Alors que Sophia et moi nous lancions à la poursuite de Maxwell, les mouvements de foules amplifiés par la panique ambiante, et la nuit plongeante abaissant son rideau sombre sur ce théâtre de l'horreur, nous obligèrent à avancer au hasard, perdant de vue le scientifique dans ce monde en décomposition.
Tentant de rompre le silence oppressant qui s’installait entre nous, je lui ai demandé : "Tu penses qu'Alexandre aussi va revenir ?", scrutant son visage en quête de réponses incertaines.
Elle détourna le regard. "Je ne sais pas, William, je l’espère. Mais cette fois, Maxwell semblait persuadé d’avoir une solution, un moyen de mettre fin à tout ça."
Nous savons tous les deux que Maxwell passe son temps à mentir.
" Tu te souviens lorsque nous avons été affectés à la même équipe de mission ?", lançai-je.
Elle rit. "C'était un désastre", elle marqua une pause, sûrement pour se souvenir de ce moment. "Entre toi, qui te la jouais sauveur de l'humanité au grand cœur, mais surtout aux chevilles surdimensionnées, et Alexandre qui refusait de partir en mission sans son porte-bonheur. Ce truc était vraiment dégoûtant d'ailleurs, j'ai des remontées rien qu'en y repensant."
"Sa fameuse balle rebondissante doudou", repris-je. C'est vrai que c'était un véritable nid à microbes. D'après Alexandre, elle était verte pomme à l’origine, et j'ai pris pour habitude de lui faire confiance, mais seul, je ne l'aurais jamais deviné. "Elle s'est quand même montrée utile finalement"
"Plus que tes grands discours c'est sur !"
Nous rions. D'un rire mélancolique, se répercutant sur les murs baignés de sang, en se remémorant ces souvenirs.
Ce jour-là, la mission qui nous avait été assignée, n'avait pas de difficultés particulières, alors nous en avons donc profité pour nous disputer, enfin surtout Sophia et moi, afin de déterminer qui serait le meilleur chef de groupe. Alexandre, lui, en a profité pour collecter différents échantillons et apprivoiser ce qui pourrait être un chien. Il voulait même le ramener chez lui. Mais le gentil toutou s'était révélé un poil plus tenace lorsque nous avons essayé de nous approcher de la porte pour sortir. Il s'était mis à grogner et montrer les dents, laissant échapper un liquide jaunâtre de sa gueule avant de finir sur le sol, qui crépitait à son contact. Rien de mieux qu'un chien enragé à la bave corrosive pour tester les capacités de notre nouvelle équipe. Sophia l'attaqua directement, et tandis qu'il esquivait ses flèches sans difficultés, l'animal se retrouva entre nous, et lorsqu'elle le cribla de nouveau de flèches, celle-ci manqua de peu de se retrouver dans mon épaule. Elle fut alors directement éliminée de la compétition au poste de chef d'équipe. Le chien, Gontran, tel qu'il avait été nommé par Alexandre en hommage à son grand-père, ne cessa pas pour autant ses manœuvres d'intimidation, hurlant à plein poumons. Il nous avait fallu plusieurs secondes pour comprendre ce qui se passait. Un tremblement de terre, et le jaillissement de toute une armée de Gontran sortant de terrier autour de nous, aboyant en réponse à son appel.
Je n'avais encore jamais eu peur des chiens, et encore moins de ceux de la taille d'un cahier grand format, mais toute une armée de caniches prêts à vous brûler à l'acide, ça change la donne. Sophia continuait de les attaquer, ce qui semblait les énerver davantage, tandis qu’Alexandre, dépité, se sentait trahi par son nouvel ami, massacrant tout de même Sophia du regard. Quant à moi, comme à mon habitude, je ne savais absolument pas comment réagir, ni quels auraient dû être mes actes face à une telle situation. A ce moment-là, Alexandre sortit de sa poche sa balle, pour se rassurer, et avoir quelque chose de palpable et réel dans ce cauchemar. Je ne me souviens plus vraiment ce qui m'était passé par la tête, mais je lui ai arraché sa balle gluante des mains pour la lancer aux chiens, espérant secrètement qu'ils réagiraient comme tels, et nous laisseraient assez de temps pour nous enfuir. A moins que je ne lui en voulait d'avoir choisi un ami si possessif, qui menaçait de nous tuer et que je ne cherchais qu'à me venger. Heureusement, nous nous placions dans le premier cas de figure. En sortant, Alexandre était si triste, à cause de sa balle ou de Gontran, ça je l'ignore, alors je lui avais offert mon paquet entamé de madeleines, qui fut alors partagé en trois.
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Dédale
Misterio / SuspensoQue feriez-vous si les portes s'ouvraient devant vous, dévoilant des mondes imprévisibles et dangereux ? Bienvenue dans l'univers créé par le docteur Henri Maxwell, un savant fou aux idées sinistres. Ce monde où chaque porte est une menace crachant...