La main aux diamants

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Fut un temps lointain, où le diamant était considéré comme commun, comme "moche". Et un jour, on ne sait trop pourquoi, des gens en ont décidés autrement. Les colons ont trouvé cette pierre si brillante qu'ils l'ont associés à la noblesse, à la richesse. Alors tout le monde en voulait. Et de là, les aristocrates ont payé cher pour en avoir ; le diamant avait sa place sur une couronne.

Puis le diamant s'est rarifié, alors on le payait encore plus cher. Et voilà que le peuple n'en avait plus ouïr parler : le diamant était trop cher. Et le peuple a voulu récupérer ce bien, cette pierre taillée si finement. Alors le peuple s'est enrichi, pour une partie ; l'autre devait vivre avec ce rêve en tête.

Tandis que certains acceptent de ne pas pouvoir vivre ce rêve, d'autres décident de le forcer : le vol apparait.

Et moi, j'ai décidé de voler. Je suis née dans une famille pauvre, dans un milieu défavorisé. Mon père se tuait au travail, littéralement : un jour, il est mort sur un chantier. Accident de travail. Chute d'une poutre apparemment. Ma mère a pleuré. Longtemps. Puis elle s'est laisée mourir. Peu à peu, sa flamme s'est éteinte. Et un matin, le lendemain de mon anniversaire qui signait ma majorité, elle ne s'est jamais réveillée.

Alors moi, ça m'a énervée. Parce que le monde n'offrait des diamants qu'aux riches. Ce sont les riches qui vivent longtemps, les riches qui peuvent s'aimer, les riches qui ont accés au bonheur. Tout appartient aux riches. Et les pauvres comme nous, nous n'avions rien. Nous n'avions même plus le droit de vivre comme acquis. Pour vivre, nous devions travailler. Et notre unique but était d'avoir des diamants dans nos mains, comme les riches. Alors, après tous ces efforts vains, il ne me restait plus qu'une seule solution : voler.

J'ai commencé par des lieux assez simples : des magasins, des superettes. Je mettais simplement des objets dans mon sac, et le tour était joué. Je sortais d'abord avec des tablettes de chocolat. Comme je ne me faisais pas prendre, j'ai augmenté de cible : des bijoux bon-marchés, des vêtements, de l'alcool, des objets informatiques. Et un jour, j'ai visé plus haut : un joailler.

Le plan était clair et net : aux coups de deux heures du matin, je forcerai discrètement la serrure et rentrerai dans la boutique. Je me dirigerai discrètement à l'arrière-boutique et ouvrirai des coffres particuliers : le 6, le 9, le 15 et le 18 ; ils contiennent mon but premier : des diamants par dizaines.

Le clocher de l'église sonna les coups de deux heures du matin. Je forçai la serrure et me glisser jusqu'aux coffres. J'ouvrai le premier de ma liste. Et d'un coup, le silence fut déchiré par une alarme stridente. Je me dépêchai à mettre les diamants dans mon sac et partis à toute allure.

Arrivée à l'extérieure, je me rendais compte que j'étais cernée. La police était partout. Je n'avais plus le choix. J'en étais rendue à mon statut social. Mais j'avais encore un seul choix. Celui de vivre. Et je ne comptais pas mourir sans être connue, sans que tous le sachent.

D'un mouvement sec et précis, je prenais un couteau de poche et me tranchait la gorge. Le sang coulait de ma jugulaire et un sourire apparut sur mon visage. Je souffrais, mais le bonheur d'être morte en le voulant valait bien cette peine.

Alors je mourrai ainsi : heureuse, en ayant eu des diamants. En ayant eu le choix.

Les Contes de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant