24. Perdu.

434 24 9
                                    

- Tu ne penses pas qu'on aurait peut-être dû l'interroger avant de le tuer ?

- Et l'interroger sur quoi ? On sait déjà qui est derrière tout ça.

- Peut-être sur l'endroit où il se trouve ? Ce qui nous veut ? Je ne sais pas, réfléchi, en plus d'être folle, tu es complètement conne.

Je pointe, cette fois-ci, mon arme sur lui. Habituellement, la balle serait partie toute seule, mais la quelque chose me bloque, je n'y arrive pas.

- On a perdu ses couilles ?

Rectification, la balle est bien partie, évidemment, aucun organe n'a été touché ni aucun os, je l'ai juste effleuré au niveau de la cuisse, assez pour qu'il ait mal, mais pas assez pour qu'il soit blessé. Au lieu de m'incendier, de me traiter de déjanté, celui-ci sourit tout en se rapprochant de moi à quelques centimètres, il s'arrête.

- Je suis déçu, habituellement, c'est plus douloureux.

- Et c'est moi la folle.

- Oh, tu sais, je suis bien des choses.

- Surtout un énorme connard.

Je rebrousse chemin et rejoins la résidence. Arrivé à celle-ci, une dizaine d'hommes sont présents, sûrement appelés par les garçons après notre départ.

- Il faut qu'on quitte les lieux.

- Je suis d'accord, on est plus en sécurité ici.

Je sens un souffle chaud sur ma nuque.

- Je suis d'accord, récupérer toutes les affaires, on déménage, nous ne récupérons que le strict nécessaire, on rachètera tout sur place.

Tilio contact quelques amis à lui afin de trouver le lieu le plus adéquat, 2h plus tard, nos affaires sont prêtes, le seul problème, c'est qu'on a trouvé aucun lieu, tous ses soi-disant amis, ne veulent pas prendre le risque de se retrouver avec Pablo sur les côtes, ce qui est compréhensible en soi.

Une idée me vient, je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais je pense qu'on n'a pas vraiment le choix.

- J'ai peut-être une solution, mais je ne promets rien, mon père possédait un chalet au bord d'un lac en Suisse.

- Tu es sûr qu'il est sécurisé.

- Je pense que oui, personne n'avait connaissance de cette demeure, elle appartenait à sa grand-mère, on n'y allait que pour les vacances et on n'y est pas retournée depuis la mort de ma mère. Je ne pense pas qu'elle soit habitée.

Pour ne prendre aucun risque, on décide d'utiliser le jet d'Emylio. Évidemment qu'il a un jet, si on me disait qu'il a un ours en animal domestique, je ne serais pas étonné.

Vous savez ce qu'il a de pire que de passer deux heures avec six personnes dans le même véhicule, c'est de passer deux heures avec deux mecs complètement défoncés qui font un karaoké sur les chansons Disney. J'essaye tant bien que mal de finir mon livre quand un détail me revient en tête.

Emylio a le vertige.

Je le cherche du regard, autant dire que quand la surface ne fait que la taille d'un salon, ce n'est pas très compliqué. Il est crispé sur son fauteuil, se concentrant sur les paroles de sa nièce. Mon regard croisa celui de Maria, comme si elle lisait en moi, elle me sourit, quelques instants plus tard, elle s'assoit à côté de moi en me soufflant.

- Tu t'inquiètes pour lui maintenant.

- Ha ha très drôle.

Je me reconcentre sur mon livre, ne voulant pas me mettre dans l'embarras plus que je ne le suis déjà. Je ne suis pas inquiet, seulement son anxiété m'envahit. Il pourrait souffrir sans déranger les autres.

SicarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant