Chapitre 4

27 4 2
                                    

Sydney :

– Il veut me confier un putain de stagiaire! Dis-je trop fort à mon goût.

– Je te trouve super vulgaire pour une gamine de 16 ans. Me répond l'aîné de mes frères d'un ton las.

J'ai retrouvé mon frère Olan dans notre café préféré, depuis quatre ans, c'est la guerre entre lui et mon père et cela faisait quelques mois que je ne l'avais pas vu. Je dois dire que ce petit déjeuner avec lui me fait le plus grand bien même si je sais qu'il finira par quitter New-York pour retrouver la vie qu'il s'est construite.

J'admire énormément mon grand frère, notamment parce que c'est le seul qui m'adresse la parole durant les repas de familles, ou qui m'écoute quand j'ai besoin de me confier.

– Arrête de me traiter de gamine Olan, ça va encore mal se finir pour lui et tu vas pas me dire que je ne l'avais pas prévenu.

– Alors pourquoi tu n'as pas refusé au lieu de te barrer ?

Parce que ça ne sert a rien de parler avec mon père, il va encore trouver des choses à me reprocher.

– Je n'en avais pas envie.

– Dit plutôt que tu as fui, mais ce n'est pas en te laissant faire que tu te feras entendre Syd.

– T'es bien placé pour me dire ça toi. Je ne cache pas le sarcasme dans ma voix, cela fait quatre ans que Olan a quitté le cabinet de nos parents pour aller travailler ailleurs après une violente dispute entre lui et mon père. Il a fui au lieu d'essayer de réparer ses erreurs.

– Justement, je ne veux pas que tu fasses les mêmes erreurs que moi, je te rappelle que tu es la seule de cette famille à encore me parler, alors tu vois ou ça m'a mené.

– N'empêche que toi, tu vis ta vie sans te soucier constamment de ce que penserait papa.

– Oui, mais désormais, c'est comme si je n'avais plus de famille. J'ai dû tout recommencer à zéro quand papa m'a coupé les vivres, je me suis retrouvé à la rue comme un con, j'étais le mec à abattre. je dois m'estimer heureux qu'il me tolère encore dans cette ville. Tout ça pour te dire que je ne veux pas de ça pour toi, alors prends sur toi. Un stagiaire, ce n'est pas si grave.

Même si mon frère a sa vie de son côté, il est indirectement lié à notre famille, il y a des moments dans sa vie professionnelle ou il est amené à faire affaire avec notre père. Mais tout ça est de plus en plus rare.

Olan exagère vraiment les choses quand il dit que notre père lui a coupé les vivres. En réalité, il l'a juste foutu dehors, mais lui a légué une partie de son business qui ne l'intéressait pas et qu'il avait eue de mon grand-père.

Oui, Olan a dû trimer pour refaire partir ce business dont je ne sais rien sur de bonnes bases. Cependant, il n'était pas non plus à la rue, mon père l'a seulement retiré de son champ de vision tout en s'assurant qu'Olan lui reste utile. La loyauté est quelque chose que nos parents nous ont enseigné depuis notre plus jeune âge. Plus on est loyal, plus ils ont confiance en nous.

C'est pourquoi à chaque écart de conduite de ma part mon père est si dur avec moi, pour lui c'est une sorte de rébellion et un geste déloyal. Son idée de me confier un stagiaire la semaine qui suit mon renvoi du cours de Biologie n'est pas un hasard, c'est une sanction.

– Un mois Olan, un putain de mois.

Mon frère lève les yeux au ciel et ne me répond pas, je sais qu'à partir de là ça ne sert plus a rien de parler.

– C'est comme ça et puis c'est tout Sydney, je ne vais pas aller à l'encontre des décisions de papa.

Il se lève, va payer au comptoir et s'apprête à partir.

– Cette conversation n'est pas terminée Olan.

– Je sais.

Il me tourne le dos me laissant pour seule vue le derrière de son pull en coton blanc et son jean noir, même lorsqu'il veut paraitre décontracter, il dégage une aura charismatique qui lui vaut sa réputation. Sans un mot supplémentaire à mon intention, il s'en va, me laissant seule à ruminer ma haine.

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant