Stanley :
– Stanley !
Je fronce les sourcils en reconnaissant la voix de ma tutrice de stage. Sydney vient se placer devant moi et je remarque que ses iris brillent de manière anormale.
– Salut mon cher stagiaire. Elle me sourit de toutes ses dents. Je devine assez rapidement qu'elle est saoule à en juger par sa démarche mal assurée et sa voix traînante. Il ne faut pas que je la laisse se faire des idées quant à notre relation à venir. Je ne suis pas son prince charmant et même si j'ai très envie de la baiser, je ne le ferais pas. Je décide donc de rester froid et distant ne me souciant pas du fait que je vais passer pour ce que je ne suis pas la poussant davantage à me détester. Le problème est son état et mon incapacité à évaluer son taux de conscience actuel.
Ce n'est pas la première fois que je la vois comme ça, ça commence un peu à m'inquiéter.
Je pose délicatement les mains sur ses épaules en me convaincant que c'est seulement pour la maintenir en équilibre et non pas pour assouvir mon désir de poser mes mains sur elle. Elle continue à me fixer avec ses pupilles dilatés puis vient se coller contre moi. Je retrouve la sensation réconfortante de son corps contre le mien et en oublie la nature de notre relation.
Froid et distant, on a dit, bah ça commence mal.
Je ne bouge pas pendant plusieurs secondes et elle non plus, on reste là l'un contre l'autre semblant à des kilomètres de là. Sur le moment, je finis par croire qu'elle s'est endormie.
Je l'écarte de moi et sa tête bascule en arrière avant de se repositionner normalement.
– Qu'est-ce que tu me veux Sydney ?
– J... Je veux... Je ne sais pas. Bégaie-t-elle.
Elle se met à pleurer et je comprends qu'elle est plus bourrée que ce que je pensais. Même l'autre jour dans sa chambre ce n'était pas à ce point-là.
Je la repousse gentiment conscient qu' elle est probablement entourée de gars qui bossent pour ses parents, là pour la surveiller et que notre proximité soudaine est plus que prohibée.
Je relève la tête vers l'étage V.I.P et me rend compte que le gars de tout à l'heure me regarde encore, mais en observant mieux, je constate que ce n'est pas moi qu'il regarde, mais bien Sydney.
Je ne la voyais pas tout à l'heure quand je l'ai vu, lui, mais maintenant ça devient évident, elle n'était pas loin de moi, ce mec est sûrement ici pour la surveiller.
Je regarde à nouveau Sydney, les larmes aux yeux, elle me regarde dans l'incompréhension de mon rejet avant de se mettre dans une colère froide, mais amère.
– T'es vraiment un connard Stanley. Elle pointe un doigt vers moi. Je te déteste, tu n'es rien pour moi et je vais me faire un plaisir de réduire ton avenir et tes espérances pour Harvard en miettes.
Elle a prononcé cette phrase tellement bas que si je n'avais pas vu ses lèvres bouger et ses yeux m'envoyer des éclairs, j'aurais cru avoir halluciné.
Je ne me laisse pas abattre pour autant et lui répond avec un sourire :
– Peut-être bien ouais, mais moi au moins, je ne vais pas finir à travailler pour papa maman, bloqué dans un mariage forcé et alcoolique.
Il faut que je lui fasse comprendre qu'il vaut mieux pour nous deux de prendre nos distances, je m'en veux d'être un connard avec elle, mais si elle continu à me coller comme si l'on était potes, je vais me foutre dans la merde.
Déjà que son frère ne m'aime pas, mais en plus,
on est observés là.
Je n'ai pas le temps de voir le truc arrivé qu'elle m'assène une gifle de toutes ses forces, ma joue me brûle, mais je ne flanche pas, elle me lâche une insulte que je n'ai entendu que trop de fois avant de disparaître dans la foule non sans difficulté à marcher droit.
Sydney :
Je retourne vers Carl et le trouve sans chercher trop longtemps, je sens le regard de Stanley sur moi.
Je m'approche de Carl et à ce moment ce n'est plus moi qui décide, mais l'alcool qui coule dans mes veines.
Je me mets de dos et danse contre lui, il ne me repousse pas, au contraire.
Je le sens poser ses mains sur mes hanches comme pour m'indiquer le mouvement.
Nous dansons au rythme de la musique l'un collé à l'autre. Je ne sais pas pour combien de temps mon frère en à là-haut avec ses clients, mais je veux partir d'ici.
Carl me met mal à l'aise, Stanley me donne envie de vomir, à moins que ce soit l'alcool.
Je ne sais pas, mais j'ai mal au ventre et j'ai la tête qui tourne, mais je ne me laisse pas abattre et continu mes mouvements de plus en plus à l'aise à l'idée que Stanley me regarde de là-bas.
Je garde les yeux fixés sur lui, je n'arrive pas à déchiffrer son expression faciale.
Il est trop loin et ma vue est brouillée par les larmes qui ont coulé quelques minutes auparavant, mais on dirait que ce qu'il voit ne lui plait pas.
Je sens les mains de Carl se balader sur moi et passer furtivement sous le bord de ma robe. J'ai du mal à garder mon regard concentré sur Stanley à cause des gestes de Carl qui se font de plus en plus indiscrets.
Je vois une blonde venir près de Stanley et enrouler ses bras autour de lui, il ne la repousse pas et continue de me fixer. Je la vois poser ses lèvres sur les siennes et mon sang ne fait qu'un tour.
Je ressens une vive douleur dans la poitrine comme s'il venait de me poignarder. La blonde glisse ses mains dans ses cheveux et il lui rend son baiser de façon passionné. Son regard n'a pas quitté le mien tandis qu'il passe ses mains dans son dos, je me tourne vers Carl et enfouis mon visage dans son cou. La sensation que j'y trouve est loin de celle que j'attendais. Je ne retrouve pas la chaleur réconfortante de Stanley ni son odeur qui a couvert mes oreillers des nuits durant.
Je le fais surtout parce que je ne veux pas que Stanley voie l'effet que ça me fait de le voir avec une autre. Je veux qu'il pense que je m'en fiche et que moi aussi, j'ai des projets pour ce soir. Même s'il se doute probablement qu'aucun homme là haut ne me permettra de rentrer accompagnée.
Carl me chuchote des choses à l'oreille, mais je ne les comprends pas, je ne les écoute pas.
Sous le coup de l'impulsivité, je me retourne vers Stanley et je le vois tenir la main de la blonde et se diriger vers les toilettes avec elle.
Il me regarde toujours et quand il voit que je le regarde à nouveau, il me sourit et disparaît dans les toilettes, la blonde sous le bras.
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My dear intern
RomanceMariée de force à mon meilleur ami, condamnée à travailler pour la dynastie de ma famille... c'étais mon quotidien depuis des années. Je m'appelle Sydney et j'ai 16ans, la dernière folie de mon père a été de me coller un stagiaire, bien que cela me...