Chapitre 33

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Stanley :

Je suis dans le hall de l'hôtel depuis deux heures maintenant, c'était beaucoup trop dur pour moi de regarder Sydney heureuse dans mes bras en ayant conscience que c'est la dernière fois et qu'aucun avenir ensemble ne nous est autorisé.

Elle n'a pas tenté de me retenir. Lorsque je suis sorti de la chambre, aucune émotion ne traversait son visage. Elle est redevenue la tutrice de stage et je suis redevenu le stagiaire. Même si mon stage est terminé, nous ne sommes désormais plus rien elle et moi. Lundi, elle reprendra le cours de sa vie et finira par oublier jusqu'à mon existence.

Je m'attendais à ce qu'elle tente de me rattraper après s'être rhabillée, mais non, aucun signe de ma Sydney. Elle n'est plus ta Sydney, tu l'a détruite et perdue.

Je ne regrette absolument rien, c'était génial, je n'ai jamais autant pris de plaisir avec une fille, mais elle ? Est-ce qu'elle regrette à présent ?

C'est une Sydney sûr d'elle qui fait son apparition, elle descend les escaliers comme si l'hôtel lui appartenait, en même temps, il lui appartient, ou plutôt, il appartient à sa famille.

Elle a remis une robe rouge, mais pas la même que tout à l'heure. Elle a aussi retouché à son maquillage, ses cils sont recourbés, sa bouche est peinte dans le même rouge que sa robe assortie à ses escarpins. Elle ne me lance pas un regard et se dirige vers le bar. Je l'entends commander une vodka Red Bull d'une voix qui laisse entendre que ce ne serait pas son premier verre de la journée et mon désir de la protégée prend le dessus.

Maintenant que j'ai la confirmation que boire est un problème pour elle, je ne peux pas la laisser faire ça. Je me dirige à grandes enjambées vers elle et j'arrive à sa hauteur au moment où le verre se pose devant elle.

– Sydney, tu ne devrais pas...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Elle me lance un regard noir, ce même regard que la première fois qu'elle m'a vue et qu'elle a compris que je serais son stagiaire, ce même regard que lorsque je suis sortis de la chambre.

Elle me déteste.

Dans un geste provocateur, elle attrape le verre et le boit d'un seul coup sans me quitter des yeux, puis elle en redemande un au barman qui s'exécute avec un "tout de suite mademoiselle Cooper". Je le fusille du regard lui avertissant silencieusement de ne pas la servir mais il ne me regarde pas. Je suis réduit à moins que rien dans ce monde qui n'est pas le mien. Sydney a le pouvoir. Je n'ai rien.

– Appelez-moi Sydney, je vous en prie. Dit-elle d'une voix mielleuse plus qu'artificielle.

Elle le regarde d'une façon que je ne supporte pas, ses yeux sont doux et le barman lui sourit en lui tendant un nouveau verre.

Je sens la colère monter en moi, mais je ne peux rien dire, je l'ai bien cherché.

Je monte dans la voiture qui nous attend dehors, nos valises déjà chargées à l'arrière.

Le chauffeur n'attend plus que Sydney pour démarrer, ça doit faire vingt bonnes minutes que nous patientons devant l'hôtel. Mon inquiétude pour elle augmente à chaque minute qui s'écoulent alors qu'elle est probablement encore assise à ce bar. Au moment où je m'apprête à sortir pour la rejoindre, elle vient s'écrouler sur le siège passager à l'avant de la voiture. Complètement ivre comme je m'y attendais.

– Laissez-moi vous aider, mademoiselle.

Le chauffeur l'aide à se tenir droite sur son siège et attache sa ceinture. Sydney ne me prête aucune attention bien trop occupée à chercher je ne sais quoi dans la boîte à gants. Durant le trajet, elle ne m'adresse aucun regard se contentant de commenter la manière de conduire de Julian. Au cours de ce trajet j'apprends qu'il travaille pour les Cooper depuis qu'il a 18 ans. Il semble proche de Sydney comme un grand frère. Il ne dit rien sur son état d'ébriété mais ne cesse de la charrier lorsqu'elle esquisse des gestes mal assurés. Un jet privé nous attend, plus spacieux que le dernier.

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant