Chapitre 11

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Sydney :

– J'en peux vraiment plus Madeline, à chaque fois, il y a un problème avec toi! Il faut toujours que tu te fasses remarquer et que tu poses un problème!

J'ai envie de lui hurler que ce n'est pas ma faute, que je voulais juste éviter à nouveau Lorina, que je ne veux plus aller dans ce lycée.

Mais, je me tais, comme à chaque fois que j'affronte mon père, les mots ne sortent pas, les larmes non plus, ça le mettrait davantage en colère de me voir montrer mes émotions.

Lui et ma mère m'ont éduqué avec des règles qu'ils considèrent indispensables : Ne jamais montrer ses émotions, ne jamais fuir face à un obstacle, toujours se montrer sous son meilleur jour et surtout le plus important toujours être transparents, ne jamais laisser les autres lire dans nos pensées et se faire bien voir par la société.

Alors, je me redresse sur le canapé du petit salon de notre manoir familial, je croise les jambes et pose mes mains dessus.

La jupe de mon uniforme ainsi que ma chemise sont froissés à cause de ma sieste improvisée sur le sol.

Je lève mes yeux sur mon père qui se donne le droit de me faire la leçon comme à une enfant alors qu'il ne m'a pratiquement pas élevé, mais évidemment il ne me laisse pas le temps de parler et enchaine :

– J'ai tout fait pour toi, je t'ai donné la meilleure éducation qu'il soit, je t'ai offert tout ce dont tu avais besoin et envie, je t'ai construit un avenir ranger et tu me remercie de la sorte ?! Mais qu'est ce que je t'ai fait pour mériter ça hein ? Pourquoi tu ne peux pas te comporter normalement ? Pourquoi tu n'es pas comme tes sœurs ?

Je me retiens de pleurer, ça commence à faire beaucoup pour une seule journée.

Je veux juste aller dans ma chambre et pleurer jusqu'à ne plus être capable de produire des larmes et sombrer dans le sommeil.

Mais, mon père me fait comprendre que ce n'est pas de sitôt, il continue à énumérer tout ce qui le déçoit dans mon comportement et à quel point il m'a tout servi sur un plateau, à quel point j'ai de la chance et que je la gâche.

Je n'ose plus le regarder, je baisse les yeux vers mes mains et attend patiemment qu'il ait fini de déverser sa colère sur moi. Si j'avait un tant soit peut de courage je lui demanderais d'aller chercher la femme de ménage pour me faire la morale à sa place. Elle à plus été un parent pour moi que cet homme debout face à la cheminée qui me fait la morale. J'ai assimilé depuis longtemps le fait qu'il me déteste à tel point que ça ne m'atteint plus. Du moins c'est ce que je tente de me faire croire. Le bruit de la porte du salon qui s'ouvre le coupe dans son interminable monologue pour laisser entrer ma sœur Jenny.

Elle est rentrée ce matin de son voyage à Monaco.

Malgré ma demande, mon père a refusé qu'elle prenne en charge Stanley, il estime que je peux au moins faire ça pour lui.

Elle me jette un coup d'œil inexpressif dans lequel je devine tout de même ses reproches silencieux à mon égard puis, elle regarde notre père.

– Papa, maman, demande si tu en as encore pour longtemps ?

Il souffle et lui dit en me jetant un regard noir :

– Non, nous avons fini.

Dans un couinement, ses chaussures neuves indiquent qu'il tourne les talons sur le parquet ciré puis, il sort en claquant la porte derrière lui faisant trembler les murs pourtant solides autour de nous.

Je sens le canapé s'affaisser à côté de moi, je n'ai pas besoin de la regarder pour savoir que Jenny est assise à côté de moi et m'observe.

Je relève la tête et me concentre sur la cheminée en marbre blanc à foyer ouvert qui habite en son intérieur, un feu de bois qui crépitant à mesure que les flammes submergent les buches, devenant petit à petit de la cendre poudreuse et poussiéreuse.

My dear internOù les histoires vivent. Découvrez maintenant