Acte 1 : pour la main de Médée ( reverse harem )

Chapitre 21 : Levylovitch

P.D.V Levylovitch

Ce qui est plaisant quand vos patients sont déjà morts, c'est de ne pas avoir à réfléchir comment formuler les mauvaises nouvelles qui les conduisent à cet état. Si la mort n'a que très peu de secret pour moi, la vie, elle semble dépourvue d'information logique que je peux assimiler de manière permanente. L'esprit se renouvelle sans cesse et existe sous une forme infinie de corps. Pour moi qui ai du mal à interpréter les sentiments et les réactions de mes pairs, ces détails ne font qu'approfondir le fossé entre moi et eux. Quand je commence à en comprendre un, il change, modifiant ainsi tous mes paramètres préétablis.

L'anatomie ne possède pas de réaction inexplicable par des facteurs tangibles. Chaque virus, blessure, maladie... provoquant une réaction en chaîne qui me faut juste remonter pour comprendre les raisons de sa venue dans mon cabinet. Certaine énigme demande plus de temps et d'attention, ce qui est d'autant plus plaisant de travailler dessus, tel que celle à laquelle je fais face en ce moment.

Le corps de cette mystérieuse colombe reposant face à moi dans la candeur de la délivrance éternelle tel un casse-tête à vous en retourner le cerveau. Les prélèvements n'ont révélé aucune correspondance avec l'ensemble des poisons connus de ma base de donnés, qui a pourtant le mérite d'être plus étendu que celle des services secrets américains.

— Des nouvelles, des analyses ? me sortit de mes réflexions l'héritière aussi discrète que la souris qu'elle est.

— Aucune correspondance connue, me fis-je bref en faisant rouler ma chaise jusqu'à mon bureau pour m'y réfugier.

— Puis-je en avoir un échantillon ? cette requête aux consonances ressemblant plutôt à une injonction.

— Bien sûr, cherchant après celle-ci dans mon tiroir avec mes autres lames de microscope et les flacons sanguins.

Silencieusement, cette dernière posa une mallette étonnante sur une de mes tables de travail. Un scanner rétinien permit l'ouverture robotique, à l'intérieur plusieurs caissons illuminés de led bleu pâle, renfermant ses outils que sa machine stérilisa à sa demande. Assez impressionné, je dois l'avouer par cette création terriblement élaborée. Puis, elle leva ses poignets et ses gants se mirent à prendre la texture du latex comme par magie avant de s'illuminer de l'intérieur pour les stériliser par luminescence. Une technologie révolutionnaire. L'héritière due se rendre compte de mon regard persistant, car elle prit la parole.

— Si vous voulez vous joindre à moi, je serai ravie d'avoir votre point de vue sur la théorie ?

— Qui est ?

— Je pense que ce poison est en fait un virus implanté par nanotechnologie et contrôler à distance, ce qui expliquerait la rapidité et aussi le fait que l'on n'en est trouvé aucune autre trace dans la voiture.

Intrigué par cette perspective, j'enfile mes gants pour la rejoindre. Son matériel organisé et délimité par une ligne de néon blanc me fit penser à la manière dont Will associer chaque chose par pair. Je suis quelque peu maniaque sur les bords, mais ces deux-là semblent me surpasser sur certains points. Beaucoup me sont familiers, mais d'autres paraissent tout droit sortis de ses séries de science-fiction qu'adore Nick. Il est de notoriété publique que les Lancastre sont une famille sans aucune mesure commune, aucun rival possible, aucune limite, mais tellement secrète. Avant que le jeu ne soit lancé, personne n'avait jamais entendu parler d'elle. Imaginant que le titan qui avait créé cet empire n'était lui-même qu'un mythe. On ne peut pas dater l'empire, tout ce qu'on sait, c'est qu'il a toujours été plus ou moins là et que depuis peu, on connaît le nom du souverain et de son héritière. Tant de raison de me provoquer des insomnies, à la recherche de réponse à tous ces questionnements repassant sans cesse dans mon esprit comme un parasite ne voulant pas quitter mon esprit.