7. Les électrochocs

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Point de vue d'Euphrosyne, période indéterminée


La lumière crue de la salle d'intervention éblouit mes yeux déjà accablés par la lueur vacillante des néons. Chaque coin de cet espace est imprégné de froideur, des murs nus aux outils métalliques étincelants prêts à être utilisés. Le froid transperce ma fine chemise de nuit et s'insinue jusque dans mes os. Allongée sur un lit, des lanières de cuirs me retiennent captive. Une machine neuve et massive a été disposée sur le chariot près de moi. Un manuel d'utilisation rempli de post-it, disposé à côté, attire mon regard.

Je frissonne. Qu'on en finisse. 


— 52, aujourd'hui nous allons vous aider à sortir de votre torpeur, déclare le psychiatre, sa voix se mêlant à l'écho menaçant de l'appareil de sismothérapie qu'il manipule avec une nonchalance sinistre.


La convulsivothérapie. C'est le joli nom que les médecins donnent à cette pratique qui me semble si barbare. Mais aujourd'hui est un jour particulier.


— Nous allons pouvoir tester ma nouvelle machine ! Une spECTrum dernier cri. Vous allez m'en dire des nouvelles ! renchérit-il tout exalté. 


Je tourne la tête pour l'observer. Il se tient à mes côtés. Cet homme à une stature qui en impose. Ses traits durs, sculptés par des années d'autorité, probablement jamais contestée, font de lui une caricature du médecin tout puissant. Celui qui joue de manière décomplexée avec la vie des autres. Chaque fois qu'il me regarde, ses yeux brillent d'un mélange déroutant de défi et de détermination.


— Ce n'est pas une punition, bien sûr, c'est une nécessité, ajoute-t-il d'un ton condescendant en ajustant ses lorgnons d'un geste méthodique. Nous devons faire quelque chose. Ce ne sera rien de plus que des décharges électriques que vous déclenchera l'appareil. Somme toute, de simples crises d'épilepsie. Il ne faut pas avoir peur. 


Je reste silencieuse et fixe à nouveau le plafond au-dessus de ma tête, les yeux rivés sur une fissure insignifiante qui zigzague. Elle apparaît comme l'unique refuge de mon esprit. Je me raccroche à elle pour fuir cette réalité insupportable. Je vais souffrir, je le sais. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve ici.


Des pas. L'un des infirmiers se rapproche et ajuste les électrodes sur mes tempes. Avec brutalité, il resserre ensuite les sangles au niveau de mes poignets, s'assurant ainsi que je ne puisse pas les arracher. Mes yeux se plissent légèrement sous l'effet de la douleur. 


— Mettez-lui ça dans la bouche, lui dit le psychiatre en lui tendant un outil de mastication. Il faudrait éviter qu'elle se morde la langue, ce serait contre productif. Veillez bien à le lui retirer après chaque crise afin que nous puissions constater le résultat.


De force, on m'ouvre la mâchoire. Un objet en silicone y est inséré immédiatement sans que je ne puisse contester. Avant d'appuyer sur le bouton orange de l'appareil. L'écran s'allume révélant trois graphiques totalement incompréhensible pour moi. Il charge ensuite l'appareil. Je ressens la tension qui règne dans la pièce, mais je me refuse à montrer mon angoisse et reste immobile.  Le courant est sur le point d'être déclenché. La machine vrombit doucement. Je me prépare mentalement. Tenir. Il me faut tenir. Le médecin s'approche, vérifie les branchements, puis prend place sur le tabouret à côté de moi visiblement satisfait.

La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant