Chapitre 14: Médée

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P.D.V Médée


Les compétences en informatique du lord ont, je dois le dire, le mérite d'être efficace, moins bonne ni aussi rapide que Mimi, mais pour sa défense personne n'est aussi doué qu'elle. Sa manière à lui de récolter des informations ne se décrit qu'en trois mots : à son image. Organisée, méthodique et presque obsessionnelle.

Les analyses des prélèvements de Levy commencent tout doucement à arriver et confirment une à une ses théories, signe qu'il connait son métier même mieux que Sebastian. Une fascination pour sa manière d'opérer naquit en moi, il y avait quelque chose de poétique dans chacun de ses gestes. Agissant tel un artiste peaufinant sa toile au détail près. M'improvisant assistante, annotant et apprenant chacun de ses procédés. Le corps humain n'avait aucun secret anatomique pour moi, l'ayant étudié en long et en large lors de mes heures d'études à la clinique. Il faut dire que j'en avais du temps à tuer.

— Je pense avoir retrouvé l'enfant, déclara le traqueur, les yeux toujours fixés sur ses écrans.

Une photo d'une collégienne s'afficha, elle devait avoir une petite dizaine d'années. Ses traits n'étaient plus aussi candides, mais l'on la reconnaissait bien dans sa robe bordeaux.

— Milana Mezza élèves d'un pensionnat privé pour fille, âgées de 11 ans, passionné par l'art et la bande dessinée, orpheline depuis trois ans, sa scolarité a été financée par ses parents avant leur mort, lisant le dossier de manière à enregistrer chaque donnée.

— La photo des parents ne correspond pas à notre victime, mais il est fort probable qu'elle est falsifiée le dossier pour la protéger, un acte assez courant chez les familles d'espions ou de mafieux par exemple, précisa le prince.

— Vous pensez qu'elle entretenait encore une correspondance ? tentais-je de m'imaginer la relation que toutes les deux pouvaient entretenir.

— C'est probable, mais c'est encore une enfant, il est préférable d'étudier cela de notre côté avant de la mêler d'une quelconque manière à cette histoire, se fit-il presque autoritaire, comme si cette petite compter pour lui.

Il est le seul de leur fratrie improvisée à avoir de cadet biologique. Cette situation devait donc réveiller en lui un sentiment de protection fraternelle, ou est-ce autre chose ? Comme une ombre planant sur lui, un secret enfuit si profondément qu'il m'était impossible de mettre la main dessus. Par réflexe, je frottai le bout de mes doigts avec mon pouce pour estomper ce sentiment de démangeaison qui me piquerait l'épiderme.

— Mademoiselle, m'interrompit Sebastian en faisant son apparition d'une mine conscrite.

Ne prenant pas la peine de lui demander ce qui l'amenait, sachant pertinemment qu'il ne me dérangerait pas sans raison, alors je quittai le duo pour le suivre en dehors de la morgue.

— La tour demande à vous parler, m'annonça-t-il la raison de sa venue.

— T'a-t-elle avoué de quoi il voulait me parler ? m'agaçais-je déjà d'avoir à revoir cet homme imbu de sa personne.

— Non, mais cela semblait être important.

— Bien, je vais aller me rafraîchir à la salle d'eau avant de partir, ne supportant pas de garder l'odeur de la mort sur moi en dehors du lieu où je l'associais.

— Il vous attend déjà dans votre bureau.

M'arrêtant net à ses mots. Les pions ne se sont jamais déplacé pour venir à ma rencontre, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : la conversion s'annonçait des plus pénibles encore que je ne me l'imaginais.

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant