Chapitre 34 : Médée

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P.D.V Médée

La douce lumière à peine naissante de l'aube fut pour la première fois ce qui provoqua mon réveil. La chaleur moite de cette étreinte qui n'a fait que se renforcer pendant la nuit avait agi sur mon corps comme un baume apaisant, chassant une à une mes terreurs nocturnes. Le souffle de Nick frôlant ma nuque alors que la musique dans mes oreilles me permettait de ne pas entendre les notes moins agréables d'un ronflement.

Ce fut la main d'Eiji qui acheva mon réveil en me caressant la joue du bout des doigts.

— La belle endormie quitta Morphée à l'aide de l'envoûtement de la flûte de pan ou alors est-ce que seul le baiser du prince charmant peut venir à bout de cette malédiction ? récita ce dernier tel un troubadour.

— Certaine version parle du fait que ce serait l'enfant née du crime du père qui aurait finalement sauvé la mère, une manière bien moins glamour de percevoir ce conte qui oublie bien trop rapidement la notion de consentement, ne pus-je m'empêcher de répliquer en bonne lectrice que je suis.

— Vos lèvres doivent être bien charmantes, mais pour moi, rien ne vaudra le son que vous émettrez lorsque vous fonderez sur les miennes, et pour cela, il vous faut le désirer pleinement, mademoiselle Lancastre.

Se rapprochant de mon oreille pour me susurrer cela, alors que sa main se posa sur mes hanches et ma nuque, prêt à me rapprocher une fois le moindre signal constaté. Son espièglerie étant revenue en même temps que son intérêt pour moi, elle ne pouvait que me ravir, alors à quoi bon se priver de cette dernière échappée avant le retour à la réalité.

Me lançant sur ses lèvres pour enfin en découvrir la texture. Il ne lui en fut pas plus, car son corps se mouvant de lui-même, répondant mutuellement à l'appel de l'autre. L'embrasser, c'est comme jouer avec lui, intense et éprouvant émotionnellement. Se sentir tel un bateau ballotté en pleine mer et pourtant charmé par le fracas des vagues à la lueur de la lune. Mes sens perdent peu à peu pied pour devenir sensation et frustration de ne jamais être rassasié. J'en voulais plus, tellement plus. Surtout, quant à l'océan, se mêla le brasier de l'homme se tenant juste derrière moi en pleine exploration de ma nuque avec ses lèvres.

— Il semble que notre Ballerine ait envie de participer à un nouveau de ses protocoles ?

Question purement théorique au vu des faits, mais qui ne manqua pas de réveiller mon esprit scientifique en quête perpétuelle de réponse. Chacune de mes mains se faufilent pour agripper la chevelure de l'un et de l'autre. La légère morsure que m'offrit le soldat me confirma son appréciation, notamment lorsque l'une des siennes se faufila vers le bas de mes hanches avant de trouver l'objet de sa convoitise. Lui offrant un meilleur angle pour mieux me rappeler la dernière fois qu'il m'avait enflammé. Lorsque les premières notes de sa partition jaillirent de ma gorge, le musicien quitta mes lèvres avec un sourire mutin sur les lèvres.

— Charmante muse, voilà que vous m'offrez la plus sensuelle des chansons, continuant de me provoquer de sa voix éraillée entre le réveil et l'extase.

— C'est une excellente musicienne, mais elle est encore meilleure en tant que danseuse, me provoqua à son tour le sportif en arrêtant son jeu pour me manipuler tel une poupée et ainsi me retrouver sur le visage du troubadour qui décida de faire de moi son instrument.

— Oh... c'est tellement ..., perdis-je les mots tant je me laissais faire sous leur emprise.

Pour la première fois, mon corps ne cherche plus à avoir le contrôle, mais à le leur donner pleinement, évacuant ainsi toute la frustration, la peur, la douleur accumulée depuis ces derniers jours. Si bien que lorsque vient l'orgasme, mon esprit le rejoint pour me laisser planer loin de cette prison charnelle qu'est mon corps. Cette euphorie qu'avale goulument Nickolai au coin de mes lèvres alors que son ami a provoqué ma chute sous sa langue experte. Me sentant à la fois si loin de moi et si proche d'eux en cet instant. Me dissocie de mes rôles pour n'être qu'une planète enveloppée entre sa lune et son soleil.

Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant