Les Contes de la Lune

Pour toi et moi

« Pour toi, j'aurais pu tuer, j'aurais pu mourir. Pour toi, j'aurais changé jusqu'à ma façon de penser. Pour toi, j'aurais pu tout faire.

Mais tu n'en as que faire de mes sentiments. Je t'aime, et tu m'aimes. Mais uniquement en privé. Quand les regards se posent sur toi, tu es cet autre. Cet autre que je n'aime pas. Tu es et resteras cet autre, car tu l'as toujours été. De beaux masques, de belles paroles, des mots d'amour dit en l'air pour me faire croire en un homme aimant. Mais tu n'étais qu'une mascarade, un leurre.

Pour moi, je n'aurais rien fait si ce n'est pleurer. Pour moi, je n'aurais pas fait un millième de ce que j'aurais fait pour toi. Je t'ai aimé. Mon Dieu, je t'ai tellement aimé, et tu m'as haï.

Pour toi et moi, j'aurais pu tout faire. J'aurais été capable de créer un nouveau monde, juste pour que nos corps s'unissent à l'infini.

Si tu savais, si seulement tu pouvais savoir. Si seulement tu pouvais comprendre le mal que tu m'as fait. J'en pleure encore. Et le pire dans toute cette histoire, c'est que tout le monde pense que je suis le coupable. Tu as retourné toutes tes fautes en en faisant les miennes.

Pour nous, j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai été en colère, je t'ai haï.

Pour nous ce soir, je t'écris cette lettre.

Pour nous, ce soir, je mourrai.

Je te fais mes adieux, comme je t'ai fait la guerre et l'amour, sans me retenir.

Sache que ma chute est entièrement ta faute, et que tu as brisé le peu de bien qu'il restait en moi.

Je t'ai aimé, adieu,

Ton amant »

En lisant cette lettre, je ne pus m'empêcher de pleurer. Si j'avais su que, ce même jour, je rencontrerai cet homme qu'aujourd'hui je marrie.

J'ai redécouvert l'amour, et j'ai découvert la pureté d'un cœur, d'un homme. Le voir en costume, devant moi, efface toute trave de toi en mon esprit, en mon âme.

Je t'ai aimé, mais je l'aime encore plus. "Adieu" est le bon mot, car on ne se reverra jamais, même en souvenirs.

Pour toi et moi j'allais mourir.

Maintenant pour lui et moi, je vais vivre.