Chapitre 9

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 Stanley :

La folle arrive avec deux heures de retard, deux heures que j'attends dans ce bureau ridiculement trop grand, deux heures que je me demande s'il ne faudrait pas mieux que je rentre chez moi, deux heures...

– Tu m'écoutes Stanley ?

Je relève les yeux vers ceux de ma tutrice de stage. Elle se tient devant mon bureau, les mains sur les hanches, un sourcil levé.

Sa robe bleue ciel contraste parfaitement avec ses yeux, ses cheveux noirs relevés en un chignon élégant donnent l'impression qu'elle est âgée d'au moins deux ans de plus.

À voir Sydney je dirais qu'elle à été forcée de grandir trop vite comme si elle n'avait pas eu le temps d'être une enfant.

– Oui, je t'écoute.

– Alors vas-y. Me dit-elle en faisant un geste de la main vers la porte.

Pour le coup, je n'ai pas écouté, voyant que je ne bouge pas, elle enchaîne.

–Va me chercher un café au lait Stanley.

C'est à mon tour de lever un sourcil. Elle croit quand même pas que je vais aller faire la boniche de madame et lui chercher un café?

– Pourquoi ?

Ma simple question la fait s'emporter.

– Comment ça pourquoi Stanley, tu es mon stagiaire alors va me chercher mon putain de café!

Je ne sais pas ce qu'il se passe dans mon esprit tordu, mais je me retiens de rire en redemandent encore une fois :

– Pourquoi ?

Cette fois si elle semble au bord des larmes et souffle un "laisse tomber", elle part s'asseoir à son bureau devant mon incompréhension qu'elle ne remarque pas. Mon étonnement n'a pas de barrières, je la connais depuis peu mais je sais qu'elle n'est pas du genre à abandonner. Je culpabilise en me disant que j'y suis peut-être allé trop fort en la plaquant au mur la dernière fois.

Je ne pensais pas qu'elle lâcherait aussitôt l'affaire. Elle semblait plus caractérielle les premiers jours. Je devrais me réjouir de voir qu'elle perd ses moyens face à moi mais je culpabilise pour une raison qui m'échappe.

Sydney :

J'arrive légèrement en retard, bon deux heures en retard, ce n'est pas si énorme, mais mon père ne s'est pas privé de me rappeler que selon lui, c'est inadmissible.

Comme ci c'était ma faute, je me suis réveillé à l'heure ce matin, le prof de droit nous avait mis un contrôle et j'ai donc dû me rendre au lycée ou plutôt "l'enfer personnel de Sydney" comme j'aime l'appeler.

Le prof était en retard alors, j'ai voulu aller dans les toilettes du troisième, mais elles m'avaient déjà repéré et m'on suivit, je suis resté cinq minutes enfermés avec elles dans les toilettes, j'essayais de partir ou même de crier, mais elle me maintenait contre le mur et plaquais leurs mains sur ma bouche, Lorina a pris mon téléphone et l'a jeté à l'autre bout de la pièce.

Elles ne m'ont pas touché, elles ne me touchent jamais physiquement en tout cas, mais leurs paroles sont blessantes et elles le savent, parfois, je me dis que ce serait mieux si elles me frappaient. Ça ne me ferait moins mal et j'aurais des preuves de ce qu'elles me font.

Mon père ne me croirait pas même si je trouvais la force de lui en parler, Bradley ne s'en est pas rendu compte, mais je ne veux pas lui en parler, je ne veux pas qu'il me voie comme une victime alors, je me tais. Je garde le silence face aux moqueries, face à mon père, face à mon mari et maintenant face à mon stagiaire.

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant