Chapitre 15

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Cette salle me fout les jetons. Savoir que Maxwell écoute et épie nos moindre faits et gestes est effrayant. On a reçu un message avec Sophia nous demandant de venir pour “éclaircir certaines zones d’ombres” et bien évidemment, nous fournir une nouvelle mission. Mon premier réflexe : faire demi-tour et ne pas entrer dans cette pièce. Mais bon, le devoir nous appelle, ou ma curiosité, je ne sais pas trop. Pourtant, ce n’est pas Nina qui nous attendait, mais Maxwell, en personne, presque souriant, ce qui n'augure vraiment rien de bon. Comme quoi, la curiosité est vraiment un vilain défaut.

“Installez-vous, nous avons à parler” déclara Maxwell sur son ton glacial habituel, refroidissant l’atmosphère instantanément.

Sophia et moi échangions un regard perplexe tout en cherchant dans cette salle vide la présence réconfortante de Nina. Jamais Maxwell ne nous avait accordé d’entrevue, et j’aurais préféré qu’il en reste ainsi. Au moins la salle devait être surveillée, notre santé physique n’allait donc pas subir de conséquence.

“Bien, au cours de votre mission 358, vous avez eu affaire à des arbres qui ont presque réussi à vous étouffer avec la compacité de leur feuillage, alors qu’il en était absolument dépourvu quelques instants auparavant.”, commença-t-il, et ce devait déjà être la plus longue phrase qu’il n’ai jamais prononcé. “Certaines plantes développent des techniques afin de se protéger. Sous des températures trop élevées, il peut être nécessaire à la plante d’éviter que ses feuilles ne brûlent. En fonction des espèces, elles peuvent s’enrouler ou …”

“Hé Maxwell, pourquoi nous balancer une leçon de biologie ?” le coupa Sophia avec un cran dont je n’aurais jamais fait preuve dans ces conditions. Si c’était juste pour nous donner un cours, Nina aurait pu s’en charger, qu’est-ce qu’il cherche à faire ?

“Mais certainement, le docteur Galilei  m'a fait part de votre désir de mieux comprendre les mondes qui vous entourent. Avez-vous changé d’avis ? Vous préférez peut-être que nous passions à l’autre partie ?” répliqua Maxwell calmement, comme si Sophia ne l’avait pas apostrophé comme un malpropre.

“Comment ça ?” Je crois que ma panique dégoulinait sur mon visage. Nina lui aurait-elle parlé de nos découvertes ou de la fouille de son bureau ? Je ne peux pas y croire. D'un autre côté, elle a toujours dit rester loyale à Maxwell, mais tout de même, elle ne nous aurait pas trahi, si ?

“Ah oui, pardon, j’aurais peut-être dû commencer par là. Votre équipe travaillera donc maintenant avec la 115, elle ne compte que deux membres également, les explorateurs…” Il marqua une pause en trifouillant dans ses papiers. “ Voilà, Alban Vesperovski et Clémence Delauret. Ils vous attendent déjà devant votre prochaine mission”.

Il griffonna quelque chose dans son calepin avant d’en détacher la feuille et de nous la tendre, avec les coordonnées de la porte à fermer d’inscrit.

“Avant que j’oublie” ajouta-t-il, sans nous avoir adressé un seul regard jusqu’à présent, “vous trouverez d’autres fioles de fermeture sur votre gauche” Il se leva et partit sans un mot de plus, nous laissant en plan, sans comprendre ce qui venait de se passer.

Il était évident que cette réunion n’était qu’un prétexte, mais à quoi ? Il ne fait plus aucun doute qu’il est au courant d’au moins une partie de nos recherches, et là il nous assigne à une mission avec des inconnus. Sophia semblait tout aussi perplexe. Maxwell cherche-t-il à nous isoler ? Et puis, pour les missions, il est vital d’avoir une confiance absolue en ses partenaires. Je n’ai jamais rencontré cette équipe, mais ils ont une réputation qui les précèdent, ce sont des acharnés du protocole. Rassembler deux équipes et les envoyer sur le champ en exploration, c’est forcément une mauvaise idée.

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