Chapitre 32: Médée

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P.D.V: Médée

J'ai un palais exigeant, c'est un fait que je ne peux pas nier. Chaque chose rugueuse, gluante me fait rendre mon repas dans la minute, par conséquent, la sonde alimentaire a longtemps fait partie de mes grands amis pendant mon hospitalisation forcée, jusqu'à ce qu'il me retrouve. Le souvenir d'une infirmière toute particulière me revient à l'esprit, me gavant de force puisque je n'étais qu'une simulatrice selon ses dires. Phèdre lui avait fait prendre plusieurs laxatifs pour lui faire comprendre ma douleur. Elle était ainsi : vengeresse et protectrice. Son expression préférée : Quel est mon nom ? Phèdre ? Non, quand il s'agit de toi, mon nom est Karma. Son amour, aussi complexe soit-il, n'avait aucune limite quand cela me concernait. Et pourtant, me voilà dans une chambre entouré de deux de mes prétendants en train de manger une pizza.

Si la forme ronde me plait assez, la texture du fromage me fait particulièrement peur. Et si cela se révèle gluant ou alors me gratterait la gorge ? Percevant mon trouble, Nick posa sa main sur mon genou pour le caresser de son pouce.

— Si ce plat ne te plait pas, je peux te préparer quelque chose qui te convient plus, il suffit de m'en préciser les critères, me proposa-t-il avec un sourire des plus chaleureux.

— Tu ne manges pas de pizza ? Pourquoi avoir accepté notre proposition ? Demanda Eiji assez étonné et peut-être même inquiet.

— Eh bien, il me semble important d'essayer de nouvelles choses, ne voulais-je pas avouer qu'en fait, je voulais surtout essayer de paraître normal.

Prenant une grande bouchée de cet étrange plat, laissant mes papilles analyser sa texture, sa forme, son goût de manière à savoir si oui ou non ce mets pourrait se catégoriser dans ma liste limitée de plats acceptables, voire délicieux. Étonnamment, cela ne me déplut pas, la texture du fromage assez liquide pour ne pas être caoutchouteuse, liée à celle légèrement acide et sucrée de la tomate, déposée sur une pâte juste assez cuite. Tout cela formait une harmonie délectable qui me fit dévorer ma part sans plus de cérémonies. Bon, avec un couteau et une fourchette, l'étape de manger avec mes mains est loin d'être abordable.

J'entendis le petit rire satisfait des deux, sûrement une petite moquerie de mon étrangeté.

— Tu es à croquer Lancastre, souligna le soldat, toujours sa main posée sur mon genou, le caressant avec une douceur toute nouvelle.

Incapable de répondre à quoi que ce soit, j'essayai de cacher les rougeurs naissantes sur mes joues. Ce qui malheureusement ne lui échappa pas.

— Bien, et si l'on profitait de cette soirée pour en découvrir plus sur chacun, puisque sans l'entretien avec la cavalière, nous sommes au point mort, proposa Eiji en se frottant les mains.

— Ce lieu possède peut-être des secrets que l'on pourrait étudier ? Essaya de se défiler Nick.

— Organisé par l'empire Lancastre, par conséquent rien n'est laissé au hasard, même si on fouille brique par brique, nous n'en apprendrons pas plus que ce qu'il désire nous transmettre, précisais-je, mettant ainsi fin à ses espoirs.

Se redressant subitement, le troubadour partit chercher trois verres qu'il coinça entre ses doigts et une bouteille de bourbon.

— Est-ce abusé de ton envie d'aventure que de te proposé un petit jeu d'alcool mademoiselle Lancastre ? demanda ce dernier avec une moue taquine d'un enfant préparant un mauvais coup.

— L'alcool n'est pas quelque chose que je méprise, avouais-je en ramenant mes jambes sur le côté.

Nous voilà maintenant installés en cercle sur les trois fauteuils que compte cette suite. Pendant que le musicien versa les trois verres, le sportif tapa du pied nerveusement. Par automatisme, je lui pris la main et la caressai de mon pouce comme il l'avait fait pour moi. Cela devait lui plaire puisqu'il sera plus fort sa prise, sans aucune once de violence.

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant