Ma nuit fut ponctuée de nombreux réveils en sueur. Mon corps entier me brûlait, c'était loin d'être agréable. Plusieurs fois, j'avais lacéré mes draps à coups de griffes. Néanmoins, lors de mon dernier endormissement, j'avais été témoin d'un rêve curieux.
J'étais assis sur le péron de notre ancienne demeure quand je vis une silhouette se rapprocher au loin. A l'orée des arbres, là où la réalité prenait le relais sur l'atmosphère mystique de la forêt, un loup gris clair me regardait. Il était presque blanc. Je ne me souvenais pas de l'avoir déjà vu et pourtant, il m'était étrangement familier. Il me fixa un certain temps avant de faire demi-tour et de disparaître dans l'obscurité, me laissant ainsi seul. Je me levais pour le rejoindre mais, cela incluait de quitter le manoir. Je n'en avais ni l'envie, ni la force alors, je restais là, perdu dans mon indécision jusqu'à ce que je m'extirpe de ce monde onirique.
Après de nombreux échecs pour y retourner, j’avais abandonné, attendant, les yeux ouverts, que les minutes passent. À bout de patience, je m'étais levé, douché et j'avais préparé mon petit-déjeuner. Enfin “petit-déjeuner” était un grand mot. Je n'avais pas faim. Je buvais juste un verre d'eau pour faire passer les nausées qui enserraient mon estomac. Il était sept heures trente, parfait pour aller au bureau sans croiser grand monde. J'enfilai des vêtements sobres et je quittai cet endroit. Les rues s'animaient petit à petit, offrant un divertissement inespéré lorsque je m'arrêtai à un feu rouge. Je laissai mon esprit divaguer sur la vie des passants, l'imaginer était un jeu mental qui me permettait de m'évader quelques instants avant de retrouver mon trajet routinier.
Quand je foulais le sol de mon entreprise, j'avais l'impression de retourner dans mon élément. Il y avait quelques employés arrivés en avance prenant leurs cafés pour échanger des banalités affligeantes. Je me dépêchais de fuir cette ambiance morose et de m'enfermer entre les murs de mon repaire. Une fois assis devant mon ordinateur, je posai ma tête sur mes bras et m'assoupis. Une heure plus tard, je fus réveillé par une douce odeur de viennoiseries. En relevant le visage, je vis un sac contenant un croissant et un pain au chocolat. Je souris devant cette attention signée Suzanne. Je savourais le gâteau français chocolaté en réfléchissant au programme de la journée. Intérieurement, je nourrissais encore l'espoir de voir Christopher débarquer pour le costume. Alors, dans ma naïveté, j'appelai le magasin pour décaler le rendez-vous à seize heures trente. Peut-être arriverait-il à temps. Je ricanais, peu habitué à être aussi optimiste.
Néanmoins, la matiné passée, je mangeais un morceau avec ma secrétaire qui s'inquiétait de mon visage blême. Peu enclin à parler de mes problèmes personnels, je détournai la conversation sur ses futurs projets. Elle y répondit d'un œil suspicieux. La pause repas se termina rapidement et je guettai l'heure, le cœur battant. treize heures trente, quatorze heures moins dix et aucune nouvelle de lui. Plus le temps défilait, plus mon espérance dépérissait. Puis, quinze minutes après l'heure initiale de notre rencontre, je me renfrognai. Il ne viendrait pas. C'était perdu d'avance. Il m'avait oublié et je ne pouvais que le comprendre. Je ravalai ma déception en pianotant sur mon clavier. Un toquement me sortit de ma torpeur.
- Entrez, répondis-je froidement.
- Monsieur Hale ? Demanda doucement Suzanne en passant la tête.
- Dites-moi ?
- Il y a quelqu'un pour vous. Un certain monsieur Argent. Vous le connaissez ?
Je me relevai d'un bon, mes battements cardiaques s'intensifièrent. Il était là. Je ne pus cacher l'immense sourire qui s'emparait de mes lèvres.
- Oui ! Je le connais ! Faites-le entrer !
- Bien monsieur. Vous pouvez y aller.
Il passa la porte, il portait des vêtements noirs, ses yeux fatigués brillaient et les coins de sa bouche se relevèrent, me poussant à retomber instantanément sous son charme.
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Destins croisés / Petopher
FanfictionCela fait maintenant dix ans qu'Allison Argent est décédée. Peter Hale est convié à la cérémonie d'hommage conduite par un Christopher détruit. Mais alors que Peter tente désespérément de fuir ses démons en s'enfermant dans un rôle qui le conforte...