que je ne faisais pas exprès, à la fin, j'avais toujours la même punition, toujours les mêmes coups, je finissais à chaque fois enfermé dans ce placard, avec le temps, j'ai appris à contrôler ou du moins à ce qu'extérieurement ça se voit moins, ce qui m'a permis de prendre moins de punition, mais à cet instant précis alors que Livia juste à côté de moi, regarde les dessins animés, mon cerveau ne peut s'empêcher de faire des tas de scénarios, tous aussi chaotiques et désastre pour moi.

C'est impossible pour moi de rester dans cette incertitude, je finis alors par me lever et me diriger vers ce bureau que je ne connais que trop bien, pour ne pas changer les bonnes habitudes, je ne prends pas la peine de toquer et rentrer tout simplement.

- J'ai une question ?

- Bonjour à toi aussi, j'ai bien dormi, merci de le demander, je t'en prie, installe-toi.

- Pas de ça avec moi s'il te plaît.

- Donc crache le morceau.

– Si tu m'as aidé hier, c'est parce que tu la vois en moins, ta défunte sœur.

Je vois à son souffle qui s'accélère, sa poitrine qui monte de plus en plus et ses sourcils froncés, que ma remarque vient de l'agacer, mais contre toute attente, il relâche tout l'air présent dans ses poumons et me répond, me regardant droit dans les yeux.

- Tu crois que j'aurais envie de te prendre maintenant, si je voyais ma sœur.

Emylio

Ce que je viens de dire la vraiment étonnée, la bouche légèrement ouverte, ses yeux ne me lâchent plus, je vois à sa façon de bouger son pied de haut en bas, qu'elle est en pleine réflexion, j'ai bien remarqué qu'elle était hyperactive, je l'ai vu à sa façon de se comporter envers Livia, quand elle est avec elle ou qu'elle est concentrée sur une tâche, elle a quand même un besoin d'extérioriser alors, je sais qu'à ce moment précis, son cerveau tente d'analyser ce que je viens de lui dire, en passant par une dizaine de scénarios possibles, alors afin d'éviter tout malentendu, je prends à nouveau la parole.

- Ne crois pas que tu m'attires, seulement ton corps n'est pas repoussant et tu es tout à fait baisable.
Ça s'arrête là.

Je vois bien, qu'elle se reconnecte à la réalité, son regard devient tout d'un coup plus noir, plus sombre, je me rends compte que j'ai peut-être été un peu cru dans mes propos, mais ce n'est que la vérité, je veux dire, il ne se passera jamais rien alors autant éviter de faux espoirs. Elle se lève alors de sa chaise sur laquelle, elle s'était assise et me regarde une dernière fois, me transmettant toute sa colère, toute cette frustration, puis finit par quitter le bureau tout en claquant évidemment la porte.

SicarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant