Chapitre 16

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Lorsque nous avons franchi la porte, laissant derrière nous notre réalité familière, nous nous sommes retrouvés au cœur d'une ville étrange et désolée. Les bâtiments semblaient fondre, leurs formes tordues créant une distorsion visuelle déroutante. Devant nous, une avenue pavée s'étirait, ses dalles usées témoignant du passage du temps. Et au loin, des créatures massives, mi-humaine mi-insecte, émergeaient des ombres.

Sophia et moi avons échangé un regard rapide. Nous étions habitués à ce genre de rencontres, mais quelque chose dans l'air laissait présager que cette mission ne serait pas comme les autres. Nous ne serions pas seuls. Mais accompagnés de Clémence Delauret et Alban Vesperovski, les membres de l'équipe 115.

Alors que nous nous engagions dans la mission, les différences entre nos deux équipes étaient palpables. Clémence et Alban arboraient une approche méthodique, respectant chaque règle du manuel à la lettre. Clémence, une femme au port altier, marchait d'un pas décidé, tandis qu'Alban suivait avec une précision militaire. Leurs échanges étaient empreints d'une communication efficace, basée sur des signes discrets et des codes bien établis. Pas un mot de trop, pas une action superflue. Ils portaient même l’uniforme, bien que dans les faits, ce n’était pas obligatoire. Nos visions des missions étaient relativement différentes.

L'une de ces créatures s'avançait, émettant un bourdonnement sinistre. C’était une masse difforme aux yeux luisants, engendrant une peur primitive tordant mes entrailles. Alban se plaça en position défensive, son arme déployée, prêt à agir selon le protocole établi. Clémence, quant à elle, analysait la créature avec une concentration intense, ses yeux étincelants d'une détermination froide.

Le combat éclata dès que la créature chargea, sa fureur nous prenant au dépourvu. Les membres de la 115 agirent avec une coordination impressionnante, leurs mouvements semblaient presque chorégraphiés, un ballet bien orchestré entre les ruines déformées, dans lequel chaque pas était minutieusement planifié. Mais nous ne faisions pas partie du spectacle, et les discordances entre nos deux approches apparurent rapidement. Ils exploitaient chaque ruine déformée comme une extension de leur stratégie. Pour eux, c’est comme si les bâtiments tordus étaient des alliés, offrant des opportunités d'attaque.

Alban tentait d'appliquer les directives du manuel du Parfait petit explorateur, ses mouvements prévisibles se heurtant à notre style plus libre. Avec Sophia, nous avions opté pour une approche plus intuitive, plus flexible, pour nous adapter rapidement aux imprévus. Notre collaboration reposait sur une compréhension tacite, une synchronisation forgée au fil des épreuves. Nous anticipions les actions de l'autre  sans même y penser. Chaque équipe suivait son propre rythme, et nos actions se télescopaient dangereusement.

Le danger grandissait à chaque seconde, la créature poursuivait ses attaques, inlassablement. Elle semblait également tirer avantage de l'environnement, utilisant les recoins sombres formés par l’assemblage surprenant  des bâtiments comme cachettes. Elle me paraissait d’autant plus redoutable, qu’elle semblait réfléchir, élaborer un plan suivant nos actions, exploitant nos hésitations et la confusion.

Et ce qui devait arriver arriva, en essayant d'esquiver une attaque, j'ai involontairement gêné un tir de Clémence, finissant avec un trou au milieu du bras. Et ça fait mal, Sophia m’a dit que ce n’était qu’une égratignure, mais ça se voit qu’on parle de mon bras et pas du sien. La confusion régnait, et la créature en profitait.

La bête, rapide et agile, défiait nos mouvements. Les ailes en perpétuel battement créaient un tumulte assourdissant et rendait nos attaques plus difficiles encore une fois qu'il s'était élevé du sol. Ses pattes, aussi tranchantes qu'une lame de couteau et aussi puissantes qu'une presse hydraulique à son maximum, menaçaient de nous infliger des coups dévastateurs. Tandis que je me débattais entre esquives et tentatives d'attaques, Clémence et Alban démontraient une précision remarquable, sans relâche. Leurs tirs précis ciblaient chaque point faible de la créature, chaque mouvement était calculé pour minimiser les risques. Leur discipline était indéniable, mais quelque chose manquait, une certaine spontanéité cruciale dans une situation aussi mouvante. Quant à nous, nous avancions et reculions en fonction des mouvements de la créature, exploitant chaque opportunité sans être entravés par des règles strictes.

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