Chapitre 31

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Stanley :

Une berline noire se gare devant mon immeuble. Le conducteur sort de la voiture et vient se saisir de ma valise pour la mettre dans le coffre, je reconnais ce type. Il s'appelle Julian, c'est lui qui emmène Sydney tous les jours au lycée. L'homme d'une quarantaine d'années se tient droit d'une manière qui lui semble naturelle. Il ne m'adresse pas un mot comme s'il était habitué à ne dire que le nécessaire.

– Je vous en prie, Monsieur Evans, montez. Me dit-il d'une voix dénuée de sommeil malgré l'heure matinale qui n'a pas encore laissé place au soleil.

Il ouvre la portière et la referme, une fois que je suis installé. Une vitre tinté me sépare de lui me donnant l'impression d'être seul dans la voiture.

Au bout de quelques minutes de trajet, nous passons un portail que je reconnais aussitôt, on est chez les Cooper.

La voiture remonte le long de l'allée, contourne la fontaine et s'arrête devant les marches du perron.

J'entends Julian descendre de la voiture, mais je ne vois pas Sydney. J'ai à nouveau la chance d'admirer la beauté de ce manoir qui appartient à cette famille depuis des générations. Beaucoup de rumeurs disent qu'il est hanté ou que des sacrifices de sectes ont été réalisés dans les sous-sols.

Je n'en crois pas un mot, les Cooper sont tarés, mais peut-être pas à ce point-là.

Quoi que quand je vois Victor, je comprends que l'on puisse se poser des questions.

Le chauffeur remonte les marches en pierre et atteint l'entrée. La porte s'ouvre sur une femme d'une soixantaine d'années sans même que Julian ait pris le temps d'annoncer sa présence. La vielle femme porte une robe noire tachée de farine et de jaunes d'oeufs. Ses cheveux coincés dans un chignon bas sont retenus par un épais élastique de la même couleur que sa robe.

Ils semblent discuter quand Sydney fait son apparition, valise à la main, Julian ne perd pas de temps avant de lui prendre et de commencer à se diriger vers le coffre de la voiture.

Ma tutrice de stage fait un bref signe de la main à la vieille dame qui est je suppose la gouvernante de la maison. Cette dernière ne s'en contente pas et la prend dans ses bras avant de déposer un baiser maternel sur son front. Elle lui dit quelque chose que je ne peux entendre et je vois ma tutrice rougir avant de se diriger vers moi.

La portière s'ouvre et Sydney affiche un énorme sourire en s'asseyant à mes côtés.

– Bonjour Stanley.

Je ne perds pas de temps et me penche vers elle pour écraser mes lèvres sur les siennes. Avant qu'elle monte dans cette voiture je ne me suis pas aperçue d'à quel point elle m'avait manquée.

Elle me rend passionnément mon baiser et nos langues se lancent dans un ballet sensuel.

La vitre qui nous sépare du conducteur s'ouvre et Sydney recule, essoufflée.

– Pardonnez-moi de vous déranger, mademoiselle Cooper, êtes-vous prête à partir ?

– Oui, merci Julian.

Il referme la fenêtre et je vois Sydney rougir à côté de moi. Elle fuit désormais mon regard. et se tourne vers la fenêtre regardant au loin sa maison s'éloigner.

Je suis Sydney à travers les nombreux voyageurs de l'aéroport. Les gens s'écartent sur son passage sans même lui accorder un regard. Je me fais bousculer à trois reprises et je manque de la perdre de vue.

Julian nous a laissé livrés à nous-mêmes à l'entrée, mais j'imaginais que Sydney a l'habitude de ce genre de choses. Lorsqu'un trentenaire me rentre dedans, je le fusille du regard ce qui me vaut un combat silencieux entre lui et moi. Voyant qu'il ne compte pas s'excuser, je détourne les yeux en cherchant Sydney qui a disparu. Un main se pose dans mon dos et alors que je pense croiser les yeux bleus que je cherche je croise ceux de l'homme dont la colère bouge encore dans les iris.

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant