29. Beau mais con.

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Le métal froid sur ma peau, le silence enveloppant la pièce, la peur tordant mes entrailles. Ça doit être la première fois que je suis autant dans l'incapacité, totalement démunis. Je ne peux que rester statique.

Livia, elle, se réfugia dans les jambes de sa mère.

- Elle avait raison, tu lui ressembles vraiment, beaucoup trop, à mon plus grand désarroi, toujours avec vos sentiments récurrents, toujours avec votre obsession de défendre les autres, les plus démunis. Pourquoi finalement ? Se retrouver seul, sans famille ?

J'ai beau réfléchir, je ne reconnais pas cette voix.

- Tu n'avais qu'une seule chose à faire, rester avec lui, mais non, il a fallu que tu désobéisses, que tu foutes la merde. On avait un putain d'accord, des règles à respecter, tout le monde était heureux à la fin. Toi, t'avais ta pseudo-famille, il avait une arme indestructible, ou du moins c'est ce qu'il pensait, je n'en suis pas certaine, moi, et nous, on avait la tranquillité, tu n'étais plus dans nos pattes, on était enfin libre. Mais non, il a fallu que tu l'entêtes et à cause de toi, je vais être obligé de vous tuer, c'est malheureux.

Mon regard se perd face à mes amis, Ray manque à l'appel, j'en déduis qu'elle le tient en otage, Tilio est dans un état de nerfs ahurissant, nul doute sur l'affection qui porte à Ray.

- Apparemment, tu t'es trouvé un cœur dernièrement. Tu crois qu'en sauvant la vie de cette gamine, tu vas effacer tout ce que tu as fait. Les centaines de personnes que tu as tuées, les milliers d'enfants que tu as privés d'un de leurs parents, parfois même des deux. Tu leur as dit à tes nouveaux amis que tu prenais des heures à prendre ton pied en torturant des gens ? En leur faisant endurer tellement de souffrance qu'ils en mourraient ?

Ces paroles ont un impact sur moi que je n'aurai jamais imaginé, pas que ça me touche, seulement, j'ose imaginer l'image que mes amis vont avoir de moi.

Je fais taire mes sentiments et me concentre sur ce qui pourrait m'aider.

Au son de sa voix, j'en déduis qu'elle est à peu près à 15 cm de moi, ce qui est peu, très peu, trop peu, grave erreur, cette personne n'arrête pas de parler comme si elle me connaissait, cependant elle prend le risque de se trouver si proche de moi. Sur le reflet des écrans, je ne perçois que sa silhouette, aucunement, je ne vois son visage, le corps de mon ami avachi devant elle, seulement maintenue par son bras passant sur son cou, une lame longeant celui-ci.

Vous savez, l'une des premières choses que j'ai apprises, c'est comment déstabiliser un adversaire physiquement. Il y a trois points importants à viser, les genoux, les côtes et la carotide.

J'ai partagé cette information avec Ray un soir où nous prenions un verre au bord de la piscine. Je remarque qui me fait un signe de sa main, il a dû remarquer que j'observai les caméras. Sa main pointe son genou. D'un signe de tête, on passe à l'action. Ray tape dans son genou, la cible baisse légèrement son bras, c'en est assez pour Ray qui s'échappe comme il peut, se réfugiant directement dans les bras de Tilio. Je ne perds pas un instant pour lui mettre un coup dans le ventre, elle fait tomber son couteau, qui est d'ailleurs taché de sang. Et pour finir, un coup de tête dans la sienne, mon adversaire est totalement sonné, j'en profite pour me retourner. Sans arme, je ne peux que me munir de mes poings. Elle reprend vite contenance et saisit une télécommande dans sa veste, plus précisément un détonateur.

- Mes hommes ont piégé toute la maison, un pas de plus et je fais tout sauter, laissez-moi partir et on en reste là, pour cette fois du moins.

N'ayant pas d'autre choix que d'accepter, je m'éloigne de la sortie, sous nos regards, impuissance, elle part. Dès qu'elle est hors de mon champ de vision, je me précipite dans sa direction, mais c'est trop tard, un véhicule s'éloigne au loin.

SicarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant