Combattre

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Quand les lâches sont à genoux, que les battus se tiennent debout, usant du peu de force qu'ils leur restent, et que le monde s'arrête dans un mouvement net et fluide, lui, il se bat.

Quand le silence se fend un chemin jusqu'à nos tympans, même dans un bruit infâme, dans ce bruit qui ne s'arrête jamais, il se bat.

Quand on réfléchit à des paroles, à des actions, qu'on se demande pourquoi le faire, quand, comment, où ; quand on a peur, il se bat.

Mais je ne crois pas être moins courageux que lui. Non. Il a peur, j'ai peur. Il a mon courage et j'ai le sien.

Mais ce que je n'ai pas que lui possède, c'est de l'envie. Parce qu'il se bat parce qu'il en a envie.

Il a l'envie irrépressible et insolente de se battre. Pour être lui, pour être ce qu'il veut être. Il est rentré dans le rang pendant vingt ans.

Pendant les vingt premières années de sa vie, il s'était tu, il avait dit "Oui, oui, Madame. Je suis désolé Monsieur.". Il avait été ce qu'on voulait de lui.

Et un jour, il en a eu marre. Alors il est parti dans un bar, et il a bu. Il a trop bu. Il s'est levé de sa chaise, et il a crié.

Il a crié haut et fort.

"Je vous emmerde tous !".

Oui, il l'avait dit. Et il l'avait pensé.

Et là, il a dû se battre. Parce quand on crie des mots si peu élégants, puis qu'on embrasse un homme devant une foule de personnes aux pensées figées dans la , on doit se battre.

Alors il s'est battu.

Avec son drapeau, pour ses couleurs, il s'est battu.

Et il s'est bien battu.

Parce que, des années plus tard, on se bat toujours.

On se bat à la lumière du jour, fiers de qui nous sommes, de qui nous aimons.

Et c'est grâce à lui.

Grâce à son combat.

Les Contes de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant