Le plafond de mes rêves

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Me voilà enfermé entre quatre murs depuis je ne sais combien de temps. La vie me semble futile ici. Un plafond haut est au-dessus de ma tête, mais il me parait plus bas que jamais.

Je sens mon esprit s'abandonner à lui-même, se cogner aux parois définies par cette pièce, ne plus penser qu'à son passé. Je ne suis pourtant pas enfermé, rien ne me retient ici. Physiquement, je suis libre. Mais c'est comme si mon esprit ne voulait plus bouger. Tout me ramène ici. A ce point de départ, et d'arrivé. Ici est la source de tous mes souvenirs. Bons et mauvais. Si la Vie ne me libère pas de cet endroit, peut-être Dieu le fera.

Il me regarde du ciel. Ah... le ciel... Plafond infini où l'esprit respire, où on entend, où on comprend. Mes rêves se déroulent souvent là-haut. Je marche sur un chemin parmi les nuages. Et je ris. Je ne ressens plus de tristesse, j'aime la vie. Et, dans ces nuages, je la vois. La mort. Elle est ornée de plus de beauté que n'importe quoi ou n'importe qui d'autre. Et on valse. Ensemble, on valse. Une valse à 8 temps. Puis on marche ensemble. Tout au long de notre marche, je suis paisible. Y-a-t-il quelque chose de plus paisible que les rêves ? On s'y plaît. On est au calme, loin de tout. Loin des autres. Loin de leur cruauté avec les gens différents. Leur cruauté avec moi.

Que ces salles sont petites. Quand ils rient et me jugent, elles rapetissent encore. De plus en plus. Je n'arrive plus à respirer sur Terre. Je suffoque des regards des autres, tout le temps. J'ai peur d'être enfermé. Mais je le suis. Et tant que la mort ne viendra pas valser avec moi, je ne serai pas libre.

Et alors, quand tout me parait triste et fade, je m'endors. Et je rêve. J'aime rêver, parce que je pourrais la revoir. Elle, si importante pour moi. Elle, qui fut la mère qu'il me manque. Ma grande sœur. Elle s'est occupée de moi tout ma vie. Elle a fait ce que ma génitrice n'avait pas réussi à faire.

Aujourd'hui, tout me parait triste. Les rires des autres résonnent dans mon crâne. Les couleurs sont fades, ternies. Alors je dors, et je rêve. Je vois quelqu'un, vêtue d'une longue cape. Elle se retourne ma regarde.

Mama. Ma vraie Mama. Ma sœur. La mort. Elle m'emporte. Je suis plus heureux que jamais. Je valse avec elle. Et nous arrivons au ciel. Elle me tient la main.

J'y suis enfin. A cet endroit qui fut le seul plafond de mes rêves. Et j'y suis heureux. Parce que je n'ai plus de barreaux. Parce qu'ils ne rigolent plus. Parce qu'elle est là. C'est sûr, je suis enfin heureux. Loin d'eux.

Les Contes de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant