Théodora
Le portail avait à peine disparu qu'Adrian s'était téléporté aux côtés de Bastien. Le regard doré de mon bel espagnol, sauvage et brutal, se riva aux miens tandis que d'un coup sec il brisait la nuque de cet enfoiré de gros porc. Le bruit du craquement de ses vertèbres fut un doux son à mes oreilles. Je ne pus m'empêcher de sourire face à une mise à mort aussi jouissive. Immédiatement, la douleur qui irradiait mon corps disparut. Je me relevai lentement, encore sonnée, et fixai la dépouille de ce fou qui venait d'être larguée au sol par Adrian. M'approchant timidement, je balançai un grand coup de pied dans son cadavre, histoire d'être sûre qu'il était bien crevé.
Après lui avoir craché dessus, je cherchai toute autre cible possible. Je balayai le hangar des yeux, à l'affut d'un garde qui aurait pu m'échapper ou d'un sorcier qui se serait invité à la petite sauterie. Mais contre toute attente, je croisai avec horreur le regard violet de mon père. Habillé d'une tenue militaire, armé et équipé d'un gilet pare-balles, il me fixa un instant, comme pour dire : Je suis désolé. Incapable d'agir, incapable de bouger, je l'observai, ébahie, grimper rapidement l'escalier en fer pour rejoindre son épouse.
— Papa ! hurlai-je, soudain à nouveau maître de mes cordes vocales.
Adrian fit volte-face dans la direction où je regardai et fixa le trio d'un air étonné.
— À ce que je vois, ton géniteur se place du bon côté lui aussi... grommela-t-il.
— Apparemment, murmurai-je, une douleur sourde vibrant dans mon cœur.
Ma mère, mon père, Damien... Ma famille. La seule que j'avais, même si elle n'était pas parfaite. Tous trois me fixaient depuis la coursive, devant un immense portail rouge sombre que venait de faire apparaitre Alexandrine.
Tout à coup une grosse giclée de sang fut projetée depuis là-haut et fonça droit dans notre direction. Je déployai mes ténèbres contre cette hémoglobine pour repousser lentement l'attaque de Damien tout en progressant vers lui. Je l'entendis rire à gorge déployée.
— Théo, tu n'es pas à la hauteur ! s'écria-t-il entre deux ricanements. Abandonne !
— Sale connard, descend donc me montrer à quel point tu es si supérieur ! hurlai-je, tout en constatant que ma fumée diminuait en intensité. Elle n'arriverait pas à progresser jusqu'à leur zone, malheureusement.
Sous mes yeux embués de larmes, mon père fut le premier à passer à travers le portail, sans un mot, sans un geste. Comme à son habitude : un lâche, à la botte de ma mère.
Damien fixa Adrian un sourire machiavélique sur le visage :
— Toi et moi, ce n'est pas fini mon grand, siffla-t-il.
— Quand tu veux ! tonna Adrian d'une voix grave et puissante, ses yeux lançant des éclairs.
Il tremblait de tout son être, furieux. De la fumée apparaissait lentement à travers ses gants noirs. Je le sentais sur le point de se téléporter à nouveau.
— Adrian non ! C'est trop dangereux ! soufflai-je.
Dans un sourire triomphant, Damien aussi passa l'immense étendue de sang tournoyante.
Adrian m'attrapa le bras, et nous fumes propulsés sur la coursive, face à mon horrible mère qui me scruta d'un air dédaigneux.
J'allais lancer ma fumée lorsqu'un sorcier débarqua du portail, se jetant sur moi et me faisant basculer au sol. Ma tête impacta douloureusement le bitume, m'arrachant un petit cri. Derrière lui, trois autres types venaient de franchir le passage à leur tour et se précipitèrent sur nous.
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LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞
ParanormalLes affranchis : Tome 2/3 Les affranchis sont plus soudés que jamais. En pleine préparation de la rébellion, l'un des piliers est enlevé. Baz risque la mort et Théo, qui tient bien trop à lui, ne le laissera jamais face au danger. Alors tous s'organ...