3. Le conseil des Dieux

80 19 70
                                    


Οὐδὲν γὰρ χρῆμα γίνεται οὐδὲ ἀπόλλυται, ἀλλ' ἀπὸ ἐόντων χρημάτων συμμίσγεταί τε καὶ διακρίνεται.*


Alors que les ténèbres se dissipent rapidement, la lumière reprend sa place dans la salle, laissant apparaître une véritable scène de désolation. Des gémissements de douleur me parviennent. Pourtant, tout me semble lointain. Comme si je n'étais plus vraiment là. À genoux, je suis anéanti. Mon monde, autrefois plein de couleurs, s'est effondré en un instant. Les heures passent, mais elles me semblent floues. Je suis incapable de quitter l'endroit où Euphrosyne a disparu. Je reste ainsi, répétant son surnom comme une litanie dans l'espoir de l'entendre me répondre à nouveau. Mes proches essayent de m'aider, en vain. Certains tentent de me relever, mais je retombe sans cesse, à bout de force. Peu à peu le monde extérieur disparaît, je n'entends même plus les blessés crier.

Apollon ? Apollon, il faut que tu lèves, on ne peut pas rester là, la salle menace de s'effondrer. Petit frère ? S'il te plaît reprends-toi...

La voix d'Artémis résonne dans ma tête me ramenant à la réalité. Mon regard trouve le sien, une peine immense se lit dans ses yeux. Accroupi à côté de moi, elle me murmure des paroles rassurantes que j'entends à présent. Soudain, Elle m'enlace, puis nous téléporter. Mon regard se pose sur le lit sur lequel deux cadeaux ont été déposés l'un à côté de l'autre. Des sanglots me reprennent. Je peine de plus en plus à respirer, j'ai l'impression d'étouffer tant la douleur m'oppresse.

Je sens qu'Artémis est de plus en plus inquiète.

— Asclépios s'il te plait aide-le ! implore-t-elle le dieu de la médecine qu'elle venait d'appeler.

Je le vois s'approcher de moi à travers mes larmes.

— Ça va aller mieux...

Une aiguille se plante dans mon bras. Peu à peu, je me sens plus léger. Mes yeux commencent à se fermer.

— Il va dormir quelques heures, cela lui fera du bien. Je repasse demain.

— Merci, répond-elle en chuchotant.

— Courage !

Il presse l'épaule d'Artémis avant de disparaitre, nous laissant seuls. Mes yeux commencent à se fermer. Ma sœur se met alors à réciter la berceuse que nous chantions avec notre mère. Et le noir m'engloutit.

La lumière du jour effleure doucement les prairies luxuriantes, dans une harmonieuse danse de teintes d'or et de vert. Au loin, des collines se profilent, et, à la lisière de ce paysage enchanteur, une rivière serpente paisiblement. Est-ce un rêve ?

Je me tiens là, dans ce monde onirique, baigné par la lumière crépusculaire d'un soleil éternel. J'envie bien trop souvent Hélios. Mais je ne peux que reconnaître que le royaume qu'il a su construire est aussi divin que le vantent les muses. Mon regard se perd dans l'horizon encore brumeux. Quand soudain, je sursaute et touche mon arc par réflexe. Une voix m'appelle et je me retourne intrigué, prêt à dégainer une flèche. Je n'ai informé personne de ma venue ici. Je ne suis même pas certain d'avoir le droit d'y être. Mais je voulais savoir si ce qu'on disait était vrai.

— Qui ose troubler ma solitude ? s'élève une voix espiègle et quelque peu moqueuse.

— Euphrosyne ? murmuré-je sans être certain de ce nom qui semble murmuré par le vent. Elle apparaît alors, ondulant à travers la prairie telle une brise légère. Ses pieds effleurent à peine le sol, et sa chevelure brille de mille reflets dorés sous le soleil. Elle est si belle que je ne parviens même plus à penser. Je me contente alors de la regarder. Mais en examinant plus précisément son visage, je suis frappé par son air contrarié. L'aurais-je mise de mauvaise humeur ?

La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant