Chapitre 2

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Avant l'arrivée de Docteur Galilei, j'étais assis dans la salle de repos avec Alexandre et Sophia, tentant de décompresser après notre mission. La pièce ressemblait plus à une salle de conférence, assez grande pouvant accueillir toutes les équipes d'exploration et les scientifiques du laboratoire en même temps, chose qui n'est jamais arrivée. Elle était meublée avec un luxe étrange pour un laboratoire. Des fauteuils en cuir noir, brillants comme des bijoux, encadraient des tables en U, chacune plus coûteuse que mon loyer annuel, le tout surmonté par une panoplie d'écran de surveillance montrant les attaques les plus récentes, comme si nous avions besoins de le voir en boucle. C'est beaucoup trop traumatisant pour qu'on puisse l'oublier. Depuis mon engagement dans l'équipe d'exploration, je crois que nous avons seulement eu affaire avec le docteur Nina Galilei qui est notre intermédiaire avec le docteur Henri Maxwell, que nous ne faisons que croiser sans qu'il ne nous adresse directement la parole, toujours en retrait face aux différentes situations.

Autour de nos tasses de café fumantes, la conversation dérivait peu à peu, essayant d'oublier pour quelques instants les dangers qui nous menaçaient.

Sophia, adoptant une posture décontractée mais attentive, fixa Alexandre avec amusement tandis qu'elle préparait de nouvelles flèches. "Alex, sérieusement, tu penses que ces créatures veulent simplement jouer avec nous ?"

Alexandre, le regard perdu dans ses pensées, répondit avec un sourire rêveur : "Eh bien, tu sais, peut-être qu'ils ne nous comprennent pas. Peut-être qu'ils nous voient comme des curiosités plutôt que des menaces."

Je levais les yeux au ciel. "Des curiosités ? Vraiment ?"

Sophia m'adressa un sourire taquin. "William, ton ami ici présent a des théories très... créatives."

Je ris. "Eh bien, si les monstres pensent que nous sommes des curiosités, peut-être que nous sommes les stars de leur émission interdimensionnelle."

Sophia me frappa doucement sur l'épaule. "Arrête de plaisanter, William. On a des problèmes sérieux à résoudre ici. Les portails ne vont pas se fermer tout seuls."

"Je sais, je sais", répondis-je en levant les mains en signe de reddition.

Sophia soupira, mais un sourire apparut sur son visage.

"Et toi, Sophia, tu es notre roc. Toujours sérieuse et prête à tout pour protéger l'équipe", commenta Alexandre, ignorant nos regards amusés.

Sophia lui lança un regard taquin. "Tu as raison, Alex. Quelqu'un doit garder les pieds sur terre dans cette équipe."

Alexandre, plus sérieux cette fois-ci, regarda autour de la salle de repos. "D'ailleurs, est-ce que personne ne trouve que le laboratoire de Maxwell est un peu trop... ostentatoire ? Je veux dire, on pourrait fermer des portails avec l'argent qu'il a dû dépenser là-dedans. Il y a bien une cinquantaine d'écrans et certains n'ont peut-être jamais été allumés."

Sophia, qui venait d'une famille modeste, hocha la tête. "Ouais, ça me rend malade, tout ce luxe. Je suis ici pour l'argent, pas pour les paillettes."

"Les paillettes ne vont pas fermer les portails, c'est sûr", ajoutai-je, avec un sourire entendu.

Nous partageons un rire collectif, conscient que l'arrivée imminente de Docteur Galilei allait nous ramener à la réalité sombre de notre mission interdimensionnelle.

L'entrée de Docteur Nina Galilei dans la salle de repos marqua le début d'une transition abrupte de notre atmosphère légère à une ambiance plus formelle. Elle était une femme de stature moyenne, avec des cheveux bruns soigneusement attachés en un chignon impeccable. Son regard, bien que chaleureux, portait la gravité de quelqu'un habitué à traiter des affaires sérieuses.

"Bonjour à tous", dit-elle d'une voix calme mais assurée, attirant l'attention de notre 'équipe.

Elle s'installa à la table principale, invitant implicitement chacun d'entre nous à faire de même. Alors que nous reprenions nos places, l'atmosphère de détente qui régnait quelques instants plus tôt avait disparu.

"J'ai parcouru vos rapports de mission", commença-t-elle, consultant une tablette électronique. "Il semble que la situation devienne de plus en plus critique. Les attaques des créatures augmentent en fréquence, et le nombre de portails non identifiés continue d'augmenter."

Sophia croisa les bras, une expression déterminée sur son visage. "On fait de notre mieux pour fermer ces portails, mais chaque mission est plus difficile que la précédente. Ces monstres ne sont pas là pour des câlins, croyez-moi." En disant cela, elle regardait Alexandre en souriant bien qu'il ne semblait pas comprendre l'allusion.

Nina acquiesça. "Je n'en doute pas. Mais nous devons comprendre l'origine de ces créatures et pourquoi elles traversent ces portails. Le docteur Maxwell travaille sur des théories, mais nous manquons d'informations concrètes."

Alexandre leva la main comme s'il était à l'école. "Docteur Galilei, pensez-vous que ces monstres ont un motif particulier pour venir dans notre réalité ?"

Elle fixa Alexandre avec un regard appréciateur. "C'est une possibilité que nous ne pouvons pas ignorer. Il pourrait y avoir une raison spécifique pour laquelle ces créatures sont attirées ici. Nous devons explorer toutes les pistes."

La discussion se poursuivit, mêlant des préoccupations pratiques sur la fermeture des portails aux spéculations plus larges sur la nature de ces monstres interdimensionnels. Chacun d'entre nous avait ses propres théories, mais une chose était claire : nous avions besoin de plus d'informations, et cela signifiait plus de missions, plus de portails à fermer, plus de rencontres avec l'inconnu et surtout découvrir les secrets de Maxwell qui en tant qu'inventeur de la première porte défectueuse, il en sait beaucoup plus que n'importe qui d'autres à ce sujet. Pendant que nous nous efforcions de donner les moindres détails de notre dernière mission et les échantillons que nous avions ramené, mes pensées divaguaient. Nina Galilei incarnait la figure d'autorité, mais son regard empreint de préoccupation révélait le fardeau qu'elle portait. Son rôle d'intermédiaire entre nous et le docteur Maxwell ne devait pas être une tâche facile. Je me demandais si elle avait elle aussi été exposée aux horreurs de l'autre côté des portails ou même en ville. Si elle partageait nos angoisses, ou si, perchée dans son bureau luxueux, elle restait éloignée des tourments que nous affrontions. Quant à Maxwell. Je me demandais quelle part d'information il retenait délibérément et quelles étaient ses véritables intentions. Sa présence en retrait, mais omniprésente, dans notre quotidien suscitait de nombreuses interrogations.

À la fin de la réunion, alors que nous nous levions pour retourner à nos tâches, je ne pus m'empêcher de jeter un regard à la salle de conférence fastueuse. Le contraste entre notre réalité quotidienne de danger et cette pièce riche en extravagance ne cessait de m'interpeller.

Même après avoir écoutés les théories qu'a bien voulu nous transmettre le laboratoire, nous n'étions pas plus avancé sur la question d'avenir possible Peut-être que dans l'ombre de ces portails, entre les rugissements des monstres et les éclats de combat, se cachait la clé pour restaurer notre monde à la normale. Ou peut-être étions-nous simplement les jouets d'une réalité capricieuse. Quoi qu'il en soit, nous étions prêts à affronter l'inconnu.

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