Son corps était lourd, ses paupières gonflées et son cœur serré. L'espoir que tout souvenir serait effacé au réveil avait été vain, tout lui revenait, le Dr Adams, sa crise de larmes, Tibério ayant été témoin de sa chute, de cette claque émotionnelle et finalement sa nuit chez le Mexicain.
Valérian demeurait toujours allongé dans ce lit, il pouvait sentir la chaleur qui émanait du corps de l'hispanique, il entendait son souffle lent, signe qu'il dormait encore.
Son regard était rivé vers le plafond, tandis que les images de la veille tournaient en boucle dans sa tête. Il pensait aussi à son frère, Valentin. Cela faisait un an qu'il n'avait pas pensé à son frère de cette façon. Il sentait une tristesse immense l'envahir, le clouer au lit et lui bloquer la respiration.
Il avait déjà dû faire le deuil de ses parents, et maintenant il devait repasser par-là, avec la perte de son frère qu'il avait mis tant de hargne à refouler la monstrueuse vérité.
Un mouvement à sa droite attira son attention. Sa tête pivota très légèrement pour venir poser son regard sur un visage endormi.
Les traits de Tibério était reposé, doux et calme. Il s'agissait du visage que Valérian avait appris à côtoyer de plus en plus, l'expression colérique qu'il avait longtemps associé au jeune homme lui paraissait bien loin maintenant. Il connaissait plus les attentions, la douceur et le calme que le Mexicain pouvait adopter. Le blond se souvint de la veille, de la façon avec laquelle Tibério avait pris soin de lui, son absence d'hésitation pour partie à sa suite et l'emmener loin du cabinet du psychologue.
Son regard glissa de ses paupières closes à son nez droite pour observer ensuite ses lèvres charnues légèrement ouvertes. Il apprécia cette vue, il se sentit un peu plus calme et détaché de la guerre qui faisait rage dans sa tête. Seulement, à un moment, son attention fut capturée par autre chose. Il vit l'avant-bras et la main droite de Tibério posée devant le visage du garçon, il portait un haut noir à manches longues, mais celle de son bras droit était légèrement relevée.
Valérian scruta avec plus de minutie le bout de peau qu'il n'avait jamais pu voir, et vit quelques fines lignes plus claires que sa peau halée. Des lignes longues et nombreuses qui pincèrent le cœur du jeune à lunettes.
Le garçon sentit qu'il était en train de franchir une limite, qu'il n'avait pas le droit d'être témoin de ça, que Tibério portait des vêtements longs pour que ce secret ne soit connu que de lui. Alors Valérian détourna le regard sans attendre, il se redressa doucement, sans geste brusque, puis il enfila ses lunettes. Il se leva sans faire de bruit, cherchant son pantalon du regard avant de le voir poser sur le dossier du fauteuil et l'enfila dans une discrétion immense pour laisser Tibério à sa nuit non terminée.
Le serveur ne mit pas longtemps à partir, fermant la porte derrière lui et disparaissant dans la matinée encore fraiche.
Peut-être qu'il aurait dû laisser un mot, pour remercier Tibério de son attention, de sa préoccupation. Mais Valérian ne le voulait pas, il ne pouvait pas encombrer le Mexicain par ses problèmes, alors que lui-même avait déjà les siens à s'occuper.
***
Valérian prit un taxi pour retourner en bas du cabinet de son psychologue pour récupérer sa voiture puis reprit la route en direction de sa maison.
Quand il arriva devant la porte d'entrée, il hésita.
En effet le jeune homme n'avait pas vu son frère depuis leur dernière prise de tête, la date anniversaire de la mort de leurs parents et de Valentin. Valérian n'avait pas remis de pied dans la maison quand Valon avait été présent. Il avait pu compter sur son oncle pour l'informer du départ de son jumeau, pour lui permettre de récupérer des affaires et il avait donc passé plusieurs nuits chez son ami Mathis.
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Ancolie et Pétunia
RomanceRésumé : Néant. C'était ce que Valérian vivait au quotidien. Il pourrait tout donner pour ressentir une quelconque émotion, de la joie, de la tristesse ou de la colère. Mais rien ne semblait fonctionner, même ses rendez-vous chez le psy. Il n'avait...