Chapitre 22: Médée

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P.D.V Médée


Le besoin de m'isoler loin de toutes ces nouvelles sources de tracas se fait de plus en plus ressentir. Surtout enfermé dans cette salle stérile, remplie de gens voulant abuser de ce qu'ils considèrent comme mon inexpérience. Du haut de ma cabine, je les observe et les écoute débattre des mêmes sujets avec un ennui démesuré. Des rapaces attendant leur heure pour courber l'échine dans l'espoir de devenir mon nouveau marionnettiste. Le terme correct est actionnaire, même si, à mes yeux, ils sont tous des clones. Des hommes privilégiés à l'orgueil démesuré qui ne voient qu'en moi un ticket pour obtenir la mainmise sur l'empire de mon géniteur. Il est bien sûr incongru pour l'un d'eux de s'imaginer que je puisse être celle qui tire les ficelles.

" L'orgueil des puissants est ce qui causera leur chute", c'était ce que Phèdre me répétait tout le temps lorsqu'elle faisait d'eux des cibles pour obtenir assez d'argent pour me maintenir en vie.

— Il est important pour les industries Lancastre de se focaliser sur de nouvelles innovations technologiques de manière à accroître notre avance déjà considérable sur le reste, affirma tel un politicien l'un d'entre eux.

Une évidence même. Parler pour ne rien dire semble monnaie courante de leur point de vue. Se contentant d'énumérer des requêtes sans jamais aboutir à de véritable solution, sans chercher à faire mieux, à créer. Se contentant d'exiger des résultats. Laissant le loisir de faire le reste à la seule femme ici présente. Quelle ironie. Un sourire narquois prit place au coin de mes lèvres en les imaginant sans les milliards en leur possession, qui pour la plupart sont un héritage. Non loin de moi d'oublier que ma place est uniquement dû à la génétique. Je suis le produit d'un homme plus puissant qu'aucun d'eux, des privilèges à faire pâlir d'envie plus d'une personne, dès contrainte à en faire fuir bien plus, surtout si la morale paraît avoir une place importante dans leur esprit. Néanmoins, je n'oublie pas que je suis un produit, et que derrière, on a des attentes vis -à -vis de mes résultats. Et le croquemitaine n'est pas du genre à en demander peu. Il donne et en demande le centuple.

— Mademoiselle, Madame Mohamed au bout de la ligne, me signala Mimi à mes côtés avant de me tendre le téléphone.

— Bonjour, Fatima, que puis-je pour toi ? m'adoucis-je presque automatiquement de la savoir d'une certaine manière près de moi.

— J'ai des nouvelles sur l'enfant, il semble qu'ils la recherchent.

Le ton plus bas qu'à son habitude me fit comprendre qu'elle était en pleine filature.

— Peux-tu parler librement ? me fis-je brève, en faisant signe à Mimi de préparer mes affaires.

— Le café près de la grande place, tu sais, celui qui fait des pancakes en forme de cœurs, oui, celui-là.

La manière candide de prononcer ses mots m'indiqua clairement la situation. Une astuce d'espionne qu'elle avait développée au cours de sa carrière. D'une certaine manière, celle-ci venait de me sauver d'une réunion des plus ennuyantes.

Installée à une table en hauteur, celle-ci mime le fait de se prendre en photo pour observer un groupe d'individus à quelques tables d'elle. Ne voulant pas attirer leur attention, je me mets à une tout autre table loin de leur périphérie de vision. Une serveuse nous demanda notre commande et je lui glissai une somme assez conséquente pour qu'elle fasse passer une serviette à mon amie avec inscrit dessus un code que nous avions préétabli au début de son contrat. Quand Fatima s'essuya les lèvres avec le papier, elle put lire l'inscription et, sans chercher à me regarder, m'indiqua les directives à prendre dans la langue des signes britannique. Je laissai Mimi pour assurer les arrières de ma partenaire pendant que je quittais les lieux pour rejoindre un des jumeaux prévu en cas de manœuvre plus musclé que ce que je ne l'aurais prévue.

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant