Le temps était nuageux, déprimant, collant parfaitement avec l'humeur de Valérian. Depuis qu'il avait ouvert les yeux le matin même, il était dans un état brumeux, ronchon. Tout semblait se mettre en travers de son chemin, commençant par son téléphone qu'il avait oublié de mettre à charger, par les chaussettes qui se trouvaient soit sans leur pair ou bien avec des trous, par sa clef de voiture tombée dans une flaque d'eau devant la maison, par son service épuisant au Narcisse ou bien par le retard de 20 minutes qu'avait eu le Dr Adams.
Déjà qu'il était venu à reculons au rendez-vous, ressentant comme un mauvais pressentiment, devoir attendre plus que nécessaire ne le mettait pas dans une bonne disposition pour ce moment d'échange avec le psychologue.
L'homme aux cheveux bruns observait son patient, penchant la tête, curieux, il inspira doucement, puis essaya à nouveau de commencer une conversation avec le plus jeune.
- Et si tu me disais ce qui te traverse l'esprit ?
Le blond poussa un soupir qu'il ne tenta absolument pas de cacher. Il croisa ses bras contre sa poitrine, puis roula des yeux avant de prendre la parole d'un ton empli de désinvolture.
- Vous voulez vraiment que je vous dise ce que j'ai dans la tête ?
- Bien sûr, nous sommes ici pour cela. Tu peux tout me dire.
- Je me dis que je perds mon temps, que je suis déjà agacé de votre retard pour notre session et qu'en plus de ça, je n'ai pas vraiment envie de partager quoi que ce soit avec vous.
- Je suis navré pour le retard, c'était une urgence. Pour ce qui est du reste, pourquoi est-ce que tu ressens cette envie de ne rien dire aujourd'hui ?
- Vous n'avez pas compris quoi dans le fait que je ne voulais pas parler avec vous ?
Le ton de Valérian était tranchant, il était à fleur de peau sans trop comprendre pourquoi. Il ne voulait pas discuter, il se demandait même pourquoi il restait assis ici alors qu'il regardait l'horloge toutes les deux minutes pour voir si la session touchait bientôt à sa fin et donc annonçant la fin de cette torture.
Cela n'était jamais arrivé, tout du moins pas avec autant d'intensité. D'habitude il était las, ennuyé, mais aujourd'hui il était d'humeur irritable, chaque chose lui enfonçait un peu plus la tête.
- Je comprends, mais d'habitude tu es assez ouvert. Pourquoi est-ce que ce n'est pas le cas aujourd'hui ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?
- Non, seulement aujourd'hui je n'ai pas envie.
- Ton changement d'humeur peut être dû à plusieurs choses. Je comprends mais je souhaite pointer du doigt que tu ressens de l'agacement, c'est un bon point Valérian. Même s'il s'agit d'émotion négative, tu la ressens.
Le garçon savait ce que le professionnel essayait de faire, il voulait qu'il s'ouvre et qu'il lui parle. Et même s'il avait raison, qu'il pointait du doigt chaque information avec jugeote, il ne souhaitait pas lui accorder le moindre crédit. Valérian ne voulait pas. Alors il se contenta de hausser les épaules et de jeter à nouveau un coup d'œil aux aiguilles, qui ne semblaient pas avancer du tout depuis cinq bonnes minutes.
- Chaque changement comme ça est une victoire. Je pense que cela est dû à plusieurs choses dans ta vie. Est-ce que tu as pu parler avec Valon ?
La réaction du serveur se fit violente.
Il tourna la tête en une seconde, les sourcils froncés et les lèvres pincées, l'expression totalement agacée, confirmant alors à Dan Adams qu'il avait touché dans le mille.
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Ancolie et Pétunia
RomanceRésumé : Néant. C'était ce que Valérian vivait au quotidien. Il pourrait tout donner pour ressentir une quelconque émotion, de la joie, de la tristesse ou de la colère. Mais rien ne semblait fonctionner, même ses rendez-vous chez le psy. Il n'avait...