Ancolie et Pétunia

QUATRE

  Le bruit du frottement du stylo sur le papier résonnait dans la pièce, accompagné par le son des voitures qui passaient dans la rue.

Valérian leva lentement les yeux vers le tableau représentant la femme sur son lit, puis tout à coup s'exclama à l'intention de son psychologue avec une réelle curiosité dans la voix et l'esprit.

- Est-ce des personnes ayant participées au programme ont vu des améliorations ? Je veux dire est-ce que ça leur a servi à quelque chose ?

Le Dr Adams posa son stylo sur son bureau, puis il jeta un coup d'œil vers le siège où était installé le blond. Le professionnel réfléchit quelques instants, puis s'adressa à son patient avec autant d'honnêteté qu'il le pouvait.

- Je ne vais pas te dire que seules les séances ont soigné des patients, mais elles ont participé grandement à leur rétablissement.

- Vous avez des cas concrets ?

- Tu sais que je ne peux pas parler de mes patients avec d'autres patients.

Valérian parut agacé de cette réponse et jeta un regard noir à l'homme aux cheveux bouclés. Puis il se frotta le menton avant de venir remonter ses lunettes plus haut sur son nez et d'enchaîner rapidement.

- Je ne demande pas leur nom ou quoi que ce soit, juste des preuves que je ne gâche pas entièrement mon temps en y allant.

- Le programme peut marcher pour certaines personnes et pas du tout pour d'autres. Te donner des exemples ne te garantira pas d'avoir le même résultat.

- Je sais très bien, je ne suis pas stupide. Mais je voudrais voir si ça a fonctionné pour quelqu'un, ou si tout ce processus n'est qu'un pur et simple échec. Alors un exemple s'il vous plait ?

Le Dr Adams passa ses doigts sous ses lunettes pour venir se frotter les yeux avec un certain agacement, il observa le visage de Valérian, comprenant que c'était peine perdue de faire oublier cette idée à son patient. Par conséquent il commença à réfléchir et donna une réponse.

- J'ai plusieurs réussites, avec d'autres en cours. Si tu veux un exemple j'avais un patient qui se trouvait un peu dans ton cas, avec une perte dans sa famille. La jeune femme avait perdu sa mère et sa grand-mère dans un incendie. Elle n'arrivait pas à accepter leur décès et elle souffrait d'isolement. Elle refusait de parler à qui que ce soit, même à moi.

Valérian pensa au fait que son psychologue était incompétent, au vu du nombre de ses patients qui refusaient de lui parler. Mais il retint cette remarque pour des raisons évidentes et continua d'écouter.

- Participer au programme lui a permis d'écouter d'autres personnes qui vivaient des difficultés, certains ayant vécu aussi des décès de proches. Au fur et à mesure de ses participations elle a pu se lier d'amitié avec une autre jeune fille. Elle s'est finalement ouverte, elle a pu parler de sa mère et sa grand-mère, et avec beaucoup de travail elle a fini par accepter leur perte.

- Elle a trouvé une amie, elle aurait pu le faire partout, le programme n'est pas forcément nécessaire.

- Elle avait des amies, mais personnes n'ayant vécu la même chose qu'elle. Elle ne se reconnaissait plus en les autres. Comment veux-tu qu'elle rencontre quelqu'un qui a vécu les mêmes choses quand elle se refermait sur elle-même ? Avec le programme le but est de discuter librement de ce qu'on a dans la tête, des peines, avec des personnes qui sont aptes à comprendre. Sans le programme elle aurait eu beaucoup plus de difficultés à trouver une personne déclic.

La bouche du jeune à la chevelure de blé s'ouvrit mais aucun son n'en sortit. Au contraire il prit un temps pour peser ses mots et au final il changea d'avis pour exprimer d'autres idées qui tournaient dans sa tête.