Chapitre 8 : Médée

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P.D.V Médée

Phèdre me surnommait son petit alien. Ce surnom devint si populaire que tous les membres du corps médical se mirent à m'appeler ainsi à leur tour. C'était son superpouvoir, cette manière de se faire aimer de tout le monde : même quand elle faisait des bêtises, on ne la grondait jamais vraiment. J'enviais cette capacité d'adaptation, cette manière dont elle changeait de peau en fonction de son interlocuteur, si bien qu'on se demandait bien qui était la vraie, moi, je la connaissais. Elle n'était pas parfaite, mais elle était mon monde.

Voilà pourquoi maintenant personne n'est là pour venir me chercher, enfermé, allongé sur le sol de mon dressing, admirant la projection astral envoyée sur le plafond. Personne n'est là pour me dire que tout ira bien, que je puisse sortir sans craindre de mourir à la seconde même où je quitterai cette pièce. Elle mentait, malheureusement, elle mentait si bien que je suis sorti et j'ai failli en mourir.

Le bruit dans ma chambre me réveilla de ma transe passagère, éteignant le projecteur avant de me relever pour comprendre ce qui s'y passait. Mimi s'était mise en mode nettoyage de printemps en plein automne, faisant plus de broua qu'autre chose. La voir s'agiter dans tous les sens en chantonnant un air entraînant me fit oublier le capharnaüm qu'elle mettait. Pauvre Sebastian, il risque de s'arracher les cheveux en voyant cela.

M'apercevant du coin de l'œil, celle-ci se précipita vers moi, paniquée.

— Madame, je vous croyais de sortie, paniquant d'être prise sur le fait, voulant sûrement me faire la surprise en rentrant d'avoir réaménagé ma chambre pour la rendre plus agréable.

— Ce n'est pas grave, la rassurais-je, incapable de lui en vouloir d'une quelconque manière.

— Je voulais vous faire la surprise pour mettre votre chambre aux couleurs de l'automne, fit-elle sa moue des plus adorables, même si tout changement dans ma chambre m'empêche d'y dormir jusqu'à ce qu'elle reprenne son équilibre initial.

— Tu veux de l'aide ?, lui proposais-je, même si d'ici à la fin de la journée Magda et Sebastian auront demandé au jumeau de tout remettre en place.

— Oh, ce n'est pas à vous de faire cela ! se mit mon adorable soleil dans tous ses états.

— J'en ai envie, avouais-je en me penchant dans le carton pour en sortir les décorations prévues.

Peut-être que j'arriverai à supporter ce changement, tout du moins une nuit ou peut-être deux. Après tout, je peux survivre deux jours sans dormir si cela m'offre son sourire en échange. Il faut croire que je ne suis pas réellement seul, n'est-ce pas Phèdre ?

Il ne me reste plus qu'un rendez-vous avant d'avoir fait le tour des cinq, même si pour le coup celui-ci avait un tout autre but que celui d'apprendre à se connaître. Avec l'aide de Magda, j'ai réussi à découvrir que la femme qu'aimait Anastasia était devenue depuis peu une de nos Corneilles, par conséquent résidant dans le nid de ses frères et sœurs oiseaux se trouvant à l'est de la ville. Voilà pourquoi je me retrouve une seconde fois embarqué dans un road trip improvisé avec la Reine de notre maison. Cette fois-ci sous la surveillance rapprochée de Magda.

— Donc, vous pensez que ce chef de Corneille sera nous en dire plus sur sa disparition soudaine ? redemanda une seconde fois Anna, encore un peu perdue par tout cela.

— Si elle sait quelque chose, en tout cas elle nous le dira, dis-je vaguement pour éviter de lui donner de faux espoirs.

— Je n'en reviens pas que j'ignorais cela d'elle, soupira cette dernière depuis qu'elle a appris que sa petite amie était une de nos espionnes infiltrées. 

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant