QUINZE

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  Il s'agissait du même format de session d'échange qu'habituellement, sauf que celle-ci en particulier se déroulait au soleil, à dix mètres d'une piscine de camping. Les mêmes pensées traversaient la tête de Valérian, celle exprimant son ennui, son manque de foi dans le fonctionnement du programme, sur la stupidité de certains et d'autres choses encore.

Ce qui changeait était le fait qu'il ne partageait pas cette session avec son ami Léandre, ce qui rendait le moment encore moins agréable. Il ne comprenait pas pourquoi les deux psychologues avaient décidé de changer les groupes, mais tout ce que Valérian savaient c'étaient qu'ils étaient abrutis l'un comme l'autre.

Le garçon aux cheveux de blé n'avait pas son camarade avec qui échanger quelques phrases ou quelques blagues, et ça l'agaçait. Cependant, malgré l'absence du bouclé, la séance aurait pu être pire. En effet Tibério ne faisait pas partie de ce groupe d'échange, ce qui soulageait le jeune homme, même s'il aurait bien voulu évaluer le comportement du rasé auprès de Léandre. Valérian n'était toujours pas convaincu que le Mexicain avait seulement échangé quelques mots avec Léandre et qu'il ne l'avait pas du tout menacé. Le garçon à lunettes aurait voulu les observer, mais les deux psychologues semblaient une fois de plus contre lui.

Le jeune à la chevelure dorée écoutait d'une oreille distraite les autres participants, son esprit analysant la soirée de la veille. Or tout à coup sa tête balaya ses pensées pour se concentrer un peu plus sur les échanges qui avaient lieu tout à coup. En effet la parole fut donnée à Halima et son jumeau Ayoub, les deux étant arrivés récemment Valérian ne savait pas ce qui avait amené les deux à prendre part à ce genre de programme.

Halima fut celle qui prit la parole en première, elle semblait assurée, même si les mots qui franchissaient ses lèvres résonnaient dans sa poitrine douloureusement, son cerveau repassant sûrement des scènes terribles.

- Ayoub et moi avions les mêmes amis. Nous sommes allés à une soirée il y a trois mois, ce n'était pas nous qui conduisions mais un ami. Cet ami avait bu, pas à en être ivre mort, mais quand même trop pour prendre le volant. Il a insisté pour conduire, étant donné que nous étions dans des états clairement pire.

La jeune femme prit une pause pour regarder son frère, lui adressant un sourire triste et désolé, puis elle enchaîna avec une légère incertitude dans la voix, la faisait trembler d'une façon à peine perceptible.

- Nous avions quand même pris la route, des routes de campagne. Il était très tard dans la nuit, la probabilité de croiser du monde était assez faible. Mais elle n'était pas nulle...

Valérian comprit, comme les autres, ce qui était arrivé ensuite. Cependant personne ne prit la parole, tout le monde resta silencieux, jusqu'à ce qu'Halima finisse de parler.

- Au bout d'une trentaine de minute de route, une voiture est arrivée en face de nous. Ou plutôt, notre ami s'est déporté sur la mauvaise voie, roulant plus vite que la limite autorisée. On s'est pris la voiture de plein fouet.

La jeune femme avait réussi à rester assez détachée de toute la situation jusque-là, cependant ses yeux s'emplirent tout à coup de larmes, sa voix se bloqua, l'empêchant de prononcer le moindre son et finalement ses épaules s'affaissèrent tandis que ses larmes dévalèrent ses joues.

Ayoub s'empressa de poser une main pleine de compassion sur l'épaule de sa sœur et continua à sa place.

- Avec Halima nous avons eu beaucoup de chance, nous étions à l'arrière et nous nous en sommes sortis avec quelques blessures sur le corps à cause du verre, des bleus et des coupures. Ce n'a pas été le cas pour notre ami ou bien la femme qui conduisait la voiture d'en face.

Ancolie et PétuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant