Chapitre 19

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Le noir de la porte céda la place à une lumière crue, distordant ma vision à mesure que je sortais d'un monde dénué de toute logique. Un silence oppressant régnait. Et des cris déchirants résonnaient encore dans mes oreilles.

Arthur se tenait à mes côtés, ses épaules voûtées sous le poids des stigmates psychologiques infligés par l'horreur qu'il avait vécue. Ses yeux, des reflets de terreur innommable, fixaient un point invisible dans l'horizon. Mes mains tremblaient en le serrant contre moi. Les images issues de mes pires cauchemars semblaient se matérialiser devant moi. Je serrais fermement mon fils contre moi, comme si le simple fait de le lâcher pourrait le faire disparaître, tel une brume éphémère entre mes doigts. Je ne veux pas le perdre à nouveau.

Malgré la joie de l'avoir enfin retrouvé après 5 ans, et vivant qui plus est, je me surprenais à ressentir un sentiment de peur. Combien de temps cela va-t-il durer ? Vont-ils me le reprendre ? Les mots semblaient s'accrocher dans ma gorge. Une part de moi, malgré l'évidence de la cruauté de mes actes pour le revoir, espérait trouver un peu de réconfort dans son regard, dans son sourire.

Mon regard rencontra celui de William et Sophia, figés devant moi. Ils ne pouvaient détourner leur regard de la scène qui se déroulait. J'avais réussi à les éloigner, à les occuper assez longtemps, mais je n'avais pas prévu qu'ils soient déjà là. Et ce qu'ils avaient pris pour des affabulations d'un inventeur excentrique était juste devant eux. Pourtant, je ressentais leurs doutes, leur incertitude. Est-ce vraiment lui ?

Je repris ma respiration. "Le docteur Galilei a fouillé dans mon bureau, n'est-ce pas ? Et elle a trouvé les coordonnées qui vous ont menées ici."

Le morceau de bois dans ma main, une relique imprégnée d'une vérité impensable, contenait les clefs de la situation. Les doutes et les accusations planaient dans l'air, créant une atmosphère chargée d'émotions refoulées.

William, le regard brûlant d'intensité, pointa un doigt accusateur vers moi. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il d'une voix cinglante. Je pris une profonde inspiration, les yeux fixés sur le bout de bois. "C'est ma réalité."

Il répliqua, l'expression grave, à bout de force : "Vous nous devez des réponses, Maxwell."

- "J'ai retrouvé Arthur, alors, je vais enclencher le processus inverse du basculement, ça devrait fonctionner. Vous pouvez me faire confiance"

Sophia leva un sourcil, sceptique. "Confiance, en vous ? Vous avez laissé le monde entier se faire détruire, anéantir, vous nous avez laissé nous sacrifier inutilement, toutes ces missions n'ont servi que votre propre intérêt. Comment pourrions nous vous faire confiance après tout ce que vous avez fait ?"

William ne put s'empêcher d'ajouter avec un regard froid : "Et les autres alors ? Si lui, il est réel, alors les autres aussi ! On ne va pas se contenter de les laisser derrière nous. On doit les retrouver. Et même si on ne se souvient pas d'eux, ils ont le droit de vivre."

A quoi bon, s'ils n'existent même pas dans leur mémoire. Tout ce qui compte c'est qu'Arthur soit là, le reste, autant l'oublier.

La nuit ne faisait que commencer. L'inconnu qui se profilait devant nous était plus sombre que jamais. Soudain, un frisson glacial traversa l'atmosphère. Les échos lointains de violentes secousses nous atteignirent, provoquant une réaction nerveuse chez Arthur. Une lueur inquiète traversa ses yeux. Les portes semblaient se réveiller en une explosion de chaos. Encore une fois, les événements échappaient à mon contrôle.

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