18. Thalie

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Euphrosyne dort encore profondément, entourée des bras de Morphée. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux élimés de sa chambre, éclairant son visage d'une lumière chaude. Son souffle, paisible, est régulier et me confirme la profondeur de son sommeil. J'ai veillé à guérir chacune de ses blessures, notamment celle qu'elle avait à la tempe. Mais elle a perdu beaucoup de sang, et je ne peux rien faire pour y remédier. Maintenant, elle a besoin de repos, de temps et de recouvrer ses forces. J'effleure sa joue d'un geste tendre lorsque, perturbant la quiétude de la chambre, quelqu'un frappe à la porte.


Après avoir remonté la couverture sur Euphrosyne, je lui jette un dernier regard et sort de la chambre. La surprise marque soudain mon visage. Là, devant moi, se tient Thalie, l'une des sœurs de Rose. Elle me regarde pleine d'excitation et de bonheur, les yeux pétillants.

— Ça y est, tu l'as retrouvé ! Je le lis dans tes yeux ! elle est ici, n'est-ce pas ? Laisse-moi la voir, s'exclame-t-elle, l'impatience transparaissant dans sa voix tout en posant sa main sur la poignée de la chambre, prête à y pénétrer.


Doucement, je pose ma main sur la sienne, arrêtant son geste précipité.

— Oui, je l'ai retrouvé. Mais nous devons parler avant que tu ne la voies, la rassuré-je, m'efforçant d'être le plus doux possible.

— Apollon, j'attends depuis huit longues années ! s'énerve-t-elle soudain, son impatience se transformant en frustration. Tu as peut-être perdu ta femme, mais moi, c'est ma sœur et ma confidente que j'ai perdue ! conclue-t-elle les larmes aux yeux et la voix tremblante.


Je ferme les yeux, laissant s'échapper un soupir chargé de sympathie et de compassion.

— Thalie, je comprends ta douleur plus que tu ne peux l'imaginer. Mais n'ai-je pas toujours veillé au bien-être de Rose ?


La jeune femme rougit, trahissant une multitude d'émotions non exprimée. Dans ses yeux, je lis un conflit intime, une bataille entre son désir ardent de revoir sa sœur et la compréhension subite des risques que cela comporte. Elle baisse les yeux, sûrement pour que je ne puisse pas distinguer ses larmes y briller.

— Écoute... Elle dort en ce moment. Pourrions-nous parler d'abord ? Ensuite, je t'accompagnerai la voir. Tu sais ce qu'implique la malédiction. Au moindre faux-pas, en risquant de la brusquer, nous pourrions la faire sombrer à nouveau et la perdre pour toujours.


Les larmes redoublent sur ses joues, mais elle hoche la tête, me signalant qu'elle comprend les enjeux malgré son désir de retrouver sa sœur au plus vite.

— Très bien, dit-elle la voix tremblante, enfin raisonnable.


J'écarte alors ma main de la sienne et l'entraîne dans le jardin.

— Thalie... Prend le temps de bien regarder autour de nous. Sais-tu où nous nous trouvons ? Demandé-je tout en observant les alentours, le soleil matinale éveillant les couleurs et les arômes du jardin.


Pourtant, la seule chose qui transparaît véritablement est le sentiment de tristesse, comme imprégné dans chacune des pierres de l'édifice.

— Dans un hôpital psychiatrique. Mais Euphrosyne n'est pas folle, répond-elle défiant toute la logique de cet endroit.


La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant