Chapitre 13: Levylovitch

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P.O.V Levylovitch


Prélever, peser, analyser, comparer, annoter. Répéter cela sur chaque organe était une routine, tout ce qui est de plus sommaire à mes yeux. Chacun de ses patients était une relique d'une vie passée qui mérite que l'on la comprenne avant de la laisser retourner au cycle. Se créer une discipline stricte et continue est sûrement la seule méthode pour rester sain d'esprit dans le monde actuel.

Aux alentours de 2 heures 37 du matin, mon corps me signala son besoin de dormir. Traînant mon corps jusqu'à ma chambre à côté de celle de Will, duquel sortait la lady, visiblement troublée. S'éternisent 3 minutes et 55 secondes avant de repartir dans la sienne, très certainement. Cette donnée ne coïncidait pas avec les possibles hypothèses se formant dans mon esprit. Ne pas avoir de réponse à un problème faisait partie de mes pires angoisses, comme si les câbles de mon esprit étaient détériorés par une lame morceaux par morceaux.

Que Nick cède à ses pulsions ne m'étonnait pas le moins du monde. Il aimait les plaisirs de la luxure comme Eiji et Anna, ces derniers ne s'en sont jamais cachés. Mais Will ne le fait que pour évacuer tous ses ressentiments, et ceux dans des conditions très précises. Alors la savoir dans sa chambre à cette heure ne correspond pas du tout à ses caractéristiques. Imaginant très mal cette femme se soumettre au penchant de mon ami.

La porte ouverte, je pus décrypter les environs qui une fois encore accentué cette théorie farfelue. Le lit défait avec une telle intensité que l'on imagine bien deux corps en plein combat ou extase. Le bruit de la douche, signe d'une hygiène post coïtale.

En m'approchant de la salle d'eau, je cognai deux fois sur le bois de manière assez forte pour qu'il se rende compte que cela ne pouvait pas être elle. Quelques minutes plus tard, l'eau se coupa et le frottement d'une serviette, puis de vêtement froissé, résonna avant qu'il ne m'ouvre.

Sa mine n'avait rien d'une expression d'après coït, mais bien plus à celle après une crise mêlée à la honte qu'elle l'ait vue. Le futur duc passa devant moi pour enfin reposer sa jambe qui lui faisait souffrir le martyre. Forçant sur sa prothèse tous les jours pour qu'il soit humainement impossible de savoir qu'il en porte une, lui crée des crampes sur la cuisse presque perpétuellement en plus d'une fatigue musculaire. Le regard des gens lui importe, lui qui a peaufiné son image de parfait héritier depuis des années ne pouvait se permettre que cette réputation soit entachée. Je ne le comprenais pas, mais j'ai respecté ce point de vue. Pour ma part ce soucié de ce que les gens pensent, c'est une perte d'énergie et de temps.

— Ma soirée a pris un virage des plus étranges, soufflant ses mots comme s'il les expulsait de son corps.

— Tu l'as laissé dormir avec toi ? Cherchant à récolter les informations manquantes à mon analyse.

— Elle s'était endormie sur mon fauteuil blotti contre ma veste, cela n'aurait pas été galant de la laisser dormir ainsi, se mit-il sur la défensive.

— Je ne te juge pas si c'est ce que tu penses, je cherche juste à comprendre.

— Je sais, je sais, répétant cela plusieurs fois, comprenant que c'était plutôt à lui qu'il rendait des comptes.

Cette manière de se dédoubler pour se juger me troublé toujours. Prendre du recul sur moi ne m'a jamais traversé l'esprit, je ne comprends même pas comment ce processus est possible. J'agis avec logique et par conséquent, le besoin de remise en question n'est pas nécessaire.

— Elle m'a vu avoir une crise et je... Je l'ai blessé au poignet, son corps trembla tellement cela le dégoûta.

— Tu veux que je l'ausculte ? Me fis-je pragmatique, même si j'étais sûr que même inconsciemment, il ne lui ferait aucun dommage trop prononcé ?

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant