Mr. & Mrs. Spike (Tome II)

Mission 33 : T'imposer mon choix

Erik

Presque une semaine s'est écoulée depuis cette annonce qui a changé nos vies, et c'est à peine si je respire tant je souffre.

Mon ange s'est éloignée de moi, car elle porte en elle le fruit de notre amour. Calvin lui a donné une semaine de congés pour se reposer suite à l'explosion. Elle l'a passée collée à Scott, dans le canapé du pseudo-salon, à s'abrutir devant la télé. La nuit, c'est Scott qu'elle appelle pour venir la réconforter, pas moi. Parce que c'est moi qui l'ai mise enceinte, parce que c'est moi qui la force à faire face à sa relation tumultueuse avec sa mère à travers cette maternité non désirée.

Je passe une main dans mes cheveux et tire dessus. Je vais devenir fou. Ce qui aurait dû être une merveilleuse nouvelle s'est transformé en cauchemar. Nous aurions dû pleurer de joie dans les bras l'un de l'autre, nous taquiner au sujet des prénoms, fêter ce pas en avant par une partie de jambes en l'air torride. Au lieu de ça, cette grossesse semble sonner le début de la fin.

Même si j'ai compris il y a peu que l'idée d'être mère la terrorisait, je n'aurais jamais imaginé qu'elle rejetterait aussi violemment cette part des nous qui grandit en elle. Cette situation me tue.

Pendant des jours, je n'ai rien dit. J'ai accepté qu'Amanda prenne ses distances avec moi. Je l'ai laissée pleurer, se morfondre, se plaindre de cette vie de merde qu'elle a en partie à cause de moi. Je n'ai même pas défoncé Scott, qui passe son temps à la câliner à ma place. Alors que, putain, c'est vers moi qu'elle devrait se tourner ! Pas lui !

Aujourd'hui, je décide que j'ai suffisamment attendu.

Je m'oriente vers le salon, où je trouve une fois de plus Amanda enroulée dans un plaid, la tête sur les genoux de Scott. Les couleurs criardes de la télévision font ressortir son teint pâle. Ses yeux sont bouffis, cernés, mais même ainsi, elle reste sublime.

Je m'approche jusqu'à la plonger dans mon ombre. Elle ne réagit pas, comme si ma présence l'indifférait... ou comme si son esprit était ailleurs.

— Scott, va-t'en, lui ordonné-je sans cesser de fixer mon ange.

Elle lui envoie aussitôt un regard paniqué.

— Non, Scott, ne pars pas...

Elle n'a pas le temps de s'accrocher à lui qu'il enlève sa tête de ses genoux et se met debout.

— Désolé, trésor, mais tu dois parler avec lui, lui répond-il sans la moindre trace de remords.

J'avoue que j'ai du mal à le suivre. J'étais persuadé que l'opportuniste qu'il est en profiterait pour la faire revenir vers lui, mais savoir qu'elle se jette dans ses bras dès qu'elle va mal lui suffit, de toute évidence. Ce n'est pas moi, son pilier, son repère. Et si ça apaise son cœur, ça déchire le mien de le réaliser.

Il sera toujours là, tapi dans l'ombre de nos vies. Il sera comme une menace permanente sur notre bonheur. L'homme vers qui elle se ruera chaque fois qu'elle n'aura pas satisfaction parce qu'elle sait que, si je suis prêt à tout pour son bien, lui est prêt à tout pour elle tout court, aussi déraisonnable cela soit-il.

Dès qu'il quitte la pièce, je m'agenouille au pied du canapé tandis qu'Amanda se recroqueville devant moi. Je libère un soupir venu du plus profond de mes entrailles. C'est le moment de se lancer, j'ai intérêt à être convaincant. Je doute que j'aurai une seconde chance de parler avec elle de cette grossesse si je gâche la première.

Heureusement, j'ai eu plusieurs jours pour penser à ce que j'allais dire.

— J'ai compris que tu ne voulais pas parler de ce... bébé, commencé-je en utilisant le mot interdit. Du moins, pas avec moi. Et même si je n'en saisis pas très bien les raisons, j'ai besoin que tu saches que je suis là pour toi, Amanda. Quel que soit ton choix, je le respecterai, il ne nous séparera pas.