VINGT-DEUX

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  Un doigt parcourut l'écran pour faire défiler le profil Instagram d'un jeune homme, les photos s'enchainèrent pour s'arrêter sur une photo de groupe. Toutes les personnes présentes sur la photo souriaient à s'en décrocher la mâchoire, ils semblaient heureux, comme un groupe inséparable.

Un soupir s'échappa des lèvres de Léandre puis rapidement il verrouilla son téléphone, laissant sa tête tomber en avant alors qu'il sentit son ventre se tordre légèrement, une nausée le prenant à la gorge tout à coup.

Le bus s'arrêta brusquement, surprenant le brun. Ce dernier releva la tête et comprit qu'il devrait descendre au prochain arrêt. Sa main tremblante vint ramasser le sac qu'il avait posé entre ses pieds, puis vint le placer sur son dos en prenant soin de ne pas s'emmêler avec le fil de ses écouteurs. Son regard se perdit vers l'extérieur alors que ses jambes bougeant frénétiquement sans qu'il ne s'en aperçoive.

Un vieux monsieur détailla le bouclé du regard, il s'arrêta sur les bras frêles du jeune homme puis tiqua. Léandre put sentir le regard du plus âgé sur lui, mais il n'y porta pas attention, au contraire il se contenta de resserrer sa main autour de sa bretelle de son sac puis il se leva quand le bus marqua l'arrêt.

Ses pas s'enchaînaient, son corps se souvenant parfaitement du chemin à faire tandis que sa tête s'échappait ailleurs. Il se perdit dans ses pensées, les unes et les autres défilant avec rapidité dans son esprit. Des couleurs et des sensations parcourant son corps pendant que ses pieds continuaient d'avancer sans faillir.

Léandre revint à la réalité quand il s'arrêta devant un bâtiment qu'il connaissait bien, puis il entra et monta les marches.

Il y avait déjà plusieurs personnes d'arriver, c'était un peu étrange de les revoir dans un cadre un peu plus sérieux, la dernière fois étant le car qui les ramenait du camping.

Les séances avec le Dr Adams ne semblaient pas avoir vraiment d'impact, mais le bouclé aimait le cadre de ce programme, d'être avec d'autres personnes, de sympathiser avec des gens plus ou moins gentils.

En pensant aux personnes gentilles, sa tête se dirigea naturellement vers Valérian. Léandre appréciait beaucoup le blond, il le trouvait attentionné, patient et attachant. Il avait certes des choses qui n'allaient pas, des choses qu'il cachait sans aucun doute. Les moments où il se montrait vraiment vulnérables étaient rares, voire inexistants, il s'exprimait avec détachement à chaque fois qu'il faisait référence à l'accident de ses parents. Ce n'était pas difficile de comprendre que cette carapace l'aidait et l'empoisonnait en même temps, un cercle vicieux impossible à combattre.

Le bouclé voulait aider son ami, mais il ne savait pas quoi faire. Il se contentait d'être là et d'essayer de lui apporter un peu de joie. Du moins c'était ce qu'il se disait, même si une petite voix dans sa tête ne cessait ne lui dire qu'il l'utilisait, il avait besoin de Valérian pour ne pas être seul.

Après tout, sans s'occuper du blond, ce dernier aurait perdu intérêt depuis longtemps déjà.

Léandre s'enfonça dans des pensées qui l'étouffaient de plus en plus, quand il sentit son téléphone vibrer dans sa main.

Sa tête se rattrapa de justesse à la réalité et son doigt déverrouilla l'écran pour lire le message.

« Ne panique pas pour mon visage. »

L'homme un peu frêle fronça les sourcils d'incompréhension, il releva la tête pour regarder autour de lui quand tout à coup il jeta un coup d'œil vers la porte et il comprit.

Valérian se tenait debout dans l'encadrement de la porte, un sourire un peu bête sur les lèvres alors que plusieurs bleus se dessinaient sur son visage et que des points de suture enfermaient son arcade sourcilière.

Ancolie et PétuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant