La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]

11. A la recherche de Rose

                                                                                               🔎

Point de vue d'Apollon

La nuit tombe tôt en cette saison et l'hôpital est enveloppé d'un manteau crépusculaire. Les réverbères projettent leurs ombres allongées sur sa façade. Je franchis les portes automatiques, une froide brise d'hiver s'engouffrant à ma suite. Le Bâtiment en impose, même vu de l'intérieur. Les murs immaculés renvoient une impression aseptisée. Un cadre austère, une étape supplémentaire dans ma recherche. Un autre hôpital parmi tant d'autres, suite d'une série de cases à cocher sur une liste qui ne semble jamais s'épuiser.

Je ne suis pas ici par hasard. Le hasard n'existe pas lorsque l'on est un dieu, vous l'aurez bien compris. Les messages allusifs des Moires m'ont guidé jusqu'ici. Je ne peux m'empêcher d'espérer à chaque fois. À chaque hôpital visité, l'espoir renaît. Et malheureusement, la déception aussi. Je sais qu'Euphrosyne est en vie. Je sais que je suis la bonne piste, et cela me conforte également. Clotho, Atropos et Lachésis m'ont clairement notifiés de suivre le serpent. Je dois donc orienter mes recherches dans des lieux liés à ma fonction. Et quoi de mieux qu'un hôpital ? Je vais donc la trouver, même si cela doit me mener dans chaque établissement médical existant sur cette planète.

Je sors de mes pensées en traversant le hall d'un pas déterminé.

L'ambiance du lieu m'est familière, comme une partition connue : le roulement des chariots et des lits médicaux, les bips incessants des moniteurs, et les conversations feutrées des infirmières qui s'entremêlent dans une mélodie complexe...

Je m'approche du comptoir d'accueil où une hôtesse m'attend. Son badge épinglé à son haut m'indique son prénom : Bénédicte. Elle redresse la tête en m'apercevant et me suit du regard. Je distingue dans son sourire poli une lueur difficile à dissimuler. Une forme intrigante d'admiration peut-être ? Le genre qui transparaît malgré la volonté de s'en cacher. En même temps, je me sais être d'une très grande beauté.

— Bonjour, puis-je vous aider ? m'accueille-t-elle avec un léger bégaiement.

Je lui offre un sourire éclatant en retour, essayant de conserver une expression détendue.

— Bonjour. J'ai rendez-vous avec le directeur pour le poste de médecin.

Un léger flottement saisit Bénédicte, mais elle se ressaisit rapidement.

— Oui, bien sûr. Nous vous attendions. Veuillez me suivre, dit-elle en passant derrière le comptoir. Le directeur est impatient de vous rencontrer.

Je la suis dans les méandres des couloirs illuminés de néons. La chaleur artificielle peine à dissiper la froideur vivace de l'extérieur.

— Asseyez-vous ici, me dit-elle en indiquant la salle d'attente vide. Le directeur est encore en réunion, il ne devrait pas en avoir pour plus de vingt minutes. Avez-vous besoin de quelque chose ? Un café par exemple ?

Je la surprends en train de déboutonner le col de sa chemise. Elle semble avoir des vapeurs.

— Non merci, c'est très aimable, réponds-je.