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Joy

L'odeur et la sensation de l'herbe sèche me réveillent. Je sens une atmosphère différente. Je la connaissais bien, même trop. C'est celle de la forêt de la dernière fois. Sauf que j'ai l'impression que le temps ne s'est pas écoulé de la même façon.

— Eh jeune fille ! Vous allez bien ? m'interpelle une voix masculine.

Tiens ! Je suis avec cette même tenue que la dernière fois.

Je fais enfin face à mon interlocuteur, après une quinzième seconde de réflexion.

— Emmy !?

— Matt ?!

— Que fais-tu dans le coin ? Tu as passé la nuit-là ?

— Attends Matt, quel jour on est ?

— Le vingt juin, pourquoi tu demandes ça ?

Oh mon Dieu, ne me dis pas qu'ici, je n'ai disparu qu'une seule nuit !?

— Heu... pour savoir. Tu as ta moto ?

— Oui comme d'habitude. Tu veux que je te ramène chez toi ?

— Tu as tout compris et je t'explique en rentrant pourquoi j'étais là. Vu que je sens que tu vas me forcer à tout te dire et que tu ne vas pas me laisser rentrer, comme si de rien était.

Il me torture dans tous les cas de questions. Vu que pour moi cela fait plus d'un an que je suis partie. Leur accent m'a manqué.

Matt ou Mattieu est un de mes camarades de classe et aussi un gros têtu sur toutes ces facettes - de quoi faire un caractère bien trempé ! - il est brun aux yeux noisette. C'est un garçon relativement grand et on est sorti ensemble pendant nos quatre années de collège. Notre relation s'est bien terminée et nous sommes restés très complices.

Il me nomme encore par mon deuxième prénom. Arrivé à l'intérieur, je lui propose de s'asseoir sur l'un des tabourets positionnés autour de l'îlot central.

— Tu veux boire quoi ? demandais-je.

Il me demande si j'ai du Coca, ce que j'acquiesce. Je le lui porte son verre et me fais la remarque que malgré le temps, j'ai toujours mes repères et mes habitudes.

— Donc tu m'expliques, dit-il en prenant une gorgée de son soda.

— J'ai attrapé chaud hier et je suis tombé dans les pommes. Quand tu es arrivé, je venais juste de reprendre connaissance.

— Et tes parents sont en déplacement, me coupa-t-il.

— Tu es perspicace ! Mes amis sont partis avant donc aucun moyen que quelqu'un ne s'inquiète.

— Prends une gourde avec toi et préviens-moi en avance pour que je t'accompagne. Ce n'est pas souvent que tu restes seule et surtout en température que de sécheresse.

— C'est adorable, mais je n'avais juste pas pris d'eau avant de partir.

— Tu as aussi pris un chemin différent de ton itinéraire habituel.

Il se souvient de ça ?

— Je n'aurais pas dû, mais la route était barrée !

— En observant mieux tu aurais vu le passage exprès pour les piétons. Il était disponible.

— Tu sais que je n'aime pas avoir tort Matt.

— Et c'est pour ça que je m'amuse à te le rectifier, dit-il d'un sourire malicieux.

— Je te hais ! Et depuis quand tu passes par là ?

— Avec mon pote, on a l'idée de faire une sortie moto. Alors je regarde les environs.

— Le destin fait bien les choses...

Un trousseau de clés s'entend et une femme vient se mettre à l'intersection de notre entrée.

— Tiens Mattieu, que nous vaut cette visite ? demande ma mère revenant du travail.

— Je venais voir Joy. Elle est seule ce week-end, donc je me suis proposée comme compagnon !

Il ment bien sûr.

Ma mère m'embrasse la joue et me laisse parler avec Mattieu jusqu'à ce qu'il rentre chez lui. La routine lassante que j'avais reprenait place, que du bonheur...

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