VINGT-QUATRE

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  Valérian n'avait pas revu Tibério depuis une semaine, pourtant les souvenirs de la soirée passée avec lui tournaient en boucle dans la tête blonde du garçon. Il n'arrivait pas à expliquer ce qu'il s'était réellement passé, comment il était passé de haïr le typé à maintenant être capable de passer toute une soirée avec lui sans se prendre la tête. Ce qui demeurait le plus étonnant était ce qu'il avait ressenti ce soir-là, depuis longtemps déjà Valérian n'avait plus rien ressenti, sauf un vide immense, pourtant sur cette moto il avait pu déceler des choses se rapprochant de la joie. Une semaine était passée, tout cela semblait être un rêve, comme si cela ne s'était jamais produit.

Les choses auraient pu se clarifier en voyant le rasé lors de la séance hebdomadaire, mais ce dernier ne s'était pas montré. Par conséquent les questionnements s'enchaînant et la désillusion se faisait de plus en plus persistante.

Le blond roula sur le côté, observant sa chaise de bureau sur laquelle se trouvait une montagne de vêtements à ranger, il laissa son regard trainer vers la fenêtre au store encore clos, laissant passer quelques traits de lumière.

Valérian n'était pas pressé par le temps, il était en jour de repos, un repos qu'il avait été forcé de prendre par son oncle. Ce jour-là n'était pas n'importe lequel et Valérian soupirait d'avance face à la dureté que cette journée annonçait.

Son corps se laissa emporter par son poids pour tourner sur le dos, le regard gris plaqué sur le plafond blanc abimé par endroit. Son doigt vint toucher sa boucle d'oreille avec mécanisme tandis qu'il se plongeait dans ses pensées, se remémorant les sensations que lui avait provoquées la moto. Or les images s'effacèrent brusquement quand on frappa à la porte et qu'une voix s'éleva derrière elle.

- Lève-toi, Herm nous attend en bas.

En réaction Valérian roula des yeux en soupirant encore une fois.

La voix de son frère s'était faite froide et sans sentiment, lasse et ennuyée. Les deux garçons n'avaient pas eu de vraie conversation depuis un bout de temps déjà, ne se supportant plus l'un l'autre. Ils vivaient certes sous le même toit, mais il devenait des étrangers plus le temps passaient. Si leurs parents les voyaient depuis l'au-delà, ils devaient être bien déçus de leurs comportements.

Le serveur balaya cette pensée loin de sa tête puis se redressa en accumulant le plus de courage possible en lui. Sa main attrapa les lunettes posées sur la table de chevet et les déposa sur les deux oreilles. Le jeune homme ouvrit rapidement les stores pour laisser la lumière vive pénétrer la pièce, le soleil brillant avec intensité dans le ciel, ses rayons venant caresser la peau blanche de l'homme. Ses paupières se fermèrent à cause de l'éblouissement dû à la forte luminosité, ses cheveux dorés s'illuminant légèrement.

Valérian observa par la fenêtre et vit quelques voisins discuter dehors, certains jetaient des coups d'œil à la maison, faisant des signes se voulant discret de la main en direction du portail rouge. Le garçon se sentit agacé et ouvrit la fenêtre en provoquant volontairement un léger fracas. Les voisins sursautèrent et levèrent la tête en direction de l'étage, là où se trouvait le jeune, puis rapidement ils s'éparpillèrent chacun chez soi.

C'était agaçant.

Ses pieds nus se détournèrent de la fenêtre pour se diriger vers la porte puis il se glissa à l'extérieur de sa chambre. Il tourna rapidement la tête vers une porte close, mais détourna rapidement le regard quand il sentit une boule de former dans sa gorge. Il descendit les escaliers tendit qu'une odeur agréable venait caresser ses narines, une légère musique résonna aussi provenant de la cuisine. Valérian tourna la tête à gauche en descendant la dernière marche, il aperçut son oncle dans la cuisine, une spatule à la main et des plats posés sur le plan de travail devant lui. Il semblait heureux et sourit davantage en voyant son neveu arriver.

Ancolie et PétuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant