19. Le secret du sous-sol

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Point de vu d'Apollon

Alors que nous pénétrons à l'intérieur de l'institut, un silence pesant nous enveloppe. Thalie marche à mes côtés et semble plongée dans ses pensées. Derrière les portes closes du hall, quelques chuchotements étouffés nous parviennent.

Soudain, par réflexe, je retiens ma respiration en apercevant à l'extrémité du couloir la silhouette svelte d'une femme. Avec son uniforme impeccable et son chignon dont aucune mèche ne dépasse, je ne peux que la reconnaître. Je la vois réajuster ses lunettes sur son nez, d'un air agacé.

— Thalie ne dit pas un mot, laisse-moi faire, lui dis-je par la pensée.

Je ne me retourne pas pour vérifier son accord et franchis les derniers mètres qui me séparent de l'intendante.

— Bonjour, Madame Marie, dis-je en m'efforçant de garder un ton poli et professionnel.

Elle incline la tête, suspicieuse. L'humanité n'est pas un mot qui semble la caractériser. Qui est-elle donc véritablement ?

— Apollon, je constate que vous avez de la visite aujourd'hui, observe-t-elle de sa voix tranchante. Vous savez que nous aimons être informés des visites externes dans notre établissement.

Je tourne la tête en direction de Thalie. Raide, son inexpérience des hôpitaux psychiatriques se voit comme le nez au milieu de la figure. Elle ne s'attendait vraisemblablement pas à faire face à autant d'autorité. Je ressens son angoisse et m'empresse de répondre pour détendre l'atmosphère.

— Oui, Madame. Thalie ici présente s'intéresse à un projet de recherche sur les approches thérapeutiques des patients. Elle évalue plusieurs instituts pour une étude comparative.

Madame Marie nous jauge, ses yeux perçants à la recherche de la moindre faille dans ma présentation.

— Bien, très bien. J'espère que vous trouverez votre étude enrichissante, mademoiselle. J'espère avoir vite un retour de votre travail. Et il serait dans votre intérêt que les résultats favorisent notre réputation. Je vous ai à l'œil, conclut-elle avec un brin de menace dans la voix avant de tourner les talons, poursuivant son inspection de routine.

Une fois hors de vue, je me détends perceptiblement. Mes épaules se relâchent. Thalie, encore sous le choc, me regarde éberluée.

— Elle irradie la froideur, murmure-t-elle alors.

— Oui, c'est une façade sur laquelle elle s'appuie pour maintenir l'ordre dans ce chaos ambiant. Mais ne t'y fie pas entièrement, elle a une bonne connaissance des rouages de cet endroit. Mieux vaut ne pas la contrarier, d'autant plus que je n'ai pas encore toutes les clefs me permettant de comprendre ce lieu.

Thalie hoche la tête, prenant note, résolue à ne pas se laisser intimider la fois prochaine. Nous passons devant la grande salle de repos, où quelques patients traînent, tentant avec un intérêt feint de se distraire en feuilletant des magazines désuets ou en observant le jardin par les fenêtres à barreaux.

C'est là que je l'aperçois. Pan. Assis dans un coin, il effleure distraitement les cordes d'une lyre qu'il a probablement fabriquée de ses propres mains avec des matériaux de fortune. Son regard, perdu dans le vide, semble traverser le temps pour revivre l'Arcadie sauvage qu'il chérissait tant. Je m'approche et m'accroupis à ses côtés.

— Pan, comment te sens-tu aujourd'hui ?

Il lève les yeux, et malgré le voile de souffrances passées, je discerne l'ombre de son éternel sourire espiègle.

La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant