Chapitre 1

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Sydney :

– Je commence vraiment à me demander si tu ne le fais pas exprès Madeline !Mon père est furieux, comme d'habitude quand ça me concerne. Son regard brûlant de la colère que je lui inspire s'accroche au mien comme un naufragé à sa bouée de sauvetage.

Il n'en aurait certainement pas fait tout un plat si ça avait été Jenny ou Ketelyne, sauf que c'était moi, et ça lui déplaît énormément.

– Je n'ai fait que me défendre, tu dis tout le temps que le respect va dans les deux sens, il m'a manqué de respect et...

– Il y a une hiérarchie à respecter dans une école comme partout, et tu n'étais pas en droit d'insulter ton professeur. Me coupe-t-il sans s'en soucier une seule seconde. Son bras se pose sur le dossier de ma chaise le faisant me surplomber de toute sa hauteur. Debout derrière lui, ma mère reste de marbre, n'osant esquisser aucun geste.

Pourquoi le ferait-elle? Il y a bien longtemps que j'ai compris que ma seule alliée ici c'était moi.

Quand il me hurle dessus comme ça, ce n'est pas mon père que j'ai en face de moi, mais Monsieur Cooper, le chef de la dynastie dont il a hérité, je me demande s'il me voit comme un de ses employés, de toute évidence il ne me voit plus comme sa petite fille, plus depuis longtemps.

Je ne me souviens même pas de la dernière fois qu'il m'a tenue dans ses bras ou qu'il m'a dit un mot gentil. La plupart du temps, il se contente de hocher la tête quand je lui dis bonjour ou bonne nuit, ou alors, il me crie dessus ; nos interactions se résument à ça. Voyant que j'ai cessé de l'écouter, il pousse un soupir contrarié.

– Bon écoute Madeline, je n'ai vraiment pas le temps avec tes conneries, j'ai plein de travail, alors tu vas retourner au lycée et présenter tes excuses à ton professeur de Biologie, tu ne peux pas te permettre ce genre de comportement, tu es ma fille et je tiens à ma réputation.

Évidement, c'est sa réputation qui l'inquiète, pas mon comportement, pas mon désintérêt total pour mes études, pas mes notes, mais bien sa putain de réputation. Je passe outre le fait qu'il s'obstine à utiliser mon premier prénom ne voulant pas créer davantage de conflits pour aujourd'hui.

Sur ce, il me fait signe que je peux y aller. Sans demander mon reste, je me lève de ma chaise et me dirige vers la lourde porte en chêne vernis. En sortant de son bureau, je croise l'un de ses employés de la comptabilité qui attend sur un fauteuil de cuir blanc tel un ados qui attend d'être invité a entrer dans le bureau du proviseur de son lycée. Mon père l'a sûrement convoqué, j'ai entendu mes parents dire qu'ils avaient prévu de le virer hier soir.

Je ne peux m'empêcher un regard triste en sa direction, le pauvre homme ne sait même pas ce qui l'attend : en sortant de ce bureau non seulement il sera au chômage, mais sa femme également, et ses enfants eux se feront virer de leurs écoles respectives.

Mon père dirige cette entreprise qui, au fil des décennies, est devenue un véritable empire, mais il dirige aussi une bonne partie de cette ville, il en fait ce qu'il veut. Aaron, de son nom, me regarde un instant ses yeux emplit d'une émotion que j'assimile à la culpabilité. Au vu du ton qui montait entre mes parents hier je suis persuadée qu'il est viré pour faute grave autrement sa famille n'en pâtirait pas à ce point là.

« Tu vas retourner au lycée et présenter tes excuses à ton professeur de Biologie » m'a-t-il dit, comme si j'allais l'écouter. Je prends l'ascenseur et sort de l'immense tour de verre qui m'empoisonne la vie...

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant